L’éco-conduite et l’auto-partage en passe de s’imposer

Si l’éco-conduite convainc de plus en plus d’entreprises, l’auto-partage n’en est encore qu’à ses prémisses. Mais face à la contrainte environnementale et économique, les initiatives se multiplient. De nouvelles techniques de conduite et de nouveaux modes de gestion montent en puissance pour réduire l’empreinte carbone des flottes et optimiser leurs consommations.
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L’éco-conduite et l’auto-partage en passe de s’imposer

L’année 2009 aura été celle de l’éco-conduite. Tout au long de l’année, loueurs longue durée, pétroliers, organismes de formation et spécialistes de la géolocalisation ont focalisé leur énergie sur ce nouvel eldorado. Et l’année 2010 ne devrait pas infirmer cette tendance de fond puisque les annonces se multiplient. Du côté des formations, deux anciens pilotes automobiles mettent l’accent sur cette pratique en ce début d’année.

Ainsi, en, janvier dernier, Jean-Pierre Beltoise communiquait sur les stages d’éco-conduite qu’il a mis sur pied en 2009. La formation s’attache à convaincre les conducteurs de solliciter modérément les organes de leurs véhicules, de les entretenir et de choisir des modèles adaptés à leurs besoins. Objectif : limiter les émissions de CO2 et diminuer de 10 à 15 % les consommations de carburant. A travers cette formation, Jean-Pierre Beltoise veut également que les conducteurs appréhendent davantage les enjeux liés au réchauffement climatique. Pour ces formations, son école dispose d’un parc de 80 véhicules de dernières générations composés de Golf et de Passat Blue Motion. De plus, Jean- Pierre Beltoise collabore avec ALD Automotive pour les stages du loueur baptisés Safety et Eco Drive, avec Total GR pour ses stages d’éco-conduite et avec Develter Formation qui conçoit des simulateurs de conduite adaptés à cette problématique.

Autre ancien pilote automobile, Bernard Darniche a créé un programme d’auto-formation baptisé Darniche Interactive. Destiné aux entreprises, ce programme s’articule autour de modules pédagogiques entièrement réalisés en multimédia. Images de synthèse 3D, haut niveau d’interactivité, ergonomie soignée et navigation conviviale facilitent l’apprentissage de tous les utilisateurs. Le premier module opérationnel de Darniche Interactive est dédié à l’éco-conduite. Au travers d’un parcours initiatique et pédagogique, les utilisateurs profitent des conseils de l’ancien pilote et découvrent les règles essentielles ainsi que les bons réflexes à adopter pour rouler de façon plus économique et plus écologique. Administrée par Internet, cette application achève sa dernière phase de finalisation et pourra être achetée en ligne sur le site www.darniche-interactive.com.

Des solutions technologiques

D’autres acteurs investissent le champ de l’éco-conduite. C’est le cas de G.F.D. qui distribue sur le sol français les solutions de géolocalisation de Steria. La technologie développée vise à analyser les comportements du conducteur et à remonter ces informations sur un serveur Internet grâce à un boîtier connecté au bus numérique du véhicule. Homologué par les constructeurs automobiles, ce boîtier est commercialisé au prix de 199 euros TTC avec un abonnement mensuel de 14,90 euros. Couplée avec une solution de géolocalisation, cette offre sera proposée pour un prix forfaitaire et promotionnel de 32 euros HT par mois.

Editeur de logiciels d’optimisation de tournées, Opti-Time a décidé également de s’engager auprès des entreprises qui souhaitent évaluer leur empreinte carbone. En partenariat avec Climat Mundi, spécialiste du management carbone, Opti-Time propose à ses clients et prospects une première approche de leur bilan énergétique. Dans ses propositions commerciales, le spécialiste des logiciels d’optimisation intégrera désormais un volet « diagnostic CO2 transport » qui proposera aux entreprises une sensibilisation au changement climatique, une analyse des émissions de gaz à effet de serre de leur flotte de véhicule et un plan d’action de réduction. Ces prestations seront prises en charge par Climat Mundi. « Les flottes de véhicules constituent un potentiel évident de réduction des émissions de CO2, explique Eric Parent, directeur associé de Climat Mundi. Le plan d’action est relativement simple à mettre en place et le retour sur investissement est rapidement mesurable. »

Un départ en flèche

Si l’éco-conduite a occupé les esprits en 2009 et continue de le faire en 2010, une autre solution est en passe de s’imposer pour diminuer les rejets polluants et réaliser des économies. Son nom : l’auto-partage. Rares sont encore les entreprises à avoir adopté cette méthode de gestion de leur flotte, mais les exemples se multiplient. Créée en 2006, la société Carbox est la seule à proposer exclusivement aux entreprises de mettre en place et de gérer pour leur compte une flotte en autopartage. De 10 véhicules en 2006, le parc géré par Carbox est passé à 120 unités début 2010. « Nous sommes optimistes, affirme Alexandre Crosby, l’un des deux fondateurs de l’entreprise avec Benoît Chatelier. Si la crise a ralenti notre progression, notre activité part en flèche depuis la rentrée 2009. »

Les raisons de cet engouement sont à chercher du côté des nombreux avantages que recèle cette formule. Économique, écologique, elle offre également un service supplémentaire aux collaborateurs de l’entreprise qui peuvent utiliser les véhicules pour leur usage personnel. « La technologie employée est toujours la même, explique Alexandre Crosby. Un boîtier embarqué dans la voiture permet au collaborateur qui a réservé le véhicule sur Internet d’ouvrir la porte, puis de la fermer quand il le rend. Le boîtier relève les kilomètres parcourus grâce à un GPS et remonte l’information à un serveur via les réseaux de la téléphonie mobile. D’autres informations comme le niveau des batteries et de carburant sont transmises via le même canal. La réelle valeur ajoutée vient des applications développées par les différents acteurs pour la réservation, la facturation… Nous avons créé notre propre outil qui nous différencie des autres acteurs. Il intègre un reporting en ligne et peut, par exemple, analyser les factures par centre de coût. »

Des arguments économiques et écologiques

Cela étant, les services de Carbox ne se résument pas à la fourniture d’une solution technologique. Ce spécialiste de l’auto-partage finance, assure, entretient et gère également les véhicules de A à Z. Cette solution est entièrement externalisée auprès de Carbox et l’entreprise ne s’occupe de rien. « En revanche, explique Alexandre Crosby, pour que la solution fonctionne et soit adoptée, il faut mettre en place des processus. L’entreprise doit identifier les centres de coûts, désigner les responsables qui valident les réservations… Parallèlement, pour que l’auto- partage fonctionne, la décision doit venir du sommet de la hiérarchie. Il faut également accompagner l’entreprise dans cette démarche au tout début. Cela étant, une fois que l’auto-partage est adopté, la solution fonctionne toute seule. »

Et les économies à réaliser sont bien réelles : Carbox avance une économie de 50 à 70 % par rapport au budget de taxi. De plus, l’autopartage est moins onéreux qu’un système de navettes qui est généralement sous-utilisé. Enfin, dans le cas de véhicules de service, recourir à l’auto-partage permettrait de réduire de 30 % le périmètre de la flotte. Autre avantage décisif pour de nombreuses entreprises, les émissions de CO2 partent à la baisse grâce à l’optimisation de la flotte automobile et au référencement de véhicules émettant moins de 120 grammes de CO2 au kilomètre (une règle chez Carbox). Enfin, cette société utilise une technique écologique de lavage sans eau.

Le concept fait des petits

Autre initiative sur le front de l’auto-partage, trois entrepreneurs, associés à GDF SUEZ, testent un service de ce type à Neuilly-sur- Seine (92). Baptisée Mopy, il est proposé aux entreprises et aux collectivités locales. L’offre intègre la location et le suivi de véhicules électriques ou au gaz naturel, l’installation de bornes d’avitaillement, la fourniture de l’énergie, l’assurance, la maintenance et le nettoyage quotidien des véhicules. Mopy propose 3 formules : partager un véhicule au sein d’une entreprise, s’abonner et partager un véhicule avec d’autres adhérents et louer un véhicule dans une station pour des besoins ponctuels. Bruno Flinois, directeur de Mopy qui se définit comme un éco-entrepreneur, explique que «Mopy ne remplacera pas l’automobile personnelle, ni les flottes, mais s’affirmera comme un mode de transport complémentaire. » Et de conclure : « Nous sommes un peu en avance, mais nous sommes confiants car les contraintes environnementales vont bouleverser les modes de déplacement. »