
Le 3 mai dernier s’ouvrait l’exposition universelle de Shanghai. A cette occasion, un Citroën Berlingo « powered by Venturi » a pris la route pour rejoindre Paris. Le défi consiste à parcourir 14 000 km avec un véhicule électrique. Objectif : prouver la fiabilité et l’endurance des technologies électriques développées par Venturi et porter un message positif sur la viabilité du véhicule électrique. Pour renforcer la démonstration, il a été décidé qu’aucun véhicule d’assistance n’accompagnerait l’équipage. Cette aventure, placée sous le patronage de François Fillon et du Prince Albert II de Monaco, est l’un des derniers exemples des expérimentations...
Le 3 mai dernier s’ouvrait l’exposition universelle de Shanghai. A cette occasion, un Citroën Berlingo « powered by Venturi » a pris la route pour rejoindre Paris. Le défi consiste à parcourir 14 000 km avec un véhicule électrique. Objectif : prouver la fiabilité et l’endurance des technologies électriques développées par Venturi et porter un message positif sur la viabilité du véhicule électrique. Pour renforcer la démonstration, il a été décidé qu’aucun véhicule d’assistance n’accompagnerait l’équipage. Cette aventure, placée sous le patronage de François Fillon et du Prince Albert II de Monaco, est l’un des derniers exemples des expérimentations menées sur les moteurs hybrides et électriques.
Le 25 mars dernier, la principauté de Monaco a reçu les clefs d’une smart fortwo électrique qui vient enrichir une flotte composée presque exclusivement de véhicules électriques. L’accord conclu entre la principauté et Daimler AG porte sur la livraison de dix smart fortwo électriques et sur un échange régulier d’informations quant à l’usage et la perception de ces véhicules.
Des pilotes partout en Europe
Le constructeur allemand mène d’autres expériences à grande échelle sur le territoire européen. Ainsi, une centaine de smart électriques roule dans les rues de Londres, deux autres centaines de véhicules électriques, aux couleurs des marques du groupe, participent également aux expériences e-mobility menées à Berlin, Rome, Milan et Pise. Ces tests se font en partenariat avec les énergéticiens locaux : RWE à Berlin et Enel en Italie. Daimler AG teste aussi la pile à combustible à Hambourg et une station de distribution d’hydrogène à l’aéroport de Stuttgart.
En France, La Poste fait figure de précurseur sur ce dossier. Dans le passé, sa flotte a déjà compté plus d’une centaine de véhicules électriques alimentés par des batteries en plomb. Aujourd’hui, l’opérateur postal est à la tête d’une flotte de vélos à assistance électrique et de quads électriques, et travaille à la création d’un véhicule propre à trois roues. Premier chargeur français, La Poste favorise le ferroutage au détriment de l’avion et teste des poids lourds décarbonés. « D’ici à 2012, notre objectif est de réduire de 15 % nos émissions de CO2 par rapport à 2004 », explique Muriel Barnéoud, directeur général adjoint et directeur industriel du courrier.
La Poste en pointe sur l’électrique
En 2007, l’opérateur postal a lancé un appel d’offres pour la livraison de véhicules électriques. Or, le processus a pris du retard. « Au départ, reprend Muriel Barnéoud, seuls des constructeurs de taille moyenne ont répondu : le risque industriel était moins élevé pour eux que pour les constructeurs plus importants. Or, nous voulions un réseau de maintenance et de dépannage national et ces constructeurs ne pouvaient le garantir. » Finalement, La Poste a retenu deux constructeurs : Micro-Vett/Newteon associé à Fiat et Venturi Automobiles associé à PSA. La différence s’est faite sur le coût et les performances de la batterie et le Citroën Berlingo First électrique, conçu en collaboration avec Venturi, a été choisi. Les dix premiers exemplaires ont été livrés en janvier 2009 et 250 le seront au cours de cette année.
Des questions restent en suspens
Parallèlement, La Poste a créé un groupement d’achats avec de grandes entreprises publiques et privées et des collectivités territoriales pour atteindre un volume critique qui permettra de faire naître une offre compétitive et viable économiquement. L’Ugap a ainsi lancé une consultation qui porte sur 50 000 véhicules électriques à livrer à partir de fin 2011 et 100 000 à plus ou moins long terme.
« Le coût d’utilisation devra être équivalent à celui des véhicules thermiques, précise Muriel Barnéoud. Avec l’électrique, vous achetez l’énergie – la batterie –, en une seule fois car la recharge a un coût minime. Les questions portent donc sur cette batterie : comment se comporte-t-elle dans le temps, quelle est sa durée de vie, qui en porte le risque financier ? De plus, avec 50 000 véhicules, le problème des infrastructures de recharge se pose. Pour La Poste, dont les tournées sont programmées et la recharge assurée le soir au dépôt, ce point est moins impactant, mais les autres entreprises doivent obtenir des réponses. Et les infrastructures de recharge devront être suffisamment nombreuses pour correspondre à leurs usages. C’est un soutien indispensable à l’émergence du véhicule électrique, y compris pour les particuliers. »
Ces infrastructures sont au coeur de l’expérimentation menée par Toyota à Strasbourg. Près de 150 prises vont être installées par EDF pour assurer la recharge des 100 Prius hybrides rechargeables testées par des entreprises de la région. Ces points de recharge serviront aussi à alimenter les véhicules électriques que la ville de Strasbourg s’est engagée à acquérir par l’intermédiaire de l’appel d’offres de l’Ugap.
Strasbourg à l’heure électrique
Avec sept Prius hybrides rechargeables, Electricité de Strasbourg prend part au test de Toyota. Mais ces quelques unités ne représentent qu’une faible partie de la flotte électrique de l’entreprise puisque 15 % de ses 300 véhicules légers et utilitaires sont propulsés par un moteur de ce type. Les plus anciens modèles affichent quinze ans d’âge. Ce parc est composé de Kangoo Cleanova conçues par Dassault et Heuliez, de Peugeot Partner et 106 et de Citroën Saxo, soit la précédente génération testée par Renault ou commercialisée par PSA. Ces véhicules sont employés pour assurer la navette entre les sites de l’entreprise ou pour intervenir chez les clients en zone urbaine.
« Nous avons atteint notre objectif, note Pascal Bick, responsable du département logistique. En centre-ville, ces véhicules disposent de suffisamment d’autonomie, ne polluent pas et sont remarqués par la population pour leurs qualités environnementales. » Reste le coût d’utilisation, un élément sur lequel les entreprises attendent des réponses précises de la part des constructeurs. « Les batteries sont le principal poste de dépenses, reconnaît Pascal Bick. Pour Partner, 106 et Saxo, nous les louons à PSA. Avec un kilométrage annuel moyen de 9 000 km, le coût du véhicule électrique s’élève à 25 centimes du km contre 10 pour un modèle carburant au diesel. Dans le cadre du contrat de location, PSA change les batteries tous les trois à quatre ans. »
Effets d’annonce et propositions fermes
Aujourd’hui, Electricité de Strasbourg attend avec impatience la nouvelle génération de véhicules électriques : « Les offres se précisent, constate Pascal Bick, mais nous avons du recul sur les effets d’annonce et nous attendrons d’avoir des propositions fermes sur la table pour nous prononcer. Nous avons une volonté affichée de référencer des véhicules décarbonés, mais mais nous ne le ferons pas à n’importe quel prix . »
France Télécom souhaite également réduire l’empreinte carbone de sa flotte et a rejoint l’appel d’offres de l’Ugap. « Dans un premier temps, explique Philippe Tuzzolino, directeur de l’environnement, les véhicules électriques ne seront utilisés que pour des pacours de 50 à 100 km en centreville, avec un retour le soir dans un site adapté pour assurer la recharge. »
L’opérateur téléphonique avait déjà testé des Kangoo aménagées par Cleanova, mais avait notamment rencontré des limites sur l’autonomie des véhicules, note le directeur de l’environnement de France Télécom.
2010-2011, une période charnière pour les parcs électriques
« Nous avons testé la Peugeot Ion, nous nous intéressons aussi à la smart fortwo et nous attendons les modèles électriques de Renault. Nous n’avons toujours pas de réponses sur le TCO et sur le prix et le mode d’acquisition des batteries. J’aurais voulu avoir des offres immédiatement, mais nous sommes dans une période charnière et les réponses n’arriveront qu’en 2011 », conclut Philippe Tuzzolino.
C’est aussi en 2011 que Renault lancera ses premiers véhicules électriques. L’Alliance Renault-Nissan a déjà signé soixante accords dans le monde pour préparer les marchés à une commercialisation en masse. Bref, la révolution électrique est déjà en marche et elle passera d’abord par les entreprises.
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