
« Nous n’avons pas de raison de changer d’assureur », affirme Loïc Ohier, directeur administratif et financier de Conseil Plus, une entreprise de conseil qui loue une quinzaine de véhicules depuis 2006. Cette PME ne s’est jamais posé la question de savoir s’il serait intéressant de confier cette prestation à son loueur, toute satisfaite qu’elle est de son assureur classique. Mais Conseil Plus est déjà une habituée de l’externalisation partielle puisqu’elle confie la gestion des pneus et du carburant à d’autres prestataires que ce loueur.
Pour sa part, Diagast, spécialiste de la transfusion sanguine, a tout intégré dans son contrat de location...
« Nous n’avons pas de raison de changer d’assureur », affirme Loïc Ohier, directeur administratif et financier de Conseil Plus, une entreprise de conseil qui loue une quinzaine de véhicules depuis 2006. Cette PME ne s’est jamais posé la question de savoir s’il serait intéressant de confier cette prestation à son loueur, toute satisfaite qu’elle est de son assureur classique. Mais Conseil Plus est déjà une habituée de l’externalisation partielle puisqu’elle confie la gestion des pneus et du carburant à d’autres prestataires que ce loueur.
Pour sa part, Diagast, spécialiste de la transfusion sanguine, a tout intégré dans son contrat de location. Tout, sauf… l’assurance : « Nous passons par un courtier qui mène des recherches et nous trouve des tarifs très compétitifs », explique Dominique Desbonnet, gestionnaire de flotte. Ces deux entreprises sont symptomatiques de la tendance des PME à préférer assurer leur flotte automobile chez leur prestataire classique, qu’il soit assureur, courtier ou agent.
Les PME privilégient l’assureur, le courtier ou l’agent
Les loueurs le reconnaissent eux-mêmes : « Les PME sont un peu réticentes à passer à la sous-traitance chez des loueurs, admet Guillaume Maureau, directeur général adjoint du développement commercial d’ALD Automotive. Notamment celles qui ont des activités industrielles et logistiques et travaillent avec des assureurs depuis longtemps », complète-t-il.
D’autres entreprises ne souhaitent pas dissocier leur assurance automobile de leur assurance générale, partant du principe qu’il est plus simple de recourir à un seul contrat. Toutefois, seules les petites entreprises, et même les TPE, sont véritablement « mono-contrat ». « Elles ont un comportement comparable à celui des particuliers, souligne Stéphane Quairet, responsable marketing de Covea Fleet. Mais dès lors que le parc automobile commence un peu à s’accroître, il faut procéder à une analyse de risque et prévoir une assurance qui lui soit propre ». La vraie question est là : comment analyser le risque et quelle solution d’assurance prévoir en conséquence ?
Analyser sa sinistralité, première étape de l’optimisation
L’analyse du risque permet de définir ses priorités. Les grandes entreprises peuvent se contenter de signer un contrat de responsabilité civile, obligatoire, et s’auto- assurer, à partir du moment où elles ont une visibilité directe des sinistres dans leurs comptes. Mais d’une manière générale, les PME ne peuvent aller trop loin dans cette voie parce qu’elles n’ont pas la capacité financière pour s’autoassurer. Il leur arrive cependant d’exclure du contrat d’assurance les bris de glace ou les petits sinistres de fréquence, comme les tôles froissées. « Il est souvent plus économique de supporter les coûts de réparation de ces sinistres plutôt que de les assurer », estime Stéphane Quairet. Fargas, par exemple, spécialiste des transports et des télécommunications, négocie tous les deux ans son contrat avec la Macif et évite les franchises pour bris de glace. Pour autant, ces décisions ne sont prises qu’à partir du moment où l’on sait analyser sa sinistralité, première étape avant de négocier un contrat.
Ceci posé, il n’existe pas de solutions génériques pour les PME dont les situations demeurent très variables. « Mettre en concurrence les différents assureurs en recherchant le bon équilibre entre l’étendue des garanties accordées (extension à des aménagements spécifiques, etc.), les niveaux de franchise et la sinistralité occasionnée par les véhicules, reste la seule façon d’aboutir à une offre sur mesure. Notre valeur ajoutée se situe dans notre capacité à adapter les garanties et les niveaux de franchise à la surface financière de l’entreprise », développe Édith Delahaye, responsable études et placements des flottes automobiles pour le courtier Verspieren.
Les PME gèrent les franchises au plus près
Les PME ont tendance à transférer au maximum le risque à l’assureur et de ce fait cherchent à fixer des franchises les plus basses possibles. En général, les franchises des véhicules utilitaires sont forfaitisées, au contraire de celles pour les poids lourds qui peuvent être fixées en pourcentage de la valeur du véhicule. « Des VU comme les véhicules frigorifiques vont bénéficier de contrats spécifiques », précise Édith Delahaye. Qui ajoute : « Les entreprises sont au fait de tout ce qui concerne les franchises et savent qu’une sinistralité dégradée entraîne une hausse tarifaire ». Certaines entreprises préfèrent d’ailleurs se passer de franchise, à l’image de Circet, spécialiste des réseaux de télécommunication. « Peut-être est-ce un tort, mais nous y trouvons des facilités de gestion », note Stéfan Kemsisian, directeur des achats. Des cas de plus en plus rares, selon Stéphane Quairet de Covea Fleet, que ces entreprises qui ne veulent pas assumer la moindre part de risque. Possible, mais à condition d’avoir, encore une fois, une excellente vision de son parc. Chose qui n’est pas si évidente pour des PME : « Elles ne peuvent pas mener un audit permanent », pointe Stéphane Quairet.
Le loueur offre une gestion complète de l’assurance
Dans ce contexte, avoir recours à un loueur peut être intéressant puisqu’il s’occupe de tout, y compris de surveiller la sinistralité. C’est un peu la brèche dans laquelle s’engouffrent les loueurs qui renforcent leur offre dans ce domaine. « L’approche TCO démontre l’importance du poste assurance dans le coût global de la gestion d’une flotte », affirme Antoine Journu, responsable moyennes entreprises et grandes relations chez Arval. Le loueur explique ainsi avoir étoffé son offre de façon à couvrir tous les aspects de l’assurance, courtage, placement sur la prime, expertise, réparation, etc. « 25% de nos contrats souscrivent aujourd’hui une assurance », poursuit Antoine Journu.
ALD Automotive avance pour sa part le ratio d’un contrat sur deux signé avec l’assurance. « Plus nous réalisons de volume en assurance, plus nous pouvons négocier les tarifs », assure Guillaume Maureau pour ALD. Qui rappelle vendre « non pas une assurance, mais une vraie politique véhicule », avec un suivi de la sinistralité grâce à des tableaux de bord communiqués deux ou trois fois par an. Les deux loueurs affirment disposer d’offres tout à fait compétitives comparées à ce qui se fait sur ce marché qualifié de très concurrentiel.
Réponse des spécialistes de l’assurance. « Un agent ne peut effectuer de mise en concurrence puisque mandataire d’un seul assureur en général. Un loueur proposera une offre packagée intégrant diverses prestations dont l’assurance, élaborée pour l’ensemble de ses clients. De ce fait, il devient parfois plus difficile pour la PME de connaître précisément les coûts du poste assurance tant en termes de prime que de sinistres », estime Édith Delahaye. Pour Bruno Larrieu, responsable du développement chez Covea Fleet, « les loueurs négocient avec les assureurs des offres packagées qui leur permettent de dégager des marges intéressantes sur des services complémentaires. En effet, leur domaine d’activité lié au financement est très concurrentiel. Et certaines entreprises, aux résultats techniques dégradés, trouvent dans ces formules packagées des solutions d’assurances opportunes ». Assureur, courtier ou loueur, faites votre choix !
ATTENTION À LA HAUSSE DES PRIMES D’ASSURANCE
« Cette année, plus encore que les précédentes, les PME sont à la recherche de baisse des primes, note Edith Delahaye, de Verspieren. Le marché de l’assurance invoque, quant a lui, la hausse constante du coût des réparations, celle du coût des sinistres corporels graves, et l’impact très important de la crise financière sur ses résultats, pour laisser entendre que des majorations tarifaires sont à attendre pour les renouvellements de fin d’année ». D’aucuns objecteront que la sinistralité globale ayant baissé depuis plusieurs années, les primes devraient aussi refléter cette tendance de fond. « Oui, il y a un peu moins de sinistres mortels, mais plus de dommages corporels, lesquels coûtent de plus en plus cher. Certains sinistres peuvent ainsi aller jusqu’a un, deux, voire trois millions d’euros », affirme Stéphane Quairet, de Covea Fleet. Cette prévision à la hausse se confirmera-t-elle ? Oui, assurément. Et elle pourrait peut-être perturber l’équilibre actuel du partage du marché entre prestataires traditionnels et loueurs longue durée.
Retour d’expérience
Agrial gère à part son assurance
Comme de nombreuses entreprises en location longue durée, Agrial, coopérative agricole couvrant plusieurs départements de l’Ouest de la France, a préféré dissocier la gestion de son assurance. « Nous avons un parc multiloueurs, avec aussi quelques véhicules restés en propriété, explique Damien Dessoude, responsable assurances et achats. Il nous est apparu plus simple d’assurer la flotte globale par nous-mêmes et d’avoir une mutualisation complète des véhicules ». Agrial fait ainsi appel à un courtier, démarche qui amène aussi à mieux contrôler la sinistralité de la coopérative. Quand survient un sinistre, celui-ci est d’abord déclaré en interne au service assurances et achats avant d’être transmis au courtier. « Cela nous permet de veiller au grain en quelque sorte, affirme Damien Dessoude.
Et par ailleurs, si nous externalisons la gestion de l’assurance, les collaborateurs vont se trouver face à une gestion anonyme ». Ce qui n’est sans doute pas souhaitable dans le domaine de la sinistralité. Autre élément qui concourt au maintien de la gestion interne de ce budget, le lien existant entre l’assurance et le logiciel de gestion de la flotte. « C’est même un point central, soutient Damien Dessoude. Grâce à ce logiciel, nous avons la maîtrise de la flotte et donc celle des coûts. Lorsque l’on ne connaît pas bien la flotte, le risque est de payer des primes sur plus de véhicules qu’elle n’en contient. Cela est déjà arrivé par le passé ».
Agrial en chiffres
• 2,171 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2009
• 500 véhicules gérés en LLD