Jean Ménétrier, Assystem : « Le TCO n’est pas le critère central de la car policy »

Jean Ménétrier est directeur achats et immobilier chez Assystem.

« Une fois par an, au premier trimestre, nous revoyons la car policy en tenant compte de l’évolution des gammes constructeurs et de la fiscalité. Le TCO théorique sert alors à comparer les véhicules en regard des plafonds de la car policy. Mais le TCO n’est pas le critère central de la car policy : nous prédéterminons les modèles avec des niveaux d’équipements ; ensuite seulement nous nous assurons qu’ils entrent dans la car policy. Pour comparer des loueurs ou des véhicules, nous nous servons du TCO, pour un même couple durée/km sur la base des grilles de flexibilité. Cela conforte ou infirme notre choix lors de l’élaboration de la car policy.

Dans le TCO, nous intégrons un maximum d’éléments pour être le plus précis possible : loyer financier, services souscrits auprès du loueur (entretien, maintenance et pneus), assurance. Nous réalisons une estimation de la consommation sur la base des données constructeur – le seul référentiel existant. Nous nous appuyons aussi sur une étude menée il y a quelques années pour appliquer un coefficient correcteur en fonction du constructeur. Enfin, nous ajoutons les éléments liés à la fiscalité : bonus-malus et TVS, ainsi que les AEN et les AND si le véhicule dépasse le plafond. Cela fait trois ans que nous travaillons sur cette base pour calculer le TCO. Avant, nous n’intégrions pas les AEN. Nous le faisons aujourd’hui parce que le plafond des véhicules a peu bougé tandis que les prix ont augmenté.

L’objectif est de réduire globalement le coût de la flotte. Grâce à un reporting mensuel, nous connaissons exactement ce coût mais nous ne le traduisons pas en TCO par véhicule : il faudrait alors que nous calculions autant de TCO que de lois de roulage. Nous pourrions potentiellement le faire à l’avenir, avec l’évolution des technologies, si des éléments robotisent la remontée des données. Notamment, nous aimerions connaître la consommation réelle liée au kilométrage ; actuellement, la marge d’erreur est de 20 %. Si demain, à travers la télématique embarquée par exemple, nous obtenons une information fiable, nous pourrions l’intégrer à nos calculs.

Enfin, sur le sujet diesel-essence, nous sommes plutôt proactifs. Avec certains modèles, nous sommes déjà passés à l’essence dans la car policy. Le juge de paix demeure toutefois la partie économique alors que la récupération de seulement 10 % de la TVA pour 2017 reste un frein. Dès la troisième ou quatrième année de rééquilibrage, nous migrerons sans doute les véhicules vers des motorisations essence », prévoit Jean Ménétrier.

Pour ce dernier, l’anticipation de la migration vers l’essence appartient aux loueurs : « Ils vont augmenter les prix des diesel et a contrario les loyers des véhicules essence vont baisser. Pour ma part, j’anticipe cette évolution à partir de la troisième année ; elle devrait se faire naturellement. Comme nous sommes plutôt pro-essence, cela ne nous pose pas de problème. Nos contrats de location sont souples, avec des grilles de flexibilité : pour nous, il n’y a pas de risque. En revanche, le loueur va nous faire payer une partie de ce risque. Le TCO est un sujet en perpétuelle évolution, ce qui le rend si passionnant. »