
La SNIE, spécialiste de l’équipement électrique des bâtiments neufs, a convié Flottes Automobiles à la remise de véhicules utilitaires légers électriques à 39 de ses monteurs (électriciens), au centre Centaure Île-de-France Sud de Réau, le 6 octobre dernier. Soit, précisément, 37 Opel e-Combo et 2 Opel e-Vivaro, sous contrat de LLD de 100 000 km sur 60 mois. Quelques jours en amont de l’événement, ces véhicules de fonction ont été progressivement livrés (aménagement et géolocalisation inclus), sachant qu’ils avaient été commandés plus d’un an auparavant.
Une journée d’ateliers pour les monteurs
« Les délais de livraison de véhicules se sont progressivement améliorés ces deux dernières années, a signalé Florent Pavard, responsable département parc auto et télécom de la SNIE. Nous avons réceptionné nos premiers VUL électriques, commandés en juillet 2022, en même temps que nos commandes de véhicules thermiques datant de juin 2021. » Et d’ajouter : « Cette journée initialement prévue le 8 septembre 2023 a dû être décalée au 6 octobre 2023 pour des raisons d’approvisionnement des bornes que nous prenons à notre charge pour le domicile des collaborateurs. »
La journée s’est déclinée en six ateliers (théoriques puis pratiques) pour les monteurs : la présentation d’une borne et des solutions de recharge, la prise en main des véhicules, des formations Centaure sur la charge mentale et l’écoconduite, avant la réalisation d’essais des utilitaires électriques sur plateaux dans diverses situations (pente et virage sur sol mouillé). En parallèle, deux techniciens de la société Océan ont installé des systèmes de géolocalisation sur une trentaine de véhicules diesel, ce même jour, sur le parking.

Identifier les collaborateurs éligibles à l’électrique
La flotte de la SNIE s’élève aujourd’hui à 350 véhicules. Avec 80 VP (24 PHEV, 20 électriques, 20 essence et 16 hybrides simples) et 270 VUL (200 diesel, désormais 39 électriques et 33 au bioéthanol).
Si, pour certaines flottes, le véhicule électrique est parfois déployé sans penser à l’accompagnement nécessaire au changement de motorisation, ce n’est pas le cas à la SNIE. D’abord, l’éligibilité des collaborateurs a été identifiée. « Nous avons sélectionné nos monteurs selon différents critères : la possibilité de recharger le véhicule à domicile, la faisabilité technique de l’installation électrique (puissance du compteur, configuration du parking), et le kilométrage mensuel compatible, c’est-à-dire plus de 1 600 km parcourus par mois. Nous avons aussi la chance d’avoir des collaborateurs intéressés par la conduite d’un véhicule électrique », a complété Florent Pavard. Sur 250 monteurs, 50 personnes étaient éligibles selon ces critères.
Une borne de recharge au domicile de chaque monteur…
Condition sine qua non à cette éligibilité : la possibilité d’installer une borne de recharge au domicile du collaborateur. Ainsi, le premier atelier de la journée concernait les systèmes de recharge. La SNIE a acheté, pour chacun de ses monteurs, une borne Cahors Boxeo Série X en courant alternatif (AC), avec une puissance jusqu’à 22 kW sur une prise T2S.
Un matériel choisi principalement « du fait de sa fabrication et de sa production en France, mais aussi de ses équipements, comme un compteur MID certifiant la facturation au kWh au prix juste et un modem 4G indispensable pour nous remonter les données des bornes », a justifié Flavien Declerck, technicien du pôle technique de la SNIE.
Sans oublier que, du fait de leur activité, les collaborateurs de la SNIE sont sensibilisés aux sujets de la gestion d’énergie et de l’installation de systèmes électriques. Des compétences qui facilitent forcément l’installation de la borne fournie par la SNIE à leur domicile. « Il vous suffira de brancher le fil relié à la TIC (télé-information client) dans le compartiment destiné aux commandes, si vous avez choisi cette option, ce qui permettra de programmer la recharge en heures creuses, par exemple », a expliqué Flavien Declerck.
… et une carte de recharge…
Une borne également choisie « connectée », qu’il a fallu toutefois préprogrammer afin qu’elle remonte les données de consommation d’électricité auprès de Chargemap Business. Partenaire depuis cette année de la SNIE pour les cartes de recharge de ses VP électriques, cet opérateur rembourse automatiquement les salariés de leurs frais d’électricité liés à leur recharge à domicile, après prélèvement auprès de la SNIE, via sa plate-forme.
Les bornes à installer s’accompagne d’accessoires. À savoir : un badge pour la recharge en itinérance et à domicile, un câble d’une longueur de 5 m ou 7 m en fonction des besoins, ainsi que deux guides. L’un, « technique » pour le montage et la mise en fonctionnement de la borne. L’autre, « utilisateur », concernant la recharge.
… pour suivre les consommations
« Avec l’unique Chargemap Pass, vous pourrez recharger votre véhicule sur le réseau public mais aussi à votre domicile. Vous pourrez suivre vos consommations sur l’application gratuite à télécharger sur votre téléphone professionnel, planifier des itinéraires en incluant des temps de recharge, retrouver et filtrer les informations sur les bornes en itinérance », a détaillé Benjamin Grard, responsable commercial de Chargemap Business. En indiquant qu’un autre badge peut se commander, sur le site de l’opérateur, à hauteur de 19,90 euros TTC l’unité, pour la recharge d’un véhicule électrique personnel.
« Veillez toutefois à bien vérifier les conditions tarifaires avant de vous brancher, a conseillé Benjamin Grard. Pour donner un ordre d’idée, nous gérons plus de 20 000 tarifs différents sur l’ensemble de notre réseau de bornes. En moyenne, le prix en itinérance (0,6 euro/kWh TTC) est trois fois plus cher qu’à domicile (0,24 euro/kWh TTC), du fait des différents frais appliqués (parking, nombre de kWh chargés, fin de charge). Pensez donc à badger avant et après la recharge, et à déplacer votre véhicule après la recharge. »

Une prise en main du véhicule électrique…
Outre la recharge, il était primordial pour la SNIE de faire comprendre à ses monteurs que leur comportement de conduite influera sur l’autonomie de leur utilitaire électrique. « Vous ne pourrez pas agir sur les facteurs d’influence tels que la forme ou le poids du véhicule, ou les conditions climatiques. Vous devez donc adapter votre vitesse et le type de conduite, notamment sur autoroute, a prévenu Ivan Gunjaca, directeur des ventes flottes chez le concessionnaire Opel Melin du Groupe Amplitude. Il faut aussi éviter de trop enclencher le chauffage qui consomme encore plus d’énergie que la climatisation, afin d’éviter de fortes consommations. » Au préalable, ce directeur avait d’ailleurs transmis une vidéo de présentation de l’Opel e-Combo.
Habitués au modèle Combo diesel 100 ch d’environ 1,4 t, les monteurs sont ainsi invités à « anticiper les freinages » à la prise en main de leur e-Combo de 136 ch qui pèse 1,6 t, soit une différence de plus de 200 kg. À l’arrière, chaque VUL électrique dispose d’un double plancher avec trois tiroirs coulissants et un système de verrouillage, sans compter le matériel chargé en fonction des missions.
… avec des conseils de conduite
« En accélérant, vous sollicitez l’énergie de la batterie du véhicule électrique pour faire tourner les roues. En décélérant, vous récupérez de l’énergie au niveau des roues. Une astuce pour maximiser l’autonomie : appuyez sur le bouton B pour ″brake″, en ville ou en circulation dense, afin de maximiser la récupération d’énergie au même titre qu’un frein moteur amélioré », a détaillé Ivan Gunjaca.
« Vous disposez de deux câbles de recharge dont l’un pour la recharge à domicile, a encore précisé Ivan Gunjaca. Pour recharger le véhicule, il vous suffira d’ouvrir la trappe arrière et de retirer le capuchon supérieur pour accéder à la prise de recharge T2 en courant alternatif (charge lente ou accélérée) et la prise Combo CCS2 en bas en courant continu (charge rapide). Avec différents voyants : départ différé, recharge en cours (lumière bleue) ou terminée, défaut de recharge (rouge). »


Des rappels de prévention routière et d’écoconduite…
Après cette présentation des véhicules et de leurs matériels de recharge, nous avons suivis différents exercices théoriques concernant notamment la charge mentale. Marjorie Possot, formatrice sécurité routière du centre Centaure IDF, a ainsi rappelé que le premier risque au travail reste le risque professionnel routier. Elle a insisté sur la dangerosité du téléphone au volant (fléau de la sécurité routière) et l’interdiction de son utilisation, même en kits mains libre. Les exercices se sont enchaînés avec des charades ainsi qu’une liste de mots et/ou des dessins à retenir. Objectif : montrer aux monteurs qu’il est difficile de rester concentré sur la route avec des perturbateurs auditifs et/ou visuels.
En termes d’écoconduite, la formatrice a notamment rappelé l’importance de lancer le préchauffage du véhicule avant utilisation, mais aussi d’éviter d’accélérer lorsque ce n’est pas nécessaire, et que les feux stop du véhicule s’allument lorsque le mode break est activé.
Mais ces éléments sont surtout des rappels pour certains. La plupart des monteurs ont déjà reçu « deux jours de formations dans les six mois de la réception de leur véhicule diesel lorsqu’ils entrent dans l’entreprise », a fait remarquer Joël Chêne, directeur associé et directeur QSE-RSE de la SNIE (voir l’encadré ci-dessous).
« Nous comptons une cinquantaine d’accidents par an uniquement en région parisienne, principalement de la carrosserie à la suite d’une manœuvre en parking ou d’un mauvais croisement sur un chantier », a complété Alexandre Chauveau, adjoint au directeur QSE.
… avant des tests sur plateaux
Après la théorie, place à la pratique. Montés à bord du nouveau véhicule utilitaire électrique de Jordan Réthoret, électricien courant fort travaillant pour la SNIE depuis neuf ans, nous suivons les instructions de la formatrice via un talkie-walkie. Nous passons ainsi à différentes allures sur un plateau en montée puis en pente afin d’anticiper suffisamment le freinage du véhicule avant le déclenchement d’un mur d’eau. Le site s’est doté en effet de différents plateaux d’exercices : virage, ligne droite, pente et plaque tournante.

Au fil du parcours, Jordan Réthoret apprécie « la disparition des vibrations au niveau du volant. Le freinage reste plus difficile en pente et dans un virage sur sol mouillé du fait de la perte d’adhérence du véhicule. Même si ces conditions restent extrêmes et que nous roulons à petite vitesse, elles nous préparent à nous adapter à rouler en circulation. On sent effectivement que le véhicule est un peu plus lourd mais c’est vraiment agréable de conduire avec une boîte automatique. »
Comme d’autres monteurs, il nous révèle toutefois que l’autonomie reste sa principale préoccupation, sachant qu’il parcourt parfois jusqu’à 120 km par jour et que l’autonomie du véhicule annoncée en WLTP est de 300 km. De son côté, Ismer Milbin, technicien de la SNIE, a relevé le côté « très silencieux » du véhicule électrique, rendant la conduite « plus agréable ».
… et la remise des clefs
Après les ateliers, chaque monteur a signé plusieurs documents administratifs dont une charte conducteur. Puis a récupéré sa borne à installer et les clefs de son utilitaire électrique. Bilan de la journée : « Des collaborateurs visiblement satisfaits ».


« Même si nous avons beaucoup travaillé en amont de cette journée, nous réalisons avec cette première étape à quel point il reste compliqué d’électrifier le parc. L’offre sur le marché des utilitaires déterminera notre retour ou pas sur du thermique. En effet, nous avions jusqu’alors un seul utilitaire Nissan e-NV200. Si l’autonomie est correcte, il s’agit d’un véhicule thermique adapté à l’électrique. Nous attendons des constructeurs des prix plus attractifs mais aussi une véritable offre d’utilitaires électriques », a pointé Laurent Crief, directeur général de la SNIE.
Les coûts, déterminants pour l’électrification
« Il y a un an, nous avions estimé un équilibre en termes de dépenses entre un véhicule électrique et un thermique à partir d’un kilométrage de plus de 1 600 km par mois. Mais du fait de l’évolution du coût des différentes énergies ce chiffrage a évolué, a reconnu Laurent Crief. Et force est de constater que l’écologie a un coût. Ainsi, tout dépendra des premiers retours collaborateurs, sachant que nous avons débuté par les cas ″les plus simples″. D’autres monteurs vivent en appartement, ce qui complexifie l’installation d’une borne. Il faudra faire témoigner les monteurs pour promouvoir l’utilisation des véhicules électriques. »
Dans cette optique d’impliquer ses salariés, la SNIE a organisé un défi durant les exercices sur les plateaux afin de déterminer les conducteurs qui consommeront le moins de kW avec leurs véhicules électriques. Véhicule utilitaire électrique : testé. Le reste, à prouver.