
Le système eCall d’appel d’urgence européen n’ayant pas vu le jour de bon gré, il le verra de mal gré. Le 8 septembre dernier, la Commission européenne a décidé de légiférer pour obliger les États, les opérateurs mobiles et les constructeurs à déployer ce dispositif d’ici à 2015. À l’origine, ce système devait être généralisé volontairement à toute l’Europe pour 2009. Las, aujourd’hui, seul 0,7 % de tous les véhicules particuliers de l’Union Européenne en sont équipés.
En 2015, la présence de l’eCall sera obligatoire pour la réception des véhicules. À cette date, en cas d’accident grave, un boîtier composera automatiquement le 112, numéro...
Le système eCall d’appel d’urgence européen n’ayant pas vu le jour de bon gré, il le verra de mal gré. Le 8 septembre dernier, la Commission européenne a décidé de légiférer pour obliger les États, les opérateurs mobiles et les constructeurs à déployer ce dispositif d’ici à 2015. À l’origine, ce système devait être généralisé volontairement à toute l’Europe pour 2009. Las, aujourd’hui, seul 0,7 % de tous les véhicules particuliers de l’Union Européenne en sont équipés.
En 2015, la présence de l’eCall sera obligatoire pour la réception des véhicules. À cette date, en cas d’accident grave, un boîtier composera automatiquement le 112, numéro d’appel d’urgence unique en Europe, et transmettra aux services d’urgence la localisation par satellite du véhicule. Le système pourra également être activé manuellement en appuyant sur un bouton. En aidant les secours à intervenir plus vite, l’eCall devrait sauver des centaines de vies en Europe. Selon la Commission européenne, l’installation du système engendrera un surcoût de moins de 100 euros par véhicule. Et pour écarter les problèmes liés au respect de la vie privée, l’eCall ne géolocalisera pas les voitures : il restera en mode veille et n’en verra pas de signal en dehors des accidents. Il n’en demeure pas moins qu’en 2015, tous les nouveaux véhicules particuliers et utilitaires légers devraient être équipés d’un boîtier GPRS/ GPS. Dans ces conditions, les constructeurs pourraient être tentés d’activer la localisation et la connexion en temps réel pour offrir un panel de services aux entreprises pourvues de flottes. Le paysage du marché de la géolocalisation et du suivi de véhicules à distance pourrait s’en trouver fortement redessiné. Le marché de la géolocalisation et du suivi de véhicules à distance est aux mains d’acteurs indépendants des constructeurs. Les boîtiers sont installés par les réseaux qu’ils ont mis en place et les applications et les serveurs informatiques sont déployés et maintenus par leurs propres équipes d’ingénieurs. Demain, les constructeurs pourraient reprendre la main sur ces services pour empocher la valeur ajoutée.
Des acteurs identifiés au savoir-faire avéré
TomTom Business Solutions a décidé de ne pas travailler avec les constructeurs pour équiper les véhicules en première monte. « Notre solution vient en complément des fonctions habituelles du véhicule, explique Éric Hubert, directeur commercial de la filiale française. Le taux de véhicules équipés en série va augmenter, mais cela ne préjuge pas de l’identité des acteurs qui géreront les plates-formes de service. » Au-delà de la redistribution des cartes entre prestataires, l’équipement des véhicules en première monte va amener à créer de nouveaux standards, entre autres en matière de communications mobiles. Les acteurs devront s’adapter pour continuer à apporter de la valeur ajoutée à leurs clients. Dans ce contexte, les prestataires historiques gardent une longueur d’avance grâce à l’expertise déployée au fil des ans. Leurs solutions répondent aux besoins spécifiques d’optimisation des véhicules de chacun des métiers. En outre, l’émergence de standards ne se fera pas du jour au lendemain.
Le développement par l’éco-conduite et la sécurité
« L’eCall européen pourrait changer la donne. Nous pourrions acheter les données brutes aux constructeurs et travailler en partenariat.” Olivier Feneyrol, directeur général, Data & Mobiles International.
Data & Mobiles International, entité d’Orange Business Solutions dédiée aux véhicules communicants, revendique 40 000 véhicules équipés et déclare progresser au rythme de 30 à 40 % l’an sur les trois dernières années. « L’eCall européen pourrait changer la donne, anticipe Olivier Feneyrol, directeur général. Avec les boîtiers installés, les constructeurs sont les mieux placés pour proposer les fonctionnalités liées aux véhicules. Mais ils auront probablement plus de mal à développer et proposer des services professionnels métiers autour de la géolocalisation, des alertes ou des optimisations. Cela demande des fonctionnalités et des compétences spécifiques, sans parler des offres multi-constructeurs. De plus, leurs réseaux actuels semblent moins bien armés pour commercialiser ces services dans des conditions optimales. Cependant, nous pourrions acheter les données brutes et travailler ensemble en partenariat. »
En attendant, des offres voient le jour aux côtés des fonctionnalités traditionnelles de la géolocalisation comme l’optimisation de tournées, la récupération de véhicules volés, le contrôle du temps de travail, les rapports de mission ou encore les communications voix et données. Grâce à des boîtiers spécifiques, les prestataires sont maintenant capables d’enregistrer les paramètres de la conduite sans localiser le véhicule. En s’appuyant sur ces données, les entreprises peuvent sensibiliser et former leurs conducteurs à l’éco-conduite, avec des économies de carburant à la clé et une image renforcée d’acteur éco-responsable. Et les véhicules n’étant plus localisés en temps réel, ces entreprises ne sont plus accusées par les syndicats et les comités d’entreprise de surveiller leurs collaborateurs et d’attenter à leur vie privée. « À l’heure actuelle, moins de 30 % de nos nouveaux contrats portent sur la géolocalisation pure, constate Jean-Marc Desbornes, directeur commercial de Masternaut. Les axes de développement passent désormais par l’éco-conduite et la sécurité. »
Pour les prestataires, ces fonctionnalités innovantes élargissent la cible potentielle de clientèle : aux traditionnelles flottes de livraison et de service après-vente viennent s’ajouter les voitures de fonction des cols blancs. Et les acteurs s’intéressent aussi aux grandes entreprises qui se refusaient auparavant à installer des solutions de géolocalisation pour ne pas se heurter au refus des représentants du personnel. En formant leurs collaborateurs à une conduite sûre, économique et citoyenne, ces entreprises enregistrent de multiples bénéfices : carburant économisé, accidents en recul, émissions de CO2 en baisse et image d’entreprise responsable. Parallèlement, avec ces dispositifs, le gestionnaire de la flotte peut surveiller le niveau des fluides et recevoir des alertes quand le kilométrage de l’entretien périodique approche.
Un marché convoité et âprement disputé
« La mise en oeuvre de l’eCall va prendre du temps, note Jacques Rivière, directeur général d’Ocean System. Il n’y aura pas de grands bouleversements dans les 18 mois. Cela étant, c’est un vrai sujet et nous nous rapprochons des constructeurs pour travailler sur ce dossier.» Jacques Rivière, directeur général d’Ocean System.
Les premières solutions d’autopartage et l’arrivée des véhicules électriques mobilisent aussi les différents acteurs du marché. Avec l’auto-partage, la géolocalisation permet de contrôler l’utilisation de véhicules mutualisés. Quant aux véhicules électriques, les systèmes installés aident les gestionnaires à prévenir les pannes sèches en remontant en temps réel l’état de charge de la batterie. Avec ces nouvelles applications, le marché de la géolocalisation et de la gestion de flottes à distance aiguise les appétits. Les entreprises sont de plus en plus nombreuses à sauter le pas et sont confortées dans leur décision par des tarifs en baisse. Grâce aux volumes réalisés et sous la pression d’une concurrence exacerbée, le prix moyen d’une solution est passé de 50 à 28 euros par mois et par véhicule en l’espace de quelques années. « Depuis deux ans, nos prix n’ont pas évolué, souligne William Da Silva, directeur commercial de Sedimap. Nos concurrents sont très agressifs, mais nous avons décidé d’offrir un service de qualité. Bilan : 75 % de nos clients renouvellent leurs contrats au bout de quatre ans. » Dans un marché en devenir, les acteurs se livrent une concurrence acharnée pour remporter de nouveaux contrats. Certains apparaissent sur ce marché en pleine croissance pour réaliser une opération financière en un temps record. Après avoir constitué un volume de véhicules installés suffisants en cassant les prix, ils réalisent une plus-value en revendant leur portefeuille au plus offrant.
Les entreprises doivent donc rester vigilantes lorsqu’elle cherche un prestataire. La gestion de flottes à distance demande des capitaux importants pour anticiper les évolutions technologiques et proposer un service de qualité. À titre d’exemple, les serveurs informatiques capables d’absorber des centaines de milliers de demandes simultanément supposent des investissements élevés et une large surface financière. Jacques Rivière, actionnaire majoritaire d’Ocean System, vient ainsi de faire rentrer la Compagnie Financière Edmond de Rotschild dans son capital, aux côtés de Phillimore, pour se donner les moyens financiers de développer son portefeuille de clientèle, tout en maintenant la qualité du service rendu.
Les acteurs historiques et sérieux sont bien identifiés ; pour les autres, les acheteurs devront renforcer la vigilance sur leur capacité à accompagner le client sur le long terme. La géolocalisation et la gestion de véhicules à distance génèrent de multiples et substantielles économies. Mais encore faut-il que les solutions déployées remplissent leur office. Des boîtiers démontés parce qu’ils ne fonctionnent plus et qui dorment au fond du bureau du gestionnaire de flotte ne sont pas près de remplir les promesses dorées faites par leurs prestataires. Il n’en reste pas moins que les témoignages positifs des professionnels se multiplient. Les exceptions ne font pas la règle et la télématique reste un investissement à la rentabilité élevée.
Le système d'appel d'urgence eCall change la géolocalisation
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