
La « fée électricité » a brillé de mille feux au dernier Mondial de l’Automobile à Paris. Pas un stand de constructeur sans une version branchée- maison : le véhicule électrique était au coeur de toutes les discussions en coulisses, des débats entre professionnels… et des commandes. Grâce aux entreprises, les voitures électriques ont fait un grand pas en avant pendant la quinzaine parisienne. Car c’est plus qu’une évidence : les entreprises, mais également les ministères et les collectivités locales, devraient être l’avenir et le premier débouché de ces modèles parés de toutes les vertus écologiques. Pour des marques comme Citroën ou Peugeot,...
La « fée électricité » a brillé de mille feux au dernier Mondial de l’Automobile à Paris. Pas un stand de constructeur sans une version branchée- maison : le véhicule électrique était au coeur de toutes les discussions en coulisses, des débats entre professionnels… et des commandes. Grâce aux entreprises, les voitures électriques ont fait un grand pas en avant pendant la quinzaine parisienne. Car c’est plus qu’une évidence : les entreprises, mais également les ministères et les collectivités locales, devraient être l’avenir et le premier débouché de ces modèles parés de toutes les vertus écologiques. Pour des marques comme Citroën ou Peugeot, les professionnels devraient constituer les neuf dixièmes de leurs clients dans un premier temps.
« Durant le Mondial, nous avons noté une forte effervescence et nous avons beaucoup coté. La décision de faire entrer des véhicules électriques dans un parc sera avant tout politique. Nous sommes prêts à aider certaines entreprises à jouer la carte de l’électrique, tout en sachant que nous ne pourrons pas combler l’écart en TCO », souligne Jean-Loup Savigny, directeur commercial et marketing d’Arval. Et d’ajouter : « Aujourd’hui, le véhicule électrique ne peut pas être envisagé en termes de réduction des coûts ; il existe un surcoût de 12 à 15 % sur le véhicule utilitaire et de 30 % sur le véhicule particulier ».
La question du surcoût et de la valeur résiduelle
Selon une récente étude d’EurotaxGlass’s, l’électrique pourrait représenter 16 % des 2,2 millions de voitures vendues en France en 2020. À la question essentielle de la valeur résiduelle que se posent tous les gestionnaires de parc de France, le spécialiste prévoit à horizon 2015 une valeur résiduelle relative de 45,5 % pour l’hybride diesel, de 44,2 % pour le diesel, de 42,9 % pour l’essence et de 32 % pour l’électrique. Mais en valeur absolue, la valeur résiduelle d’un modèle électrique serait supérieure à celle d’une essence et égale à celle d’un moteur diesel. Côté constructeurs, les annonces de commandes n’ont pas tardé une fois le rideau retombé, porte de Versailles, sur le Mondial 2010. Citroën a communiqué sur plus d’un millier de commandes, dont 800 pour la seule C-Zéro et 400 pour le Berlingo First. La moitié des commandes serait le fait de Raiffeisen Leasing, qui aurait commandé 400 C-Zéro et 140 Berlingo. Le loueur longue durée autrichien serait suivi par un autre loueur, National Citer, qui se serait porté acquéreur de 250 C-Zéro. Pour leur part, Renault et Nissan ont concrétisé une cinquantaine d’accords avec des gouvernements et des collectivités, dont celle d’Ankara en Turquie ou de Rouen.
Les loueurs prennent la tête des commandes
La Leaf de Nissan sera commercialisée en Europe dès son lancement en 2011 en location longue durée avec LeasePlan. Le loueur a ainsi acquis 100 véhicules en septembre dernier. Le prix de vente de la Leaf est de 30 000 euros.
D’autres grands acteurs de la location – courte et longue durée – ont aussi apporté leur pierre à l’édifice, avec plusieurs annonces de commandes. C’est d’abord Athlon Car Lease qui a retenu 65 utilitaires Renault Kangoo Express ZE et 35 berlines familiales Fluence ZE, pour son client Rabobank. Quant à Europcar, il a signé la précommande de 500 Renault ZE (Fluence et Kangoo), pour une livraison au troisième trimestre 2011. Il a également conclu un accord de partenariat avec PSA pour la mise sur le marché de la location de Peugeot iOn et de Citroën C-Zéro. Depuis quelques semaines, Europcar propose déjà à la location de petits véhicules utilitaires électriques Goupil G3 pour un accès simplifié aux centres-villes. Quatre stations de location, équipées de bornes électriques, sont disponibles en Île-de-France. Même engagement d’Avis en faveur de l’électrique, via une alliance avec Renault-Nissan pour fournir des véhicules en 2011.
Les loueurs veulent accompagner leurs clients
Parmi les loueurs longue durée, c’est sans doute Arval qui, de longue date, a affiché la plus grande détermination face aux véhicules électriques. Dès le mois de juin, il présentait une offre de modèles « immédiatement disponibles ou qui le seront à court et moyen terme », avec l’ensemble des éléments de décision susceptibles d’aider les clients dans leurs choix : avantages et inconvénients des formules, fiscalité, fiches descriptives des modèles. Son offre se décline en véhicules particuliers (7 modèles), utilitaires (8 modèles), sans oublier plusieurs versions de quadricycles, ces véhicules de deux ou quatre places dont la masse à vide est limitée par la réglementation à 400 kg pour les véhicules destinés au transport de personnes ou 55 kg pour les marchandises. C’est aussi Arval qui vient d’accompagner l’ascensoriste Koné dans sa volonté de tester deux C-Zéro en auto-partage sur ses sites de Trappes et de Nice. Près de 80 % des déplacements de l’entreprise se font en milieu urbain, ce qui colle bien avec les caractéristiques techniques du modèle de Citroën. Pour la filiale française du groupe finlandais, cette expérience s’intègre dans un programme de réduction forte des émissions de CO2 du parc, qui pèse 40 % de ses émissions totales.
Les constructeurs aiguisent leurs offres de location
Partenaire financier de l’opération, Arval a sans doute beaucoup travaillé son modèle pour proposer un coût total de détention (TCO) proche, voire identique à celui d’un véhicule thermique de type C4. C’est bien là le point clé pour le loueur comme le note Philippe Noubel, directeur général de la filiale de BNP Paribas. « Il s’agit d’une volonté politique pour expérimenter et promouvoir la mobilité électrique. Pour que le TCO soit compétitif, nous devions avoir une valeur résiduelle compétitive ».
Il est vrai que tous les grands constructeurs présents dans l’électrique avaient attendu le Mondial pour dévoiler leurs tarifs de vente et d’achat. La iOn de Peugeot sera ainsi vendue 30 000 euros, bonus de 5 000 euros déduit. Quant à la location longue durée, elle s’élèvera à 499 euros sur cinq ans ou 50 000 km. Prestations incluses : entretien, maintenance, garantie sur la batterie. Pour la C-Zéro de Citroën, la communication ne porte que sur le montant du contrat de location longue durée : 459 euros sur quatre ans, puis 260 euros sur les quatre années suivantes. L’autonomie de ces modèles n’excède pas 100 km.
Renault fait le choix de louer ses batteries
Chez Renault, la commercialisation des deux premiers modèles Fluence ZE et Kangoo ZE a été lancée pendant le Mondial, avec une livraison au printemps 2011. Prix de vente : 35 000 euros, avec une autonomie de 160 km, un temps de recharge de 6 à 8 heures sur une prise de 220 V ou 30 minutes en 400 V (mais uniquement pour la Fluence). Vient ensuite la Zoé Preview, avec une autonomie de 160 km et une vitesse limitée à 135 km. La recharge de la batterie se fait en 6 à 8 heures, et en 10 minutes sur recharge rapide. Son prix : 15 000 euros HT, hors location de la batterie de 100 euros par mois. C’est d’ailleurs la caractéristique de l’offre financière de la marque au losange, à savoir un contrat de location distinct pour la batterie, avec toutes les interrogations que cela peut poser pour les entreprises en termes de vieillissement dans le temps et de garantie. « C’est sans doute le modèle de leasing traditionnel incluant le véhicule et la batterie qui va se développer dans le temps, et non celui qui consiste à dissocier un loyer pour la batterie comme le fait Renault », estime un bon connaisseur du secteur.
Nissan propose sa Leaf, Smart sa Fortwo ED
SFR travaille à construire une flotte de cinq véhicules mis à la disposition des salariés pour assurer les déplacements professionnels en région parisienne. L’offre de location est assurée par ING Car Lease France.
Chez Nissan, le prix de vente de la Leaf s’élève à 30 000 euros incluant les batteries, et bonus gouvernemental déduit, pour une autonomie de 160 km. Un contrat de location longue durée fonctionne depuis l’été. Le temps de recharge est de 6 heures ou 30 minutes en recharge rapide. La Leaf sera commercialisée en Europe dès son lancement en 2011 en location longue durée avec Lease- Plan. Un accord dans ce sens a été conclu fin septembre, avec à la clé l’achat de 100 véhicules par le loueur longue durée. Autre exemple enfin, la Smart Fortwo ED sera disponible à partir de 2012 en location longue durée avec un loyer de 700 euros sur quatre ans, assurance, entretien et garantie inclus.
Sur le terrain aussi, les initiatives se multiplient autour de la mobilité. C’est Norauto (rebaptisé Mobivia) qui crée une société de solutions de mobilité électrique : O2 City vend ou loue une sélection de trois modèles développés par des constructeurs exclusivement orientés électriques : la Think City du norvégien Think, la Reva NXR de l’indien Reva-Mahindra et la FCity du constructeur tricolore FAM Automobiles. Ce nouvel acteur de la mobilité entend aussi commercialiser des bornes de recharge. O2 City vise de 500 à un millier de véhicules pour sa première année d’exploitation. La FCity est déjà homologuée dans plusieurs villes telles qu’Antibes, Fontenay-le-Comte, Montbéliard ou Montargis. Elle est proposée dans les 670 points de vente Mobivia à partir de 18 000 euros.
L’État s’impose en chef de file de l’électrique
Chef de file de l’appel d’offres de l’Ugap autour du véhicule électrique, La Poste devrait prochainement exploiter 250 Berlingo électriques conçus par Venturi et équipés en batteries par le producteur Fiamm.
La tendance est bien sûr toujours soutenue par l’État. Rassemblés au sein de l’appel d’offres mené par l’Ugap, les achats groupés entre pouvoirs publics, grandes entreprises du public mais aussi du privé et collectivités, assureront des commandes de plusieurs dizaines de milliers de véhicules d’ici 2015. Portée par l’Ugap et vingt entreprises privées dont La Poste en chef de file, une première commande de 23 000 véhicules sera livrée fin 2011.
Comme le souligne Jean- Baptiste Hy, directeur adjoint du service des achats de l’État, l’État est largement partie prenante du groupement organisé autour de l’Ugap. Il va acquérir 5 000 véhicules électriques sur cinq ans, tous gérés par ALD Automotive à l’issue de l’accordcadre conclu en 2009. Quant aux garages des administrations, ils seront équipés pour recharger les batteries.
Membre de ce groupement, Veolia Environnement s’est engagé sur 3 000 à 5 000 véhicules utilitaires électriques sur la base d’un cahier des charges précis et dont le bilan économique ne doit pas être supérieur à celui d’un modèle thermique identique. Sur ce total, 480 seront destinés à Veolia Propreté. Quant à ADP Aéroports de Paris, il s’est engagé à acquérir 200 véhicules électriques tout de suite et 400 plus tard. Mais c’est bien sûr La Poste qui reste largement en pointe sur ce thème et qui se veut la force motrice pour faire émerger le véhicule électrique. À lui seul, l’opérateur public, qui s’est doté de véhicules électriques dès 1990 et qui a lancé un appel d’offres en 2007 sur le sujet, compte acquérir 10 000 modèles.
Pour les entreprises, les doutes restent à lever
Mais dans cet environnement nouveau, les entreprises ont encore bien besoin d’être épaulées et conseillées. Car en plus des problèmes de garantie des batteries ou de valeur résiduelle, la recharge des modèles demeure un vrai souci. C’est la raison pour laquelle un groupe comme Darty a indiqué qu’il ne s’engagerait, à terme, que sur un tiers de son parc en électrique, dans la mesure où ses véhicules nécessitent une autonomie de 140 km pour les tournées suburbaines et 100 km pour les tournées urbaines. En tenant aussi compte du fait que ses techniciens rentrent directement chez eux le soir, ce qui nécessite une recharge à domicile.
Par ailleurs, le plan du gouvernement prévoit l’installation de 4,4 millions de prises de charge à horizon 2020, dont 340 000 offriront une charge en 6 à 7 heures, et 60 000 une charge rapide en 15 minutes. 4 millions de prises seront installées dans les bureaux ou les parkings.
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