
Le TCO fait plus que jamais sa loi
« Une vraie maturité s’est instaurée chez les gestionnaires de flotte. Ils consacrent une part moins importante à la gestion quotidienne qu’ils délèguent plus facilement pour se consacrer davantage au pilotage de leur parc. Ils sont très demandeurs de conseils à un moment où leur environnement économique ou fiscal est mouvant. Il leur faut aussi intégrer toujours plus vite les nouveautés des constructeurs et nous devons être là pour leur apporter les éclairages nécessaires », souligne d’emblée Grégory Libre, directeur commercial et marketing d’Arval France.
« Les priorités des gestionnaires nous semblent de...
Le TCO fait plus que jamais sa loi
« Une vraie maturité s’est instaurée chez les gestionnaires de flotte. Ils consacrent une part moins importante à la gestion quotidienne qu’ils délèguent plus facilement pour se consacrer davantage au pilotage de leur parc. Ils sont très demandeurs de conseils à un moment où leur environnement économique ou fiscal est mouvant. Il leur faut aussi intégrer toujours plus vite les nouveautés des constructeurs et nous devons être là pour leur apporter les éclairages nécessaires », souligne d’emblée Grégory Libre, directeur commercial et marketing d’Arval France.
« Les priorités des gestionnaires nous semblent de plus en plus claires, avance Guillaume Maureau, directeur général adjoint d’ALD Automotive. Ils n’ont plus les yeux rivés sur le loyer mais raisonnent en coût global du parc, c’est-àdire en incluant le carburant, la fiscalité. À coup sûr, cette tendance va se renforcer en 2013 car de nombreux constructeurs, notamment étrangers, militent pour ce concept. » Cette tendance touche tous les segments d’entreprises : « Le TCO est entré chez les grands comptes, arrive chez les PME et frappe même à la porte des petites structures », confirme Grégory Libre.
Les flottes vertes ont toujours la côte
Verdir sa flotte automobile restera en 2013 l’un des chantiers prioritaires de tout gestionnaire de parc. Le mouvement est bien enclenché depuis plusieurs années et la fiscalité se veut un accélérateur fort. « Sans la fiscalité, le virage serait peut-être moins net, mais ils serait là. Les directions générales impriment un réel mouvement, également pour des questions d’image d’entreprises responsables », insiste Guillaume Maureau. Chez SFD, filiale de SFR et premier distributeur de l’opérateur télécom, la réduction des émissions de CO2 se poursuit pour les 266 véhicules de la flotte. « Nous visons les niveaux les plus bas possibles. Nous devons être à 110 g/km de CO2 sur 90 % du parc et 35 % se situent à moins de 107 g », annonce Emmanuel Rétif, directeur des ressources humaines et responsable du parc. Une amélioration significative : à l’origine, la flotte pointait à 130 g, puis à 119 g.
Pour ce faire, la car policy de SFD a été modifiée en profondeur avec des Polo pour les commerciaux, au lieu des Golf. « Nous avons pris cette décision dans une optique volontaire de diminution des coûts. Si les commerciaux veulent malgré tout des Golf, ils s’acquittent d’une participation financière », reprend Emmanuel Rétif. Qui a aussi le souci de privilégier le « made in France ». « Nous travaillons avec Citroën dont les C4 sont fabriquées à Rennes. Symboliquement, je vais mettre le logo “fabriqué en France” sur ces modèles », conclut le responsable.
L’hybride et l’électrique toujours en question
Lorsque l’on évoque les véhicules propres, la question se pose aussi de savoir quelle place réussiront à se faire l’électrique d’une part, et l’hybride d’autre part. Pour SFD, Emmanuel Rétif donne une réponse claire : « Je dis oui à l’hybride, mais avec une réserve sur la capacité des coffres. Quant à l’électrique, cette motorisation n’est pas adaptée aux commerciaux pour des questions d’autonomie. Je suis tenté de dire que l’électrique est une politique “pour les groupes riches” », complète le responsable de SFD.
Une opinion nuancée par Grégory Libre, pour Arval : « L’électrique peut constituer une bonne réponse à certains usages. Quant à l’hybride, toutes les offres ne répondent pas aux attentes des gestionnaires. Nous devons prouver aux clients qu’en fonction de leurs usages, des offres conviendront mieux que d’autres. » De façon plus générale, les loueurs s’attendent en tout cas à ce que les entreprises poursuivent en 2013 le renouvellement de leurs flottes, au rythme d’un tiers en moyenne.
Jouer l’éco-conduite et la sécurité routière
Comment acheter moins cher son carburant ? Une question à laquelle tous les gestionnaires rêvent d’apporter la réponse. De fait, ce poste pèse 15 à 20 % du coût du parc, et souvent les gestionnaires préfèrent gérer en interne ce poste, sans faire appel aux loueurs longue durée. À cet égard, les stages d’éco-conduite restent une solution parmi d’autres pour améliorer le comportement des conducteurs au volant et limiter les consommations.
« Pour un coût de 150 euros, une formation à la conduite éco-responsable peut générer 900 euros d’économies sur le poste carburant pendant la durée du contrat, relève Grégory Libre, pour Arval. Les collaborateurs ne consacrent pas ce temps à leur activité, mais au final, l’investissement est payant ». Et sur ce sujet, Guillaume Maureau ne constate pas de baisse de régime de la part des entreprises : « Il n’y a pas de diminution de l’intérêt, 2012 est même une année record. Et depuis le lancement d’ALD Drive en 2009, nous sommes à plus de 5 000 stages d’éco-conduite souscrits par nos clients. »
Ne pas négliger la prévention des accidents
DHL ne dira pas le contraire : très engagé dans l’éco-conduite, le transporteur rappelle que 90 % de ses chauffeurs auront été formés à la conduite citoyenne d’ici la fin 2012, et que les efforts se poursuivront en 2013. Chez Assystem, spécialiste de l’ingénierie et du conseil en innovation, améliorer la sinistralité demeure aussi un objectif « naturel » d’optimisation.
« Il faut rentabiliser les formations à l’éco-conduite. Or, avec une ancienneté moyenne de sept ans, notre population de collaborateurs se renouvelle régulièrement », note Jean Ménétrier. Le directeur des achats et de l’immobilier du groupe a donc choisi de jouer la carte de la sensibilisation « avec piqûres de rappel régulières ».
Si l’éco-conduite rencontre un vrai succès, c’est moins vrai de la prévention des risques, pas toujours anticipée par les gestionnaires de parc. Et c’est bien dommage. « Ils se préoccupent de la prévention des risques routiers dès qu’ils ont un problème important de sinistralité chez leurs conducteurs », résume Grégory Libre. Résultat, les responsables ciblent des communautés de conducteurs tels que les multi-accidentés ou encore les multi-récidivistes. Les modules de prestations sont assez souvent à la carte et associent opérations de communication, actions de sensibilisation et stages de conduite. De son côté, Assystem a sa méthode, assurément efficace : « En cas de double sinistre la même année, le collaborateur prend en charge la franchise du second sinistre », conclut Jean Ménétrier.
La mobilité s’affiche comme une nouvelle priorité
Concluons avec l’auto-partage. Promis à un bel avenir, de l’avis des professionnels de la location qui ont à peu près tous développé leur solution, l’auto-partage semble connaître un engouement moindre de la part des entreprises. « Il fonctionne bien avec les collectivités, mais le souffle est retombé avec les entreprises », admet Guillaume Maureau, pour ALD. « Tout le monde est convaincu de l’intérêt, mais très peu de sociétés passent à l’acte. Pourtant, les gestionnaires connaissent de mieux en mieux le coût d’un véhicule inutilisé qui reste sur un parking », renchérit Grégory Libre, pour Arval.
Danone vient néanmoins de décider de déployer, auprès de l’ensemble de ses collaborateurs éligibles, une solution de mobilité automobile qu’il expérimentait en test depuis le début de l’année. Il s’agit du Crédit Mobilité, développé par Carbox, le spécialiste de l’auto-partage. Proposée aux titulaires d’un véhicule de fonction, cette solution donne le choix à un collaborateur entre deux possibilités : soit il abandonne sa voiture et bénéficie en échange d’un véhicule en auto-partage le soir et les week-ends et d’une enveloppe budgétaire (« crédit mobilité ») pour financer ses déplacements personnels en train, location courte durée, taxi ; soit il conserve son véhicule de fonction, mais opte pour un modèle plus petit (et donc plus économique), et bénéficie parallèlement d’un crédit mobilité pour ses week-ends et vacances.
L’auto-partage doit encore convaincre
S’il est gestionnaire du parc de SFD, Emmanuel Rétif est aussi DRH du groupe. Dans un souci de bien-être de ses collaborateurs, il envisage un système proche de l’auto-partage pour 2013. « Je réfléchis à un nouveau service qui ne serait pas très coûteux pour l’entreprise, mais qui pourrait satisfaire les équipes et accroître leur motivation au travail », explique-t-il. L’idée serait de monter en interne un système de location de deux ou trois véhicules, que les collaborateurs pourraient réserver grâce à des boîtiers installés dans les voitures.
Pour 2013, la mobilité est aussi au centre des réflexions de Pernod. Avec cinq sites en France (Paris, Nantes, Lyon, Marseille, Bordeaux), le groupe a instauré un système de covoiturage maison. « Nous demandons à nos collaborateurs de regrouper leurs trajets et nous avons un site intranet des trajets qui permet à chacun de s’inscrire en fonction de ses besoins », détaille Luce Gellibert. L’auto-partage peut-il être un axe de développement chez Pernod ? « La solution est encore trop chère », répond la responsable de la flotte. Il y encore du pain sur la planche des prestataires. Christine Rabiet
Objectifs 2013 : une gestion sous contraintes
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