
Sur l’île de La Réunion, le constat est sans équivoque : le « tout-voiture » reste une évidence. « Nous habitons une île dont le système de transport collectif en site propre (TCSP) est faible, souligne David Checkouri, directeur des moyens généraux de ce département. Le tout-voiture demeure donc malheureusement obligatoire plutôt que le transport en commun. »
La flotte départementale compte 472 véhicules légers, entre voitures particulières (60 %) et utilitaires légers (40 %). Dans ce département de 860 000 habitants, 5 300 agents de la fonction publique se répartissent dans toute l’île. Et face au monopole de la voiture individuelle, le département a déployé en 2018 une stratégie de mobilité. Celle-ci se fédère autour de trois axes : l’autopartage, l’électrique et la mobilité douce.
Une flotte propre d’ici 2030
« Notre objectif premier est de disposer, à horizon 2030, d’une flotte propre entièrement à faibles émissions, précise Olivier Clotagatide, gestionnaire du parc du département de La Réunion. Nous aimerions aussi descendre à moins de 400 véhicules d’ici 2028. » « Grâce à nos renouvellements, nous sommes passés d’un parc de treize à quatorze ans d’âge moyen, à une flotte de 4,5 ans en moyenne, avec un impact carbone dans les normes européennes, soit 546 tonnes de CO2 par an », se réjouit David Checkouri. Un renouvellement que le département adosse à une revalorisation des véhicules anciens.
Ces renouvellements vont de pair avec l’électrification. « Si 91 % de la flotte carbure au diesel, nous nous tournons de plus en plus vers des motorisations propres et électrifiées, poursuit Olivier Clotagatide. Depuis 2020, nous avons acheté 19 véhicules électriques : six en 2020, trois en 2021 et dix en 2022. Nous les intégrons à hauteur de 30 à 40 % des renouvellements chaque année. Ainsi, nous respectons les quotas de la LOM (loi d’orientation des mobilités). Par exemple, en 2022, sur les 34 véhicules achetés, dix étaient électriques. » Les véhicules électriques constituent désormais environ 4 % de la flotte, contre 4 % pour les hybrides simples, 0,5 % pour les hybrides rechargeables et 0,5 % pour l’essence. Le département a aussi intégré une douzaine de vélos de service à assistance électrique et cinq scooters électriques. Une diversité mise à profit pour l’autopartage.
Actions et réflexions vertes
Plusieurs projets de mobilité verte ont aussi été mis en œuvre ou sont en cours d’étude. C’est le cas du déploiement du covoiturage au sein de la flotte. « C’est un service que nous souhaitons développer et il semble que nous n’échapperons pas alors à la géolocalisation, observe David Checkouri. Nous réfléchissons aussi à des vélos cargos ou de vélos taxis. En revanche, nous n’envisageons pas le télétravail de suite comme moyen de faire baisser nos émissions. En effet, nous pensons que se rencontrer en présentiel pour échanger est bien trop précieux. Et le confinement pendant la pandémie nous en a davantage convaincus. »
« Nous aimerions aussi tester la trottinette électrique cette année, ajoute Olivier Clotagatide. Nous pourrions peut-être équiper notre pool d’autopartage d’une trottinette. » Pour ce responsable, la trottinette, qui se développe toujours plus à La Réunion, pourrait attirer les utilisateurs.
Une navette électrique pour la flotte de La Réunion ?
« Nous souhaiterions aussi créer une navette pour les agents du département. Rien qu’à Saint-Denis nous avons une dizaine de sites, et nous réfléchissons donc à l’emploi d’un mini-bus électrique avec conducteur qui irait d’un site à l’autre à des heures précises, pour faciliter les trajets des agents. Cette navette pourrait aussi servir pour la distribution du courrier. Pour l’instant nous y allons petit à petit, et nous estimons qu’à partir de 2024 à 2025, nous pourrions mettre en place ce type de navette », anticipe Olivier Clotagatide.
Enfin, le département cherche à améliorer son réseau de transport en commun. David Checkouri évoque ainsi le téléphérique urbain de Saint-Denis mis en service en 2021, ou un projet de tramway, toujours à l’étude, qui devrait desservir plusieurs villes insulaires.
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