« Le Green Deal est inscrit à l’agenda. Dans ce contexte, les données capables de contribuer à la transition énergétique revêtent un caractère essentiel. En France, le transport est le premier secteur en termes d’émissions de gaz à effet de serre et le seul à ne pas les baisser. La voiture produit 1 000 fois plus de données qu’il y a deux ans. À qui appartiendra ce pétrole des données ? Les enjeux concernent aussi la sécurité avec une baisse potentielle du nombre d’accidents. La voiture autonome n’arrivera sur les routes que si la cybersécurité est assurée, si les données circulent de manière fluide et ce, sur le mode de l’open data. La question des responsabilités devra être résolue et les interrogations autour de l’éthique devront être levées.
Pour l’Europe, les données s’affirment comme le plus grand dossier qui s’annonce. Comment ce bouleversement va faire que la voiture ne soit plus un produit mais un véritable service ? Mais la voiture connectée ne transformera pas les constructeurs en vendeurs de données. Les volumes à traiter seront trop importants et, seuls, ils ne pourront trier et gérer l’ensemble de ces informations.
Dans ce contexte et avec le concept du véhicule étendu, les constructeurs automobiles essaient d’éviter les vraies discussions autour de la mobilité de demain. Cette dernière ne pourra émerger sans les réparateurs indépendants, sans les manufacturiers et sans les start-ups de la mobilité. Aujourd’hui, 60 % des start-ups européennes travaillent dans le domaine de la mobilité. Comment les constructeurs deviendront-ils cette nouvelle plaque tournante de la mobilité ?
La bataille autour des données automobiles porte sur des enjeux énormes et se fait parfois dans le plus grand secret. Les constructeurs veulent conserver la propriété des données pour des raisons de sécurité et s’opposent aux tiers qui souhaitent obtenir un accès pour développer de nouveaux services. Sur ce point, la législation européenne est très claire puisqu’en 2018, dans un rapport, le parlement a demandé à la commission de légiférer pour permettre aux tiers d’accéder aux données. De plus, accorder la propriété exclusive des données aux constructeurs s’avère un non-sens car l’Europe doit promouvoir un écosystème de mobilité ouvert à tous et capable de favoriser une mobilité plus propre, plus efficace et plus inclusive.
Dans le cadre de sa stratégie des données qui date du 19 février dernier, la Commission Européenne insiste sur l’importance d’un accès compétitif aux données pour tous et pour tous les acteurs de la mobilité. La Commission européenne a annoncé la révision de la législation européenne sur l’homologation des véhicules qui doit avoir lieu en 2021 et qui intégrera l’accès aux données. Les discussions commenceront en septembre. Nous devons garantir des conditions de concurrence équitables, stables et transparentes à tous les prestataires de service du secteur de la mobilité. Un lien sera établi avec le Green Deal, avec des efforts qui porteront notamment sur la réparabilité du produit. L’Europe étudiera également la palette des services qui pourront avoir accès aux données pour répondre aux enjeux de la multimodalité et des nouvelles mobilités.
La véritable question est de savoir si nous sommes prêts à travailler ensemble. Sommes-nous prêts à aller de l’avant ? Ce sera possible si l’ensemble des acteurs réalise que les discussions doivent se faire sur le plus grand terrain de jeu mondial, c’est-à-dire l’Europe. Pour contrer les Gafa, nous avons la capacité de gérer et de protéger nos données et de créer un écosystème européen. Pour y parvenir, il faut se mettre ensemble autour d’une table et sortir par le haut en créant une plate-forme de mobilité européenne qui rende service au climat, aux citoyens et aux industries. »