
« Je suis très satisfait du déroulement de ces journées, nous a déclaré Philippe Boucly, président de l’Afhypac. Il y a eu une grande mobilisation de toute la filière, avec 440 inscrits cette année, contre 340 en 2017 à Nantes. » L’évènement a notamment attiré des syndicats d’énergies. « Plusieurs ont manifesté leur intérêt pour intégrer l’Afhypac. Ils ont bien que compris la recharge électrique va peser sur le réseau et rejoignent l’une des réflexions que nous avons à l’Afhypac, à savoir qu’un mix électrique-hydrogène est la meilleure des choses. »
Les opérateurs de mobilité ont également répondu présent. Dernièrement, la RATP a rejoint Keolis, Transdev et la SNCF dans les rangs de l’Afhypac. De même, les équipementiers s’intéressent désormais à l’hydrogène : Plastic Omnium et Faurecia ont également rejoint l’association et ont annoncé la future production de piles à combustible et de réservoirs à hydrogène. Autant de signes, pour Philippe Boucly, que l’hydrogène est devenu un sujet en France.
23 stations en service
En septembre 2018, l’association a recensé 250 véhicules hydrogène ainsi que 23 stations en service, dont les dernières en date à Orly, Jouy-en-Josas et Rungis. Elle estime qu’il y en aura probablement 30 d’ici fin 2018. Le déploiement d’une dizaine de stations supplémentaire est en outre prévu en 2019. « Le plan Hulot parle de 100 stations en 2022 et on devrait y être », anticipe même Philippe Boucly. D’autant que le projet « Zéro Emission Valley » en Auvergne-Rhônes-Alpes est désormais bien avancé : « Les crédits alloués ont été votés en juin au conseil régional, et il est prévu de déployer 20 stations et 1 000 véhicules d’ici deux ou trois ans », détaille Philippe Boucly.
Autre annonce : dans le cadre de ces journées a été signée la constitution de la société Hyport, détenue à 51 % par Engie et à 49 % par la région Occitanie. « Ce projet vise à introduire l’hydrogène dans les aéroports de Toulouse-Blagnac et Tarbes-Lourdes pour les véhicules circulant sur les pistes, avec des stations de recharge ouvertes à tous les véhicules », indique Philippe Boucly.
D’autres projets devraient voir le jour en 2019, puisque l’Ademe a annoncé à Toulouse que les appels à projets prévus dans le plan hydrogène seraient publiés sous peu, pour les axes industrie et mobilité, et fonctionneraient principalement sous forme de subventions et non d’avances remboursables.
Un manque d’information
Il reste toutefois encore du travail avant que l’hydrogène ne pèse dans le mix énergétique français. « De façon générale, ces journées ont permis d’identifier qu’il y a encore un besoin très fort d’information, de communication et d’acculturation autour de l’hydrogène, précise Philippe Boucly. Le vélo hydrogène est apparu aux élus comme un bon moyen d’acculturer le public, notamment dans les régions touristiques. En effet, bien que revenant autour de 7 000 euros, il est moins cher qu’un véhicule et permet de planter l’hydrogène dans le décor. » Autre frein : la formation, comme pour les véhicules électriques à batterie.
« Il va aussi falloir continuer à s’efforcer d’avoir un hydrogène toujours moins cher », ajoute Philippe Boucly qui mise pour cela sur le développement de l’hydrogène renouvelable à travers le plan gouvernemental. Quant au coût des véhicules, « il faut saluer la sortie du module H2Motiv L de Symbio pour adapter les véhicules utilitaires à l’hydrogène en quelques mois. Les coûts peuvent encore être divisés par quatre ou par cinq, mais il faudra attendre la production de centaine de milliers d’exemplaires », rappelle le président de l’Afhypac.
Législation : plusieurs textes à suivre
L’association surveille donc de près deux textes européens actuellement à l’étude : le Clean Energy Package qui contiendra les futures normes d’émissions de CO2 pour les véhicules, ainsi que la révision de la directive sur les infrastructures de carburants alternatifs.
En France, c’est le projet de loi de finances pour 2019 qui attire son attention : « Il me semblerait important d’étendre le suramortissement pour les poids lourds roulant au gaz naturel à l’hydrogène, mais aussi à des véhicules de capacité moindre tels les VU de livraison et de logistique du dernier kilomètre, afin de diminuer le surcoût pour les entreprises, argue Philippe Boucly. Nous allons aussi suivre la future loi d’orientation des mobilités. »
D’ici là, l’Afhypac se prépare désormais pour le Mondial de Paris où elle fera découvrir l’hydrogène au grand public, en attendant la prochaine édition des Journées hydrogène, accueillies en 2019 par la métropole Aix-Marseille Provence.