
Lors des Assises de la Mobilité qui se sont tenues en septembre dernier, l’Avere-France (l’association nationale pour le développement de la mobilité électrique) et le Gireve (groupement pour l’itinérance de la recharge des véhicules électriques) se sont associés pour dresser un état des lieux des réseaux de recharge pour véhicules électriques en France. Il en ressort que le développement des points de charge se poursuit de façon intensive sur le territoire national.
Sur un total de 7 242 stations, quelque 20 048 points de charge permettent aujourd’hui de brancher un véhicule électrique ou hybride rechargeable. Le réseau a progressé de 35,5...
Lors des Assises de la Mobilité qui se sont tenues en septembre dernier, l’Avere-France (l’association nationale pour le développement de la mobilité électrique) et le Gireve (groupement pour l’itinérance de la recharge des véhicules électriques) se sont associés pour dresser un état des lieux des réseaux de recharge pour véhicules électriques en France. Il en ressort que le développement des points de charge se poursuit de façon intensive sur le territoire national.
Sur un total de 7 242 stations, quelque 20 048 points de charge permettent aujourd’hui de brancher un véhicule électrique ou hybride rechargeable. Le réseau a progressé de 35,5 % par rapport à l’an passé (4 507 stations et 14 799 bornes enregistrées à fin 2016), tandis que le parc roulant est estimé à 115 000 véhicules électriques. Au réseau public il faut ajouter les points de charge privés à domicile et sur le lieu de travail des usagers, soit environ 106 000 bornes.
Un maillage toujours plus dense
Le maillage du territoire s’est densifié grâce au déploiement des réseaux des collectivités territoriales, financés en partie par l’État (Ademe), et à la multiplication des initiatives privées. Selon l’Avere-France, la répartition des bornes sur le territoire demeure toutefois inégale. Les régions les plus équipées sont l’Île-de-France (7 511 points de charge), l’Auvergne-Rhône-Alpes (1 961) et la Nouvelle-Aquitaine (1 888) : elles regroupent à elles seules plus de la moitié des stations de recharge (56,7 %).
Mais le réseau se renforce un peu partout dans l’Hexagone. Trois autres régions dépassent les 1 000 points de charge installés : l’Occitanie (1 474), la Bretagne (1 252) et la Normandie (1 178). Et des départements ruraux créent la surprise comme la Lozère qui s’offre la troisième place avec 82 bornes pour 100 000 habitants, derrière Paris (156) et les Hauts-de-Seine (102). « Grace au développement des réseaux de recharge ouverts à tous, le véhicule électrique devient accessible à un nombre toujours plus important de Français », se réjouit Marie Castelli, secrétaire générale de l’Avere-France. Mais il reste encore beaucoup à faire pour atteindre les objectifs ambitieux fixés par le ministre de la Transition écologique et solidaire Nicolas Hulot, à savoir la fin des véhicules émetteurs de gaz à effet de serre en 2040.
90 % des recharges relèvent du privé
Pour massifier le marché de l’électrique, il faut assurer à tous les usagers l’accès à une prise de recharge pour le quotidien, dans les lieux d’habitation ou de travail. Or 11 millions de foyers français ne possèdent pas de parking à domicile. Pour la filière électrique, l’infrastructure publique de bornes de recharge ne constitue donc qu’un maillon de la chaîne : elle ne représentera jamais que 10 % des usages. Dans 90 % des cas en effet, la recharge relève du domaine privé : elle se fait à domicile ou sur le lieu de travail.
Pour relever ce défi, il existe un programme de financement pour la recharge privée : Advenir. Cette prime, reconduite en 2018, est déterminante pour encourager ménages et entreprises à s’équiper en véhicules électriques. Elle couvre les coûts de fourniture et d’installation de points de charge à hauteur de 40 % pour les entreprises et les collectivités publiques, et de 50 % pour le résidentiel collectif.
En outre, Advenir s’inscrit en complément du crédit d’impôt de 30 % pour l’acquisition d’un système de charge pour les particuliers. Un argument qui peut être mis en avant par les entreprises pour encourager leurs salariés à passer à l’électrique. L’objectif de cette mesure est d’atteindre 12 000 points de charge privés supplémentaires pour véhicules électriques et hybrides rechargeables d’ici mi-2018.
Mais ces bornes personnelles ou professionnelles ont besoin de l’infrastructure publique pour se développer : la coexistence des deux réseaux reste cruciale pour le développement de l’électromobilité.

Deux fois plus de points de charge publics
La France, pays d’Europe qui compte le plus grand nombre de modèles électriques et hybrides rechargeables (150 000 au total) sur les routes, veut ainsi montrer l’exemple en matière d’infra-structure de recharge publique – l’Hexagone se positionnant juste derrière les Pays-Bas. Selon le Gireve, le parc de bornes publiques a déjà doublé sur le territoire. « Lorsqu’on a commencé le référencement en 2013, il n’y avait que 10 000 points de charge publics en France – hors bornes individuelles ou professionnelles. Quatre ans plus tard, on en compte deux fois plus », constate Vianney Devienne, directeur marketing et communication du Gireve.
Un sursaut dû essentiellement au rôle de l’État. Avec le Plan d’Investissement Avenir (PIA) pour la mobilité électrique en 2013, le gouvernement a débloqué, via l’Ademe, 50 millions d’euros d’aides pour l’achat et l’installation de points de charge au sein des collectivités locales et territoriales. Celles-ci recouvrent 60 % du parc de bornes publiques. Le service Autolib’ en Île-de-France en compte pour sa part 25 %, tandis que les 15 % restants appartiennent aux opérateurs privés, centres commerciaux (Auchan, Leclerc, Super U, Intermarché) et autres parkings ouverts au public.
« Le déploiement de l’infrastructure a vraiment commencé en 2016, une fois passée la période de latence des appels d’offres, et il se poursuit, précise Vianney Devienne. Grâce aux aides de l’État, on devrait déboucher sur 30 000 points de charge à plus ou moins courte échéance, soit 10 000 de plus. L’objectif à terme est de proposer un point de charge public pour dix véhicules électriques. »
La « réassurance » de la recharge
Cette volonté de développer les réseaux de recharge sur le territoire fait d’ailleurs partie des priorités du programme pour la « Nouvelle France Industrielle », lancé en 2014 sous le mandat de François Hollande. Le plan national « Bornes électriques de recharge », piloté par le préfet Francis Vuibert, prévoit de garantir une infrastructure disponible de manière équilibrée sur tout le territoire, avec notamment une borne tous les 60 km sur le réseau routier national.
Dans ce cadre, il s’agit de fournir aux usagers une offre de « réassurance » pour utiliser leur véhicule électrique sur de longs trajets. Les bornes ne sont alors pas employées pour effectuer des recharges complètes mais pour le « biberonnage », un moyen de récupérer de l’énergie en peu de temps pour répondre à des besoins ponctuels.
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Un réseau accessible à tous
Les autres enjeux pour le développement du réseau restent la compatibilité des bornes avec tous les véhicules et l’accessibilité du service à tous les usagers. Cette interopérabilité est inscrite dans le décret IRVE (infrastructure de recharge pour véhicule électrique) du 12 janvier 2017, qui a défini les obligations relatives à l’itinérance des véhicules électriques pour les stations accessibles au public.
« Désormais, tous les aménageurs de bornes publiques doivent permettre aux usagers, abonnés ou non, de se recharger à leur réseau, avec une carte ou en paiement simple. En clair, l’ensemble des bornes doit être interopérable », résume Marie Castelli pour l’Avere-France. À l’instar des cartes bancaires qui donnent accès à tous les distributeurs de billets, il convient d’organiser un accès simple à tous les réseaux hétérogènes et de mutualiser les services (localisation, réservation, paiement).
Ce chantier a été confié au Gireve en 2013, qui récupère en temps réel l’état de disponibilité des bornes auprès des réseaux et agrège les données. Devenue incontournable dans l’écosystème de la mobilité électrique, cette entité s’appuie sur une plate-forme d’interopérabilité BtoB unique pour connecter tous les acteurs entre eux : exploitants d’infrastructure et opérateurs de mobilité (constructeurs, gestionnaires de flotte et fournisseurs d’énergie).
L’interopérabilité au cœur de la stratégie
Sur son portail, le Gireve offre à ces différents acteurs de signer des accords d’itinérance d’un simple clic. Une fois l’accord établi, la plate-forme assure le transfert des données en temps réel. Un opérateur de mobilité peut donc suivre la recharge de ses abonnés, lesquels peuvent accéder à tous les réseaux de recharge avec un seul contrat.
Aujourd’hui, 70 % du réseau de bornes électrique est ouvert à l’interopérabilité. Et certains constructeurs comme Renault fournissent déjà à leurs clients conducteurs de Zoé ou de Kangoo Z.E. une carte donnant accès à l’ensemble du réseau – à l’image d’un pass Navigo, la carte unique pour les transports en Île-de-France. L’électrique est en marche.
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