Pour l’essentiel de ses 65 000 véhicules, La Poste est assurée au tiers, soit le minimum légal. « Nous fonctionnons depuis 1995 en auto-assurance, par le biais d’une convention passée avec Axa Corporate Solutions qui nous fait bénéficier d’une délégation de gestion », explique Gilbert Brat, directeur du service des assurances du groupe.
Sur son périmètre, La Poste est donc son propre assureur et couvre la quasi-totalité de ses sinistres, matériels ou corporels. « Par le biais de la dérogation d’assurance, c’est nous qui nous chargeons par exemple de l’indemnisation d’un tiers. »
Une délégation d’assurance pour La Poste
La Poste compte environ 20 000 sinistres par an, dont 12 000 sinistres RC (responsabilité civile). Sur ce total, pour les deux à trois sinistres corporels subis chaque année, le groupe bénéficie d’une franchise de 250 000 euros par sinistre, avec une conservation de 500 000 euros par année d’exercice.
« En tant que délégataire d’assureur, nous nous appuyons sur la convention IRSA qui structure les relations entre compagnies et impose l’indemnisation directe de l’assuré (IDA) par son propre assureur, et non par celui de l’adversaire », expose le dirigeant.
Pour ses sinistres matériels, le groupe suit donc le principe du forfait à 1 308 euros pour les coûts de réparation. « Et c’est là que se situe le bénéfice le plus important de l’auto-assurance : avec nos matériels peu sophistiqués, nous ne réglons que le coût réel des sinistres, en général sous les 1 308 euros. Ce fonctionnement suppose aussi de payer les coûts de réparation. Pour cela, Véhiposte, le gestionnaire de parc interne, référence les réparateurs qui conviennent. » Autres gains : dans la mesure où la prime d’assurance est calculée sur les sinistres majeurs, La Poste ne règle que quelques dizaines d’euros de prime par véhicule et donc très peu de taxes.
« En résumé, en raisonnant en coût réel, nous payons le moins possible d’assurance et de taxe. Pour simplifier, un sinistre qui coûte 100 revient à 140 avec une assurance classique. Nous avons divisé par deux ou trois ces 40 % en faisant tout en interne, avec les frais les plus bas », illustre Gilbert Brat.
Ce fonctionnement impose aussi une organisation solide pour gérer environ 1 000 dossiers de sinistres par mois. Des processus de gestion et d’échange, notamment informatiques, ont été ainsi établis.
Avec Axa CS, les échanges se font par le biais d’un EDI pour le remboursement des sinistres auprès du GCA, le groupement des conventions d’assurance, responsable d’organiser les compensations en France et d’accélérer le remboursement. « Nous remboursons Axa sous huit jours, ce qui suppose une grande confiance entre partenaires et un système d’information efficace », pointe Gilbert Brat.
« Dans ce contexte, il faut être très vigilant pour vérifier les sinistres où nous ne sommes pas à 100 % responsables dans le délai imparti de trois mois. Pour ce faire, en interne, notre équipe comprend une vingtaine de gestionnaires automobiles qui travaillent exactement comme les gestionnaires d’une compagnie d’assurance classique. » En outre, la base de véhicules de La Poste est rafraîchie tous les huit jours. Axa CS dispose donc d’un état du parc à jour. « Ce point est crucial pour répondre rapidement à une demande de remboursement d’une victime (cf 4e directive européenne). Il nous faut être vigilants et très professionnels, et dans ce cadre, l’EDI fonctionne bien », note le dirigeant. Qui poursuit : « Tous les mois, un tableau de bord me signale les dossiers qui n’ont pas été transférés au GCA parce que certains éléments manquaient. »
Impliquer les entités pour baisser la sinistralité
En parallèle, chaque mois, les statistiques de sinistres sont redescendues dans les 40 directions (Branche Service Courrier Colis) concernées. À elles de lancer des plans de prévention. Et dans l’évaluation des facteurs, un ou deux critères sont liés à la sinistralité.
« Les coûts sont reportés par le biais de Véhiposte qui se fait rembourser à l’euro l’euro par ces branches. Dans ces prestations, en plus du loyer du véhicule, Véhiposte intègre le coût des sinistres », complète Gilbert Bras.
Les entités impliquées prennent en charge les sinistres les plus importants pour la partie située sous la franchise ; au-delà, le reste se répartit entre les entités assurées en fonction du nombre de véhicules. « Et toujours selon ce schéma, nous répercutons auprès des BSCC les coûts liés à nos salaires, aux expertises, à l’informatique, etc. »
Un dernier point : pour l’assurance et l’auto-assurance, il n’y a pas de différence entre modèles électriques et thermiques. Enfin, les voitures de fonction et les véhicules des filiales sont assurés de façon plus classique, éventuellement en tous risques, avec une gestion des sinistres par l’assureur (Axa CS, Zurich, etc.) et le courtier (Verspieren, Verlingue).