« Le pic de notre sinistralité a été atteint en 2018-2019 avec un taux de 0,6, soit un chiffre élevé, indique Isabelle Gout, directrice audit, risque et « compliance » pour Labeyrie Fine Foods. Nous enregistrions alors beaucoup trop de sinistres dus, entre autres, à des distances de sécurité mal respectées. Nous sentions qu’un accident grave allait arriver. Il nous fallait donc réagir. »
Spécialiste de l’agroalimentaire, Labeyrie Fine Foods a décidé d’anticiper les sinistres pour donner ou redonner les bonnes pratiques de conduite à ses collaborateurs automobilistes. « J’ai évoqué la situation avec mon président. Les accidents en santé sécurité des sites industriels étaient analysés, mais ceux liés aux accidents de la route ne l’étaient pas. La conséquence : une hausse de 38 % de nos tarifs d’assurance de 2017 à 2020, pour simplement maintenir le niveau de nos garanties », reprend Isabelle Gout.
RSE et prévention routière
Au même moment, Labeyrie Fine Foods a lancé son projet d’entreprise qui intègre un fort axe RSE (responsabilité sociétale des entreprises) : « Partager un hédonisme engagé ». Ce projet comprend trois piliers : réserver, maîtriser, respecter. Ce dernier pilier favorise notamment le bien-être et la sécurité des salariés. « Le travail sur la prévention automobile s’insérait dans cet ensemble et a fini par convaincre tout le monde. Il nous fallait travailler rapidement pour faire reculer le nombre d’accidents en voiture. Nous avons alors décidé de sélectionner le préventeur LVR Fleet pour réaliser, après chaque accident, un débriefing post-accident. Ce dispositif permet de revoir les circonstances de l’accident et de réfléchir sur son évitabilité », détaille cette responsable.
Dans ce cadre, chaque collaborateur déclare son accident en ligne, puis analyse la raison du sinistre et travaille sur la recherche de son évitabilité avec une opératrice du prestataire. « Auparavant, aucun conducteur n’était accompagné. Le constat était envoyé, la voiture était réparée et la vie continuait sans que personne ne modifie quoi que ce soit à son comportement », rappelle Isabelle Gout. Maintenant, une fois que ce débriefing a eu lieu, un compte rendu écrit est signé par le conducteur ; son manager y a accès pour accompagner ce collaborateur si certains facteurs sont à relier à l’environnement de travail.
Travailler l’évitabilité
« Nous souhaitons que le salarié ne reste pas seul face à son sinistre. Si la cause de l’accident est due à son stress, sa fatigue, son surcroît de travail ou sa charge mentale, ces facteurs doivent être analysés et réglés collectivement pour que cela ne se reproduise plus », note Isabelle Gout. Ce système aide aussi à repérer les collaborateurs qui ont une vraie conduite à risque, avec une explication pour corriger ce problème en profondeur.
Cette façon de gérer la sinistralité a donné de très bons résultats : l’entreprise a abaissé sa statistique de 25 % la première année, en passant de 0,6 accident par voiture à 0,45 un an plus tard. La deuxième année, ce taux a atteint 0,38, puis 0,35 en 2021-2022. « Notre sinistralité a donc chuté près de 50 % en trois ans. Et nous avons comme cible d’atteindre les 0,2 dans les prochaines années », anticipe Isabelle Gout. Labeyrie Fine Foods souhaite arriver à ce taux en développant et renforçant d’autres politiques. Il s’agit, par exemple, de lancer des communications régulières sur l’intranet et des campagnes d’affichage pour faire connaître les bonnes pratiques de conduite : distance de sécurité à respecter, conduite de nuit et développement de l’éco-conduite. Le but est que les salariés conduisent de manière plus fluide, plus économe, plus prudente, en respectant plus les autres, en ne téléphonant pas au volant, mais aussi en développant la courtoisie.
Des pistes à explorer
« Nous prévoyons aussi de lancer des actions pour éviter les vols et autres vandalismes. Ainsi, nous allons expliquer pourquoi ne pas stationner son véhicule dans des lieux isolés, fermer ses portes, replier ses rétroviseurs et ne rien laisser d’apparent dans l’habitacle », expose la responsable. Tout en rappelant que ce travail a notamment déjà fait diminuer les bris de glace de 50 % en trois ans au sein de l’entreprise. À noter : Labeyrie Fine Foods envoie aussi des films par SMS sur ces sujets le lundi midi avec des résumés de ces bonnes pratiques.