
« Gilbert Garcia, notre président et fondateur, a passé beaucoup de temps sur la route. Il est sensibilisé au risque routier et sait que les PME comme la nôtre ont rarement le temps de faire de la prévention », rappelle Jonathan Pinheiro. À sa prise de poste en 2016, il a donc été demandé à ce responsable des RH de mener des actions concrètes de sensibilisation à la sécurité routière auprès des salariés.
Pour ce faire, il a d’abord fallu procéder à un état des lieux des quatorze véhicules afin d’assurer un suivi régulier de l’entretien et de la maintenance. « Pour mener à bien ce suivi, nous avons dû tout construire de A à Z, explique Jonathan Pinheiro. Auparavant, les salariés remontaient les informations en cas de problème mais le suivi était anecdotique. Après réflexion, nous avons défini un processus pour remonter systématiquement ces informations. »
Un formulaire pour responsabiliser

L’entreprise s’est ainsi inspirée des travaux d’une association de chauffeurs routiers. Un formulaire a été ajouté au dos du bon d’intervention que doivent remplir les ingénieurs et les commerciaux dès qu’ils se déplacent. Ce bon remonte le nombre de kilomètres parcourus, mais aussi des remarques éventuelles sur l’état du véhicule et les potentielles défaillances : voyants qui s’allument, problème de pneus, etc. « Les formulaires sont scannés puis saisis dans un tableau Excel (une feuille par véhicule). S’il y a une action à réaliser, je relaie l’information au service administratif qui se charge de la mener à bien. Si cela n’a pas été le cas, nous relevons cette information en commentaire dans notre tableau et effectuons des relances si nécessaire », complète Jonathan Pinheiro.
Ce système responsabilise les conducteurs sur l’état de leur véhicule et les incite à en prendre soin. « L’un de nos collaborateurs, assez tête en l’air, avait régulièrement de petits accidents non corporels. Avec ce suivi, il a beaucoup moins d’accidents », témoigne Jonathan Pinheiro. Le même travail a ensuite été effectué pour recenser les accidents routiers. Jonathan Pinheiro a donc récupéré auprès de sa direction administrative et financière l’ensemble des constats d’accidents communiqués à l’entreprise depuis 2015 pour en faire le relevé. Et il s’est de nouveau inspiré de l’association de chauffeurs routiers pour construire un petit QCM.
Remonter les circonstances des accidents
« En cas d’accident, nous donnons ce QCM au conducteur lorsqu’il nous apporte le constat pour qu’il précise le type d’accident, les circonstances, etc. Les questions sont formulées de manière à ce que le questionnaire soit perçu comme une action bienveillante de correction et pas une stigmatisation. » Là encore, le document est scanné et intégré dans un tableau Excel. « Cela permet de dresser le bilan de l’accidentologie routière en fin d’année avec des tableaux dynamiques pour indiquer les tendances. »
Résultat : KLS Group n’a déploré qu’un seul accident corporel en 2015, deux en 2016 et aucun depuis 2017. « Avec très peu d’accidents, nous n’avons pas identifié de vraies tendances, ce qui sera possible dans quelques années, anticipe Jonathan Pinheiro. Toutefois, en 2016, les principaux facteur mis en avant étaient la fatigue et le manque de sommeil, car les accidents avaient eu lieu tôt le matin ou tard le soir. »
Alors que le système de suivi venait d’être établi, la Sécurité routière a lancé sa campagne de sensibilisation des entreprises. « Nous avons décidé d’y participer bien que nous ayons peu d’accidents. Nous avons récupéré l’ensemble des documents fournis sur le site de la Sécurité routière et les avons intégrés à la communication interne, entre autres dans le livret d’accueil des nouveaux collaborateurs. »
Des actions de communication
L’entreprise a de plus lancé en août 2018 une campagne de communication sous la forme d’un PDF envoyé par e-mail. « Cela a été très facile car le site de la Sécurité routière est très actif et nous nous inspirons de leurs thématiques lorsqu’elles nous concernent, note Jonathan Pinheiro. La première newsletter traitait entre autres du passage aux 80 km/h. » Seule difficulté : « Nous n’avons pas réussi à intégrer l’application mobile pour couper le téléphone en voiture car nos salariés ont besoin de répondre à tout moment à nos clients, regrette ce responsable. Mais nous ne les contactons plus lors des déplacements. »
La communication s’effectue aussi en direct avec les salariés – notamment en cas de problème avec les véhicules –, mais aussi avec les délégués du personnel. Récemment, ces derniers ont alerté de la vétusté d’un véhicule qui va donc être remplacé.
Au-delà des véhicules, l’entreprise s’intéresse à la mobilité en général. « Nous limitons drastiquement les trajets en voiture et favorisons les transports en commun. Le site grenoblois est très bien desservi et nous avons très peu de clients à moins d’une heure de route », constate Jonathan Pinheiro. Les véhicules ne sont employés que lors de déplacements en Suisse, à la gare de Grenoble ou à l’aéroport de Lyon. « Avec cette mesure, nous avons beaucoup moins d’incidents », poursuit-il.
Des déplacements repensés
En parallèle, l’entreprise favorise au maximum les déplacements pendant les heures de travail. « Nous n’hésitons pas à 16 h 00 à envoyer un salarié prendre son train à la gare à 17 h 00 », illustre Jonathan Pinheiro. L’entreprise doit bientôt analyser l’impact de ces mesures sur les coûts. « Cela apporte un certain confort aux salariés qui peuvent travailler et se reposer au lieu de conduire, ce qui reste globalement positif. »
Enfin, KLS Group pratique de plus en plus la vidéoconférence, par exemple pour communiquer avec sa filiale à Lyon. « Nous avons évoqué le télétravail mais l’entreprise craint de perdre sa fibre collaborative et l’esprit d’équipe si les salariés ne se voient plus tous les jours », pointe Jonathan Pinheiro.
Reste à s’attaquer aux déplacements domicile-travail : « Nous sommes très mauvais élèves, confie Jonathan Pinheiro. La majorité des salariés habitent près du site mais viennent en voiture. »
Revoir les trajets domicile-travail
L’entreprise prend déjà en charge 50 % des abonnements aux transports en commun, bus, trams et vélos en libre-service, mais cela ne suffit pas. « C’est pourquoi nous allons sûrement proposer cette année une prime pour l’utilisation du vélo, comme la législation nous y pousse. » Ce sujet va aussi faire l’objet d’une très grosse campagne de communication. « La priorité est avant tout la sécurité car les accidents arrivent très souvent sur les petits trajets quotidiens », conclut Jonathan Pinheiro.