
Depuis le 12 janvier 2017, la réglementation relative aux IRVE impose que toutes les bornes ouvertes au public soient « connectées », c’est-à-dire dotées d’un système de supervision. Sont concernés les collectivités territoriales en qualité de service public, les centres commerciaux et tous les établissements recevant du public (ERP), dont les hôtels et restaurants.
Selon l’Avere-France, il y avait 82 107 points de charge ouverts au public en France à fin décembre 2022, un chiffre en hausse de 53 % par rapport à l’année précédente. Mais ce type d’installation ne répond qu’à une part minime des besoins de recharge : environ 90 % des usagers...
Depuis le 12 janvier 2017, la réglementation relative aux IRVE impose que toutes les bornes ouvertes au public soient « connectées », c’est-à-dire dotées d’un système de supervision. Sont concernés les collectivités territoriales en qualité de service public, les centres commerciaux et tous les établissements recevant du public (ERP), dont les hôtels et restaurants.
Selon l’Avere-France, il y avait 82 107 points de charge ouverts au public en France à fin décembre 2022, un chiffre en hausse de 53 % par rapport à l’année précédente. Mais ce type d’installation ne répond qu’à une part minime des besoins de recharge : environ 90 % des usagers de véhicules électriques font le plein d’électrons sur des bornes privatives, à leur domicile ou sur leur lieu de travail. Or, la supervision s’applique aussi aux IRVE privées.
Gérer les données et l’énergie
« Nos clients ont deux grandes attentes : la gestion des données et celle de l’énergie », constate Éric Gaigneux, P-DG de Ze-Watt, fabricant toulousain de bornes et spécialiste de la recharge des véhicules électriques en entreprise. Or, gérer les données d’usage des recharges n’est possible qu’avec un outil de supervision qui peut piloter les consommations, ajuster les puissances, etc. En revanche, gérer l’énergie consiste plus à s’adapter à l’état du réseau et, entre autres, au signal Eco-Watt de RTE, qui indique des plages d’utilisation verte, orange ou rouge, mais aussi à caler les recharges en fonction des heures creuses ou pleines. Quant aux gestionnaires de flotte, ils ont surtout besoin d’une bonne visibilité de leurs parcs d’IRVE.
Des bornes connectées à un logiciel superviseur peuvent être gérées à distance par le conducteur, l’opérateur de recharge ou le gestionnaire de parc. Ce qui représente un moyen d’assurer et de sécuriser l’accès aux bornes dans les flottes d’entreprise, aux domiciles des salariés ou dans les immeubles en copropriété. Grâce à la supervision, les exploitants peuvent définir des usages spécifiques et choisir d’ouvrir leurs bornes au public ou d’en réserver l’usage aux seuls salariés ou résidents. Ils peuvent aussi définir la tarification en fonction du type d’usager : employés, visiteurs ou grand public. Outre la gestion des accès aux bornes publiques ou privées, la supervision permet de définir la facturation de l’énergie et les moyens de paiement avec les systèmes monétiques existants : badges RFID, porte-clés numériques, QR codes, applications mobiles ou cartes bancaires.
Piloter la recharge
Depuis la plate-forme web, on peut encore piloter à distance le démarrage et l’arrêt de la recharge, effectuer une opération de maintenance ou collecter des données d’utilisation pour améliorer la productivité de sa flotte. En général, l’outil de supervision est paramétré par l’opérateur de recharge pour répondre aux besoins de l’entreprise ou du gestionnaire de parc si celui-ci n’est pas aussi l’opérateur de recharge.
« La gestion des stations de recharge comporte trois fonctionnalités de base », résume Alexander Schabert, Senior Director pour l’opérateur d’IRVE ChargePoint. D’abord, la gestion des capacités opérationnelles, c’est-à-dire la possibilité de réinitialiser les stations de charge à distance, ce qui résoudrait 80 % des problèmes généraux.
Trois fonctionnalités de base
« Cela signifie aussi une bonne compréhension du statut en temps réel des stations de recharge (disponibles, en cours d’utilisation, problème, hors ligne, etc.) et une gestion pertinente des statistiques de consommation par profil d’utilisation, poursuit Alexander Schabert. Ensuite, la maintenance fournit un état de santé constant de l’infrastructure de recharge, avec la capacité de prévoir les pannes et de les prévenir par l’analyse des données. Avec aussi une utilisation efficace des statistiques sur les temps de fonctionnement et d’arrêt des unités. Enfin, la gestion de l’alimentation de la charge contribue à réduire les besoins en énergie en période de pointe par un équilibrage actif de la charge », conclut Alexander Schabert.
Dans tous les cas, « une solution de supervision fait bénéficier d’une visibilité complète, centralisée et en temps réel de l’ensemble des bornes installées. Elle repose sur une technologie de pointe pour visualiser, lors de chaque session de recharge, les données afférentes à l’utilisation des bornes », explique le spécialiste de la recharge ChargeGuru.
Si elle n’est pas obligatoire sur les IRVE privées, la supervision s’impose dans les flottes de véhicules électriques en entreprise comme une solution incontournable, à la fois pratique et économique. Pratique parce qu’elle gère plusieurs points de charge avec un seul outil accessible via une adresse internet. Le gestionnaire de parc ou l’opérateur de recharge reçoit en temps réel des informations sur la disponibilité des bornes et peut alors gérer le roulement des conducteurs.
Des avantages pratiques et économiques
Grâce à la remontée des données d’utilisation, ce responsable peut suivre les consommations et l’historique des sessions de recharge afin d’obtenir des analyses statistiques sur l’utilisation des bornes. La plate-forme offre en plus de procéder automatiquement à des mises à jour du système et de réaliser des opérations de maintenance à distance, avec un système d’alerte en temps réel. De quoi allonger la durée de vie des bornes. Lesquelles peuvent aussi être géolocalisées sur le site de l’entreprise via la plate-forme et sur les cartes des opérateurs de mobilité tiers lorsque la borne est interopérable.
L’installation d’un logiciel de supervision contribue aussi à rentabiliser une IRVE. D’abord parce que ce logiciel a constitué une condition requise pour obtenir la prime Advenir afin de financer l’investissement. Mais cette prime ne couvre pratiquement plus les flottes d’entreprise depuis le 1er janvier 2023.
Rentabiliser l’investissement
Ensuite, parce que les bornes supervisées deviennent payantes et génèrent des revenus réguliers. De son côté, l’entreprise peut fixer librement ses tarifs pour les sessions de recharge, selon les politiques tarifaires définies au kWh ou au temps passé sur la borne, ou les deux à la fois.
« Les logiciels de gestion de flotte sont essentiels pour une exploitation efficace, résume Alexander Schabert pour ChargePoint. La plupart des opérateurs de flotte sont déjà familiarisés avec les outils de planification. Avec à la fois des véhicules et des chargeurs qui doivent être surveillés, une opération centralisée devient nécessaire avec des outils informatiques capables d’échanger des données. Les opérateurs peuvent ainsi gérer facilement l’énergie, améliorer l’accessibilité des points de charge et recourir à des processus de charge intelligents pour exploiter pleinement l’infrastructure existante. Cela tout en minimisant les coûts et en augmentant le temps passé par les véhicules sur la route », ajoute Alexander Schabert.
Du benchmark, du V2G…
Plus avant, les prestataires spécialistes des IRVE misent sur d’autres fonctionnalités liées à la supervision. Par exemple en termes de benchmark : « Grâce à l’intelligence artificielle de notre système en back office, nous exploitons les données de consommation et de recharge de tous les collaborateurs pour en déduire des modèles d’usage du véhicule électrique. En les croisant avec d’autres bases de données, nous pouvons tirer des enseignements pratiques et en faire bénéficier nos clients afin de les aider à mieux piloter leurs recharges », complète Lilian Birocheau, directeur général de ChargeGuru.
Plus avant encore, la supervision s’insère aussi dans les systèmes de V2G (vehicle to grid), c’est-à-dire les échanges d’énergie entre les véhicules et le réseau – un dispositif encore bien souvent expérimental. « Grâce à la supervision, nous pourrons développer de nouvelles fonctionnalités sur nos bornes, comme cette recharge bi-directionnelle V2G », illustre Maxime Dupas, en charge du développement commercial des IRVE en France chez Total-Energies. On pourra alors employer l’énergie contenue dans les batteries des véhicules pour alimenter un site ou une maison. Les véhicules rechargés à plus de 90 % peuvent en effet servir de source d’énergie supplémentaire pour faire face à un pic de consommation, comme en fin de journée.
… et de nouveaux standards
Enfin, la supervision sert aussi à déployer de nouveaux standards d’utilisation des bornes, comme le système de recharge Plug&Charge amené à se généraliser en Europe. Le principe : la borne identifie le véhicule qui se branche et lance la charge automatiquement, sans passer par une procédure manuelle de paiement. Un tel système, rendu possible grâce à la supervision, existe déjà dans les réseaux Ionity et Tesla. TotalEnergies l’expérimente actuellement dans certaines de ses stations autoroutières pilotes.
Dossier IRVE : la supervision s’impose dans les flottes
- IRVE : la supervision s’impose dans les flottes
- Supervision : la recharge sous contrôle
- IRVE : TotalEnergies à la manœuvre
- Recharge : les AEN en question
- Le point sur la prime Advenir