
À La Baule, en Loire-Atlantique (44), la mairie s’est engagée pour la préservation de l’environnement et le fait savoir. Un simple clic sur le site internet de la station balnéaire suffit pour connaître le détail des véhicules électriques qu’elle utilise. Soucieuse de préserver les Baulois, qu’ils soient résidents permanents ou secondaires, et les touristes, des nuisances générées par le bruit et la pollution atmosphérique, la ville compte aujourd’hui 22 véhicules électriques : 18 Goupil, un Partner et trois Saxo, pour une flotte de 158 véhicules. Une proportion notable de véhicules propres pour cette ville de 17 000 habitants, mais aussi une...
À La Baule, en Loire-Atlantique (44), la mairie s’est engagée pour la préservation de l’environnement et le fait savoir. Un simple clic sur le site internet de la station balnéaire suffit pour connaître le détail des véhicules électriques qu’elle utilise. Soucieuse de préserver les Baulois, qu’ils soient résidents permanents ou secondaires, et les touristes, des nuisances générées par le bruit et la pollution atmosphérique, la ville compte aujourd’hui 22 véhicules électriques : 18 Goupil, un Partner et trois Saxo, pour une flotte de 158 véhicules. Une proportion notable de véhicules propres pour cette ville de 17 000 habitants, mais aussi une preuve de son investissement pour un développement urbain harmonieux.
Des collectivités déjà très engagées dans les flottes vertes
« En 2009, nous avons considérablement renouvelé le parc, ce qui a permis d’amener l’âge moyen des véhicules à six ans, note Raphaël Vanacker, chef du service parc automobile de l’agglomération. L’investissement s’est élevé à environ 1 million d’euros ». Sur les sept premiers mois de l’année 2010, le gain en termes de carburant était de quelque 4 700 litres et les émissions de CO2 avaient baissé de 10 tonnes. À l’instar de La Baule, de nombreuses collectivités, des mairies aux régions, présentent leur flotte comme un gage de leur investissement dans la préservation de l’environnement. Mais si à La Baule, cet engagement est formalisé dans une « charte de l’arbre », les collectivités affichent le plus souvent leurs mesures pour des flottes propres dans un « agenda 21 ». Nés à l’occasion du sommet de la Terre à Rio en 92, ces agendas 21 sont des listes d’engagements en 21 points où la baisse des émissions de CO2 figure le plus souvent en bonne place, comme c’est le cas pour la ville de Nantes.
Ces dispositifs volontaires viennent conforter l’encadrement légal, comme la loi sur l’air, favorable à une réduction de l’impact environnemental des flottes automobiles des collectivités. Mais tous les échelons administratifs de la fonction publique ne font pas preuve du même engouement pour la préservation de l’environnement.
Ainsi, les services du premier ministre ont publié en juillet dernier une circulaire en forme de rappel à l’ordre pour des « efforts de rationalisation du parc automobile de l’État et de ses opérateurs ».

Les services centraux de l’État veulent donner l’exemple
Le but de cette circulaire était non seulement de s’assurer du contrôle des dépenses de l’État sur les véhicules, mais aussi de veiller au respect des objectifs fixés par l’Europe en 2009 pour la « promotion de véhicules de transport routier propres et économes en énergie ». Toujours selon cette circulaire, les véhicules achetés doivent désormais l’être systématiquement par l’intermédiaire de l’Ugap, dans les conditions définies par le service des achats de l’État (SAE). En outre, ces nouveaux véhicules doivent respecter la politique de réduction des rejets de CO2 : 125 g/km en 2010, 120 g/km en 2011. Enfin, dans le cadre de « l’effort d’exemplarité » de l’État demandé par le président de la République, le premier ministre annonce qu’une attention particulière est portée sur le « parc automobile mis à disposition des ministres et de leurs collaborateurs ». « En 2009, les véhicules de l’État devaient respecter le taux de 130 g et 20 % des véhicules pouvaient déroger à cette règle jusqu’à 160 g. En 2010, le taux est ramené à 125 g et la dérogation à 15 % jusqu’à 155 g. En 2011, le taux sera ramené à 120 g et la dérogation à 10 % jusqu’à 150 g. Concrètement, l’État ne doit pas acheter de véhicules dépassant le seuil de taxation du malus écologique », détaille Jean-Baptiste Hy, directeur adjoint du SAE.
La réduction des flottes diminue aussi les émissions de CO2
« L’État continuera à acquérir des véhicules de façon patrimoniale mais obtiendra de meilleures conditions économiques à travers l’Ugap », complète Jean-Marc Borne, chef du département véhicules de l’Ugap à propos de cette circulaire. « Avec le benchmarking, le management de flotte, l’entretien et la réparation, les économies générées sont de l’ordre de 15 % », poursuit le responsable.
Les gains environnementaux sont aussi à la hauteur, parce qu’ils sont bien souvent le résultat mécanique des mesures combinées de la rationalisation des flottes, notamment avec le recours au fleet management, et des réformes engagées avec la révision générale des politiques publiques (RGPP) lancée en 2007. À l’instar du ministère de la défense, la réorganisation des administrations a contribué à faire reculer l’impact environnemental des flottes. En diminuant le nombre des véhicules et en favorisant le développement de nouveaux outils de gestion comme la mise en pool. « Ce qui va nous aider à développer la gestion en pool, c’est la réorganisation territoriale avec la mutualisation des moyens », confirme Jean- Baptiste Hy, pour le SAE.
L’appel d’offres autour du véhicule électrique de l’Ugap
Mais cette action environnementale n’est pas seulement une action « par défaut ». À tous les niveaux de la fonction publique, les formations à l’éco-conduite se généralisent. Pour accompagner ce mouvement, l’Ugap devrait prochainement lancer un appel d’offres d’éco-conduite, a annoncé Jean-Marc Borne à l’occasion de l’Ugap Expo fin septembre à Paris.
Sur le volet écologique, « nous sommes engagés dans le programme d’acquisition des véhicules électriques », rappelle Jean-Baptiste Hy pour le SAE. Accompagné par les associations d’élus comme l’Association des communautés urbaines de France (ACUF) et l’Association des maires de grandes villes de France (AMGVF), l’État a ainsi pris part à l’appel d’offres lancé par La Poste et une vingtaine d’acteurs privés et publics début 2010 pour l’achat de 50 000 véhicules électriques. « À ce stade, estime-t-on du côté de l’Ugap, l’ensemble des besoins de l’État est estimé à 15 000 véhicules ».
Reste que si le mouvement vers des flottes de collectivités plus propres est indéniable – qu’il soit volontaire ou forcé –, les contraintes budgétaires n’ont pas automatiquement un effet vertueux en matière d’environnement. Au sein de l’Assistance publique des hôpitaux de Marseille (AP-HM), les 240 véhicules de la flotte, 70 % d’utilitaires et 30 % de berlines, ont été renouvelés entre 2004 et 2009. « Avec des véhicules d’une moyenne d’âge de neuf ans, le coût d’entretien était devenu très important », résume Jean-Charles Berge, responsable du service central des transports de l’AP-HM.
Des véhicules écologiques mais encore trop chers
« Nous voulions nous orienter vers des véhicules verts mais l’offre était plutôt limitée »… et au-dessus du budget de l’hôpital pour les modèles proposés. En quête d’outils pour renforcer les performances écologiques de sa flotte, le responsable n’a pas trouvé non plus de solutions du côté du GNV : « Le seul point de ravitaillement se trouve à Aix-en- Provence ». La possibilité de l’installation d’une station de GNV à proximité des sites des hôpitaux – un investissement que le responsable estime à 30 000 euros – reste à l’étude. Son financement serait possible à condition d’un partenariat, avec un constructeur ou avec le fournisseur de gaz.
En interne, les utilisateurs restent à convaincre
Jusqu’ici, le renouvellement de la flotte s’est donc orienté vers des véhicules à faible rejet de CO2 grâce à des achats effectués par l’intermédiaire de l’Ugap. À l’image de ce qui se pratique dans plusieurs collectivités, le parc est de même progressivement réduit, de l’ordre de huit à douze véhicules par an, et les véhicules mis en pool. Ce n’est qu’à l’horizon 2012 que le gestionnaire du parc envisage la possibilité d’une réelle orientation vers un parc plus vert, essentiellement grâce à l’électrique. Là encore, il faudra prévoir l’installation d’une structure d’alimentation. Un équipement difficile à gérer compte tenu des difficultés de stationnement aux abords de la structure hospitalière : « Il faudra compter sur le civisme des agents », anticipe le responsable de la flotte.
Une inquiétude qui rappelle que l’évolution vers des flottes plus propres passe aussi par l’implication des usagers dont les comportements peinent parfois à évoluer. Localement, les administrations rencontrent parfois des difficultés à optimiser l’usage des véhicules à bicarburation. À Nantes Métropole, entre 2005 et 2007, les statistiques font apparaître une baisse de l’ordre de 70 % de la consommation du GNV et du GPL.
Les biocarburants peinent à s’imposer
« Cette baisse d’utilisation parfois constatée peut avoir plusieurs origines, explique-t-on à Nantes Métropole : à la difficulté de changer de culture comme d’acquérir le réflexe de limiter les pleins d’essence s’ajoutent des craintes relatives à ces deux carburants, et parfois un manque d’information sur l’emplacement des stations GPL et GNV et leur éloignement ».
La résistance peut aussi venir des postes décisionnaires des administrations. Au ministère du budget, on rappelle que le rapport de travail dirigé par Alain Prost, sur le développement de la filière bio-carburant et remis il y a trois ans à Thierry Breton, alors ministre des finances, est depuis « passé aux oubliettes »… Un « oubli » lié aux résistances face aux origines des biocarburants.
Des résistances qui ne s’expriment pas seulement au plus haut niveau de l’État. Ainsi, toujours à la communauté d’agglomération de Nantes, l’étude de la mise en place d’une alimentation des véhicules avec ce type de carburant a suscité quelques remous. « Il ressort de cette étude que le biodiesel […] serait composé de colza et de tournesol issus de productions locales, ne contenant ni huile de palme, ni huile végétale usagée, ni huile animale », a-t-on précisé à Nantes Métropole. Si l’usage de véhicules propres sert de vitrine aux collectivités, la politique reste indéniablement au coeur de leur gestion… et de leur progression.
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