
Au début des années 2000, le terme d’éco-conduite était encore peu répandu. En 2003, chez JCDecaux, la formation des salariés à un mode plus économique de conduite a été baptisée « Or noir ». Elle s’adressait alors à environ 2 000 salariés, et a été menée sur une période de trois mois. « Elle a été dispensée par une équipe au préalable formée en interne, retrace Mathieu Charpentier, actuel directeur de la flotte du groupe. Ses responsables sont partis dans les régions de France pour des sessions de formation qui ont duré d’une journée à une semaine. »
Une formation à plusieurs temps
Au menu de ces formations d’une heure : une partie théorique...
Au début des années 2000, le terme d’éco-conduite était encore peu répandu. En 2003, chez JCDecaux, la formation des salariés à un mode plus économique de conduite a été baptisée « Or noir ». Elle s’adressait alors à environ 2 000 salariés, et a été menée sur une période de trois mois. « Elle a été dispensée par une équipe au préalable formée en interne, retrace Mathieu Charpentier, actuel directeur de la flotte du groupe. Ses responsables sont partis dans les régions de France pour des sessions de formation qui ont duré d’une journée à une semaine. »
Une formation à plusieurs temps
Au menu de ces formations d’une heure : une partie théorique et une partie pratique de mise en application des enseignements. La partie théorique comportait une vingtaine de questions sur l’entreprise et les comportements routiers. Elle était suivie d’échanges sur plusieurs informations d’ordre technique qui peuvent influer sur la consommation de carburant.
« On portait à la connaissance des conducteurs des notions simples, certaines dont ils ne pensaient pas qu’elles avaient une incidence si importante sur la consommation. Ainsi, le fait de rouler à 145 km/h sur l’autoroute, au lieu de 130 km/h, implique une augmentation de la consommation de 20 %. En ville, lorsqu’on roule à 45 km/h et que l’on passe le rapport supérieur au lieu de rester en deuxième, ce sont plus de 2 l/100 km qui peuvent être économisés », détaille le directeur de la flotte.
Venait ensuite la traditionnelle formation sur route, en circuit urbain, au cours de laquelle le conducteur était d’abord laissé libre de conduire ; au cours du second trajet, il suivait les conseils qui lui avaient été donnés pour faire reculer sa consommation. « Sur 90 % de la population, des écarts étaient constatés systématiquement. Entre les conducteurs, on notait des économies de l’ordre de 20 à 30 % », rappelle Mathieu Charpentier.
Chez JCDecaux, c’est le suivi régulier qui a ensuite rempli le rôle des piqûres de rappel indispensables pour les salariés. « L’entreprise suit tous les mois les consommations. Nous avons des remontées d’information par le biais des cartes carburant. Chaque collaborateur possède une carte personnelle. On peut donc savoir combien il consomme et comment son comportement et sa consommation évoluent. »
Ce contrôle s’est longtemps pratiqué sur la base de la consultation des consommations des conducteurs pour constater leurs dérives éventuelles. « Nous comparons sur la base du rapport entre kilométrage et litrage. Nous comparons ensuite le résultat sur des populations identiques : pour des véhicules similaires, des chargements équivalents, des conditions de roulage et des métiers semblables », indique le responsable.
Depuis peu, la connaissance des comportements de conduite s’est améliorée grâce à la télématique embarquée. Les remontées d’informations sont pour l’instant disponibles uniquement sur les utilitaires. « Nous pouvons être très fins sur la connaissance du comportement : la manière d’accélérer dans telle ou telle situation, le régime moteur, le maintien d’une vitesse, etc. Et nous pouvons rapidement corriger les défauts constatés. »
La télématique pour affiner les données
Jusqu’ici pourtant, parmi l’étendue des informations consultables, les seules qui servent de base sont les accélérations avant le passage du rapport supérieur et la vitesse maximale tenue.
« À l’origine, l’outil a été mis en place pour l’optimisation des tournées, souligne Mathieu Charpentier. Nous en tirons aujourd’hui les premiers bénéfices pour le suivi de conduite. Dès l’implantation de cet outil, nous avions décelé qu’il serait très parlant par rapport aux formations que nous pourrions dispenser. Mais dans six mois ou un an, nous aurons peut-être un autre regard sur les données collectées et nous en tirerons d’autres bénéfices. »
Les outils de suivi de la conduite évoluent, comme ceux de la formation. Une seconde vague de formations a eu lieu en 2013. Si les sessions étaient similaires à celles de la campagne précédente, le message porté différait. « Plutôt que de donner des recommandations, cette session a été l’occasion de définir des restrictions de conduite sur la vitesse et sur certains comportements », indique le responsable.

Le directeur de la flotte au premier rang
Il a par exemple été demandé aux conducteurs de rouler systématiquement 10 km/h en dessous de la vitesse réglementaire. « À l’époque, quand le périphérique était encore à 80, nous demandions déjà aux collaborateurs de rouler à 70. Sur les nationales, nous demandons de rouler à 80 ou à 100 », note Mathieu Charpentier. Autre changement dans le modèle des formations, ces dernières ont été dispensées par le directeur de la flotte à un nombre restreint de collaborateurs dans un premier temps. Ces salariés sont ensuite devenus formateurs locaux. Les formations initiales qu’ils dispensent peuvent être suivies de piqûres de rappel, parfois ciblées sur des conducteurs dont la direction de la flotte constate les dérives. « Les rappels sur la conduite sont plus fréquents. Et personne n’est laissé sans formation, en particulier pour les nouveaux arrivants », relève le directeur de la flotte.
Et désormais, si des dérives perdurent, c’est le directeur de la flotte qui se déplace pour prendre le relais du formateur local. « La forme reste identique mais l’accent est mis sur les problèmes de conduite spécifiques au collaborateur. Et quand le message est porté par le directeur de la flotte, la réception est différente », pointe Mathieu Charpentier. Cette politique de formation sur le long terme a eu des conséquences sur la consommation. « En 2003, l’impact de la formation s’est traduit par une baisse de l’ordre de 10 %. Pour la session de 2013, l’impact a été moins important, les conducteurs étaient déjà formés. Mais la réduction de la vitesse notamment a contribué à diminuer encore de 7 % la consommation, même s’il y avait eu une petite tendance à la hausse entre les deux sessions. »
Le downsizing par l’exemple

Pour ses véhicules, JCDecaux met en pratique le downsizing. « Il s’est imposé à nous avec l’offre des constructeurs, observe Mathieu Charpentier, mais nous privilégions aussi les modèles plus économiques. » Et de citer la Série 2 de BMW : « Quand elle est sortie en 218d avec un moteur de 150 ch, nous ne l’avons pas intégrée au catalogue tout de suite, nous avons attendu la version avec le moteur 1.5 l. De même pour d’autres modèles : avec la Série 3, nous avons préféré le 163 ch EfficientDynamics plutôt que le 320d classique de 190 ch. Nous avons choisi les gammes Ultra chez Audi, BlueMotion chez Volkswagen, avec des motorisations identiques mais des efficiences plus élevées. »
De l’éco-conduite aux véhicules verts
Si le spécialiste du mobilier urbain a été pionnier dans l’éco-conduite, cette dernière trouve un relais dans la car policy (voir l’encadré ci-dessus). Mais surtout, JCDecaux a intégré des véhicules hybrides et électriques. « Nous avons six catégories dans la car policy, décrit Mathieu Charpentier. Depuis cette année, nous avons inclus une offre hybride dans chaque catégorie. Nous ne l’avions seulement que dans certaines catégories auparavant. Nous avons aussi des modèle 100 % électriques et des véhicules GNV. »
Dès la première année, les hybrides, principalement les Auris, ont rencontré un écho favorable auprès des salariés. « Nous proposons divers hybrides tels que le Toyota RAV4, le Lexus NX et la Passat GTE », énumère Mathieu Charpentier.
Du côté des véhicules électriques, l’offre reste plus limitée. « Pour y recourir, il faudrait que chaque conducteur puisse avoir accès à une prise de courant. Cela n’est réalisable qu’avec une maison et avec cette possibilité de recharger chez soi, justifie le responsable. Mais des membres de la direction roulent en électrique et en hybride. »
Les modèles électriques sont jusqu’ici principalement employés comme véhicules de service, « pour les métiers de l’exploitation et pour un certain nombre de métiers bien définis et intra-muros. Nous avons 36 véhicules électriques qui tournent dans Paris pour les activités du groupe : Vélib’ pour l’entretien des stations de vélos, et JCDecaux pour la maintenance des sanitaires parisiens. Ce sont des modèles de type Ligier et Goupil qui permettent d’accéder plus facilement aux trottoirs ou aux parcs où se situent nos mobiliers. »
Anticiper les restrictions de circulation
Le choix des véhicules propres est également porté par l’activité de JCDecaux, principalement urbaine. L’afficheur doit nécessairement anticiper les restrictions d’accès aux centres des agglomérations où il travaille : « Nous utilisons des Fiat Ducato en GNV pour les activités d’affichage ou d’entretien ; une vingtaine tourne sur des villes comme Strasbourg qui restreignent la circulation des véhicules polluants », détaille le responsable.
L’anticipation : une nécessité pour adapter la car policy aux politiques récentes des villes et une constante dans la gestion de flotte de JCDecaux depuis le début des années 2000.
La flotte de JCDecaux en chiffres
2 200 immatriculations ainsi réparties :
• 500 véhicules particuliers en LLD
• 120 véhicules de société en LLD
• 1 300 utilitaires en LLD
• 55 chariots en LLD
• 10 poids lourds en LLD
• 110 poids lourds en propriété (camions porteurs
et remorques, tracteurs et semi, camions bras grue, nacelles)
• 100 utilitaires en propriété (véhicules spéciaux,
mairies mobiles, fléchage temporaire)
• 5 engins en propriété (tracteurs, tondeuses)