« La prise de conscience des entreprises a été progressive. La protection de l’environnement est devenue un sujet politique. Les chiffres publiés ont montré que les ressources fossiles se raréfiaient. En 2008, le pic de prix du baril de pétrole a aussi alerté les décideurs », rappelle Didier Blocus, responsable du développement véhicules électriques et ALD Sharing chez ALD Automotive.
Une fiscalité verte très incitative
Et pour les flottes, 2006 a marqué une étape historique : à cette date, la TVS a été indexée sur les émissions de CO2 et non plus sur la puissance fiscale. « Sur catalogue, explique Didier Blocus, un véhicule pouvait apparaître...
« La prise de conscience des entreprises a été progressive. La protection de l’environnement est devenue un sujet politique. Les chiffres publiés ont montré que les ressources fossiles se raréfiaient. En 2008, le pic de prix du baril de pétrole a aussi alerté les décideurs », rappelle Didier Blocus, responsable du développement véhicules électriques et ALD Sharing chez ALD Automotive.
Une fiscalité verte très incitative
Et pour les flottes, 2006 a marqué une étape historique : à cette date, la TVS a été indexée sur les émissions de CO2 et non plus sur la puissance fiscale. « Sur catalogue, explique Didier Blocus, un véhicule pouvait apparaître moins onéreux qu’un autre, mais en coûts complets, avec une fiscalité moins avantageuse, ce tarif pouvait s’envoler. » Une pression fiscale et environnementale qui s’est aussi renforcée avec l’arrivée du bonus-malus.
Jusqu’à l’apparition de cette fiscalité « verte », les actions liées à la mobilité durable pouvaient s’apparenter à du « green washing ». Les entreprises prenaient des mesures symboliques et communiquaient dessus pour se donner, à bon compte, une image vertueuse. Mais avec un prix du carburant en hausse et des mesures fiscales contraignantes, la prise de conscience s’est accélérée. Et les décideurs déploient des parcs automobiles et des solutions de mobilité durables d’autant plus facilement que la trésorerie de l’entreprise s’en ressent…
Dans son raisonnement, Philippe Noubel, directeur adjoint d’Arval, va au-delà de la seule fiscalité : « Les grandes entreprises sont maintenant tenues de présenter et d’argumenter leurs résultats de responsabilité sociétale et environnementale. Les flottes ne peuvent y échapper. » Les lois Grenelle 1 et Grenelle 2 sont passées par là et les sociétés cotées, et bientôt celles qui ne le sont pas, doivent publier leurs résultats en la matière. De plus, la loi introduit des exigences de transparence, de vérifiabilité et de certification par un tiers indépendant.
Pour verdir les flottes, les entreprises peuvent actionner de nombreux leviers, dont la mobilité électrique. Mais si celle-ci occupe la Une des journaux et des magazines depuis un ou deux ans, elle reste une solution en devenir. Selon les statistiques des immatriculations, les véhicules électriques pèsent moins de 1 % des ventes à l’heure actuelle.
L’électrique veut s’imposer au sein des flottes
Cependant, cette situation pourrait bien évoluer. « Les chiffres bruts ne rendent pas compte de la dynamique. Lorsque l’appel d’offres de La Poste et des vingt entreprises mené par l’Ugap a été lancé, les solutions n’existaient pas encore. L’impulsion est forte. À titre d’exemple, pour EDF, il s’agit d’une décision majeure qui vient de notre direction générale et s’inscrit sur le long terme », argumente Michel Couture, directeur de la mobilité électrique de l’opérateur public. Michel Couture met aussi en avant le coût de l’électrique : « Sur le TCO, l’équation économique est pertinente. L’appel d’offres de La Poste a posé comme principal critère de choix un coût d’utilisation équivalent au thermique. Dans ces conditions, le coût n’est pas un frein. La pire des choses serait de revivre la situation des années 1990 où l’électrique a disparu après une brève incursion. Pour rencontrer le succès, il faut étudier les usages avec soin et ne référencer des véhicules électriques que lorsqu’ils sont pertinents. Parallèlement, le conducteur doit être formé. Il doit notamment acquérir des réflexes pour optimiser la charge des batteries et brancher automatiquement la prise lorsqu’il retire la clé de contact », détaille Michel Couture. Avant de conclure : « Les deux-roues électriques sont rarement évoqués. C’est un tort car ils sont adaptés à certaines interventions et beaucoup moins chers à l’usage que leurs équivalents thermiques ».
Du côté des constructeurs, les plus optimistes, dont Renault, tablent sur 10 % du marché en 2020 pour l’électrique. Autrement dit, en 2020, 90 % du marché devrait encore être mobilisé par des véhicules thermiques. Pour lesquels les progrès les plus spectaculaires ont fait baisser les émissions de CO2, tout en conservant les capacités des moteurs. Si l’on considère le rapport entre le coût et le respect de l’environnement, le fameux downsizing permet aux diesels d’être les plus performants.
Des véhicules thermiques toujours plus vertueux
Pour les gestionnaires de flotte, ces progrès demandent aussi une veille informative renforcée. « Notre rôle est de les accompagner pour que les car policies soient revues de fond en comble et évoluent en fonction des nouveautés et des usages, observe Didier Blocus, pour ALD Automotive. Nous sommes en contact permanent avec les constructeurs et suivons au jour le jour leurs progrès techniques. »
À noter également qu’avec le référencement de véhicules moins puissants, les collaborateurs ont tendance à se sentir lésés. Pour continuer à les valoriser, les constructeurs ont développé des gammes spécifiques aux entreprises, avec des moteurs moins puissants contrebalancés par des équipements supplémentaires : GPS, kit Bluetooth, régulateur de vitesse, etc.
Parallèlement aux véhicules électriques en devenir, les hybrides ont fait leur apparition dans les flottes mais leur part reste limitée. Quant à l’E85, il est pénalisé par un réseau de distribution pour le moins atomisé. Parallèlement, la fiscalité joue un rôle prépondérant sur les ventes des véhicules fonctionnant au GPL. Une fiscalité encore bien floue, surtout en ce qui concerne la TVS, toujours en discussion au Sénat au moment où nous écrivons ces lignes.
Les leviers de l’éco-conduite et de l’auto-partage
Face à ces solutions en devenir, l’éco-conduite offre, hic et nunc, de diminuer les consommations de carburant et les coûts dus à la sinistralité. À travers des campagnes de sensibilisation et avec des outils adaptés pour suivre l’évolution des consommations, l’entreprise peut ainsi économiser 15 % sur sa facture de carburant. Avantage induit : la conduite est plus souple et plus calme et le nombre d’accidents recule. «Le suivi est essentiel pour maintenir les résultats, note Philippe Noubel, pour Arval. L’objectif n’est pas de réaliser un coup médiatique et d’arrêter. Cela étant, si rien n’est fait après la première action, les consommations remontent, tout en restant en dessous de la situation initiale.»
L’éco-conduite dans et hors de l’entreprise
Philippe Noubel met en avant un autre élément intéressant : « Les efforts de l’entreprise rejaillissent à l’extérieur avec l’éco-conduite. Ses principes se diffusent dans les utilisations personnelles des collaborateurs et, au-delà, dans le grand public. »
Autre service apparu sur le marché, l’auto-partage semble paré de toutes les vertus. Un véhicule reste immobilisé pendant 85 à 90 % du temps. Dans ces conditions, mutualiser ces ressources amène à les optimiser et à réduire la taille de la flotte. Si les véhicules gérés en pool existent depuis de nombreuses années, l’auto-partage apporte des technologies et services différenciants. Avec l’informatique embarquée, les procédures de réservation et de prise en main sont simplifiées et l’utilisation du véhicule est contrôlée en temps réel. En outre, l’auto-partage s’apparente à la LLD avec services puisque les opérateurs financent le véhicule, l’entretiennent, le nettoient, etc. L’auto-partage constitue aussi un tremplin privilégié pour tester l’électrique. L’autonomie de la batterie est contrôlée à distance et le gestionnaire peut savoir si le véhicule a été mis en charge ou non à son retour. La réservation peut se faire en fonction de l’autonomie et du parcours à effectuer : pour rouler 80 km, l’utilisateur ne pourra emprunter une voiture avec un niveau de charge de 30 km d’autonomie. Pour Philippe Noubel, d’Arval, l’auto-partage ne réduit pas l’empreinte environnementale d’une flotte. Selon lui, l’auto-partage optimise les moyens mais le kilométrage global reste identique. En revanche, Arval place de grands espoirs dans l’exploitation des données télématiques pour baisser les consommations et les émissions polluantes : « Avec les données du CAN BUS, l’exploitant peut anticiper les révisions ou les pannes et optimiser l’usage du véhicule. »
Aujourd’hui, Arval mène des expériences en ce sens et constate un engouement pour le sujet. Les entreprises passeront à l’acte d’autant plus facilement que les retours d’expérience se multiplieront. « L’outil télématique a un coût, insiste Philippe Noubel, mais il ne s’agit pas d’argent jeté par les fenêtres : les résultats sont au rendez-vous et les bénéfices supérieurs à l’investissement. »
Réfléchir à des déplacements hybrides
« Notre rôle est d’accompagner les clients pour que les car policies soient revues de fond en comble et évoluent en fonction des nouveautés et des usages. »Didier Blocus, responsable du développement véhicules électriques et ALD Sharing, ALD Automotive.
Les entreprises expérimentent aussi des modes de déplacements hybrides. Ainsi, Citroën propose un contrat de LLD qui associe un véhicule urbain, pour les trajets au quotidien, à un modèle familial pour les vacances. Dans le même ordre d’idée, ALD Automotive a déployé en Belgique un contrat de LLD qui associe un scooter trois-roues à un véhicule de fonction. Enfin, Carbox vient de dévoiler son crédit mobilité qui combine les avantages du véhicule de fonction et de l’autopartage à une enveloppe budgétaire annuelle pour les besoins privés en taxi, LCD et train.
D’abord, réviser la car policy
Il n’en reste pas moins que ces solutions n’en sont qu’à leurs prémices. Quelques grands groupes s’intéressent à l’électromobilité et à l’auto-partage, mais ils se comptent encore sur les doigts d’une main. Sachant que le plus facile à mettre en oeuvre et le plus efficace reste le travail d’optimisation de la car policy, avec un référencement des véhicules les plus sobres en fonction des utilisations.
«Nous proposons un ensemble de solutions à travers notre label Bluefleet, explique Didier Blocus pour ALD Automotive. Et nous restons pragmatiques : si une solution est facile à mettre en oeuvre avec des gains de CO2 et de carburant, nous la proposons à nos clients. Mais il est illusoire de penser que le véhicule électrique et l’auto-partage vont se substituer à tous les véhicules de la flotte. » Pour Arval, Philippe Noubel ne dit pas autre chose : « L’électrique comme l’hybride auront leur place, mais nous n’assisterons pas à un effet massif de substitution.»
La LLD en profonde évolution
Mais pour les loueurs longue durée comme les constructeurs, les plans de déplacement d’entreprise et le recours au mode de transport alternatif à la voiture génèrent une profonde remise en cause. « Notre métier ne va pas disparaître, conclut Philippe Noubel, mais notre ”business model” va évoluer. Si nous ne parlons pas de mobilité et de PDE à nos clients, nous n’exerçons pas notre mission de conseil. » Sous la pression économique et environnementale, l’univers des flottes automobiles et de la mobilité en général va connaître de profonds bouleversements. Davantage qu’une révolution violente, une évolution lente mais continue sur le long terme.
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