
Le contrôle de la CNIL
« Au départ, la géolocalisation se présente comme un outil qui permet à un exploitant de gérer des collaborateurs dont le métier est étroitement lié aux déplacements. » Jean-Marc Desbornes, directeur général adjoint de Masternaut, reconnaît que le suivi des véhicules par satellite s’est d’abord imposé auprès des spécialistes de la maintenance, des services d’urgences et de la livraison. Parfaitement justifiée pour ces métiers, la géolocalisation permet de réaliser davantage de missions avec le même nombre de véhicules en optimisant les tournées.
Spécialiste des appareils de manutention, Still espère ainsi gagner 15 à 20 % sur les heures de conduite de ses 380 techniciens de maintenance. Avant de déployer une telle solution, l’entreprise doit déclarer à la CNIL le dispositif déployé en précisant le but poursuivi.
Dans ses recommandations, la CNIL considère comme légitime de géolocaliser des salariés dont la mission principale est de conduire un véhicule. En revanche, elle juge comme étant abusif de suivre par satellite les véhicules de salariés dont la conduite n’est qu’une mission annexe et qui ont la liberté d’organiser leur emploi du temps. A priori, cette position exclut la géolocalisation des véhicules de fonction. Sauf que, depuis quelques mois, les projets en ce sens se multiplient.
Des vies sauvées
Yann Padova, secrétaire général de la CNIL, constate que ce type de projet représente une faible part de l’ensemble des déclarations reçues par ses services, mais qu’elle ne cesse d’augmenter. Et les plaintes reçues à la CNIL émanent principalement des cadres et des commerciaux.
Cela étant, la localisation par satellite ne vise pas forcément à «fliquer» ces salariés. Ainsi, cette technologie aide les forces de l’ordre à retrouver les véhicules après un vol. Dans ce cas, la géolocalisation n’est activée qu’à la demande de l’entreprise ou du salarié.
Autre application, en cas d’accident, le choc peut déclencher la localisation du véhicule par les services de secours et les aider à intervenir plus rapidement. PSA fait figure de pionnier sur ce marché et la Commission européenne travaille à la généralisation d’un système de ce type. Baptisé e-call, ce dispositif devrait être disponible en option à partir de 2012 ou 2013. Près de 2 500 vies pourraient être sauvées chaque année en Europe grâce à ce système. Dans ce contexte, la géolicalisation des véhicules, qu’ils soient de fonction ou non, apparaît comme étant totalement légitime.
De plus, d’autres usages permettent également d’améliorer la gestion des véhicules. Ainsi l’écoconduite apparaît comme le nouveau Graal. Qu’il s’agisse d’Ecocan chez Masternaut, d’Ecogyzer chez Nomadic Solutions, d’Eco3 chez Traqueur, les systèmes embarqués permettent de collecter les informations sur la consommation du véhicule et sur les pratiques du conducteur (freinage, passage des vitesses, régime du moteur…). Grâce aux données obtenues, l’entreprise peut mesurer les progrès accomplis par les salariés qui ont été formés aux préceptes de la conduite économe. Un argumentchoc en ces temps où les entreprises traquent les coûts inutiles et où le développement durable est une priorité.
Le confort pour convaincre
Les différents acteurs qui gravitent autour des véhicules d’entreprise s’engouffrent dans cette brèche.
Ainsi, Peugeot est aujourd’hui le premier constructeur automobile à présenter une solution de gestion de flottes qui s’appuie sur un boîtier embarqué et aide les entreprises à anticiper les pannes, à programmer les opérations de maintenance et à mesurer les effets des formations à l’éco-conduite.
Autre acteur, Cofiparc rencontre le succès avec une offre de location de véhicule au kilomètre qui s’appuie sur les techniques du suivi de flotte par satellite et vient de lancer un service de géolocalisation. En bref, ce marché ne cesse de gagner du terrain.
Et les véhicules de fonction ne constituent plus une exception. A tel point que les commerciaux et les cadres peuvent y trouver leur intérêt. « Avec le système que nous installons, explique Jean-Marc Desbornes, le commercial ou le cadre optimise son emploi du temps et bénéficie d’un écran pour envoyer ou recevoir des messages, d’un système de navigation, des alertes radars de Coyote, d’un kit mains-libres Bluetooth… Des cadres et des commerciaux qui ne voyaient pas l’intérêt de la géolocalisation, changent aujourd’hui d’avis grâce au confort et à la sécurité apportés. » Sans doute ces arguments expliquent-ils l’intérêt grandissant de la géolocalisation auprès de la population des cadres et des commerciaux.
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