
De même, les émissions de CO2 pèsent de plus en plus dans les choix des loueurs et des gestionnaires de parc. L’un dans l’autre, les constructeurs allemands s’imposent. Avec un double avantage : une meilleure image de marque et des technologies de pointe pour réduire la consommation des moteurs de forte cylindrée. Et malgré des prix plus élevés et des remises souvent moins généreuses, ils garantissent de meilleures valeurs résiduelles et d’excellentes performancesénergétiques.
« Le carburant pèse environ 25 % de notre TCO, confirme Sébastien Pozzi, pour Riso France (photo ci-contre). Par conséquent, notre priorité reste la consommation et le CO2, a fortiori sur les modèles les plus énergivores du segment M. Or les constructeurs allemands sont très forts dans la maîtrise du CO2 sur le haut de gamme. Les BMW Série 3 et 5 en versions 320d et 520d par exemple, que nous avons en parc, affichent des niveaux d’émissions records (à partir de 109 g) », ajoute ce responsable desmoyens généraux.
Autre adepte des marques allemandes, la société Vygon ne jure que par Audi et BMW sur les segments haut de gamme. « Le premium est un choix stratégique chez nous », précise José Sanchez, pour le service achats. « Grâce aux valeurs de revente plus élevées, nous y gagnons sur tous les plans et en définitive sur le TCO. Nous tirons ces enseignements d’études que nous réalisons régulièrement. Il existe en effet un écart de valorisation important entre une berline française classique et un modèle allemand premium. Pareil avec le CO2. Nous arrivons à évoluer autour de 130 g avec des Audi A6 V6 TDI ou des BMW Série 5 530d. Des performances énergétiques qui défient toute concurrence », conclut José Sanchez.
Le premium est germanique, malgré tout
Pour Pernod, Luce Gellibert partage cet attrait : « Volkswagen s’impose dans notre parc à partir des berlines routières, réservées à nos chefs de vente. La Passat reste notre produit phare ; elle s’avère fiable, très bien équipée et dotée d’un grand volume de coffre. Nos collaborateurs l’apprécient également pour sa qualité de finition et son confort. »
Mais Pernod n’oublie pas les marques françaises dans cette catégorie, puisque la nouvelle Peugeot 508 prend la deuxième place du classement. « Nous l’avons choisie d’abord par principe, pour encourager les constructeurs nationaux. Mais aussi pour sa ligne statutaire très réussie, en berline comme en break. C’est un produit valorisant pour nos collaborateurs, qui nous en font des retours très positifs. Au sommet, on retrouve l’Audi A4 berline et break Avant, en version 2.0 TDI. Plus petit et moins logeable, ce modèle premium présente aussi un surcoût certain pour l’utilisateur, mais il a du succès », remarque Luce Gellibert. Question d’image.
Chez Veolia Environnement, on met l’accent sur la sécurité, en particulier sur les modèles haut de gamme. « Nous avons des critères stricts dans ce domaine : tous nos modèles reçoivent au minimum l’ESP, le régulateur de vitesse, la téléphonie Bluetooth et un système de navigation, détaille Arnaud Willing-Salleron. Nous prenons aussi à notre charge des équipements de sécurité optionnels lorsqu’ils sont disponibles, tels que le freinage automatique d’urgence ou le régulateur de vitesse adaptatif. Tout ce qui améliore la sécurité de nos collaborateurs sur la route est à retenir. » Et conformément à la volonté de Veolia Environnement d’intégrer de l’hybride à tous les niveaux, la catégorie D donne entre autres accès à la Peugeot 508 en berline et break RXH et à la Citroën DS5 HY4.
Spécialiste du matériel de lutte anti-incendie, Eurofeu s’en remet à Renault pour la totalité de sa flotte, dans une logique mono-marque. « Au sommet de la pyramide, nous proposons des Laguna dCi 110 et cela nous suffit amplement. Ce modèle offre un excellent rapport prix/équipements. Et dans le cadre de notre accord avec la marque, nous bénéficions de conditions avantageuses. Le constructeur fait beaucoup d’efforts pour écouler ses stocks, notamment sur ce modèle où il fait preuve d’une force commerciale redoutable », souligne Alain Motz, secrétaire général d’Eurofeu.
Vers la remise en cause du véhicule statutaire
Du coup, Eurofeu n’a pas besoin d’aller chercher ailleurs pour ses véhicules de direction : « Nous n’obtiendrons jamais de meilleurs TCO. Cela fait seize ans que nous travaillons en exclusivité avec Renault et nous n’avons aucune raison de changer de partenaire. D’autant que nous avons jamais eu de problème avec le service après-vente ou la fiabilité des véhicules », argumente Alain Motz.

Bien que favorable aux énergies alternatives, le conseil général des Yvelines doit se résoudre au diesel pour ses véhicules de direction, faute d’offres convaincantes en GPL. « Nous venons de recevoir dans le parc sept Peugeot 508 eHDi 110 ch en remplacement des Peugeot 407 et Citroën C5, pointe Guy Consumi. Par rapport à la concurrence, l’avantage prix/CO2 nous a convaincus. Mais je n’ai pas ncore le recul nécessaire pour procéder à un premier bilan », complète le chef du service flotte automobile de la collectivité.
Toujours est-il que la situation n’est pas favorable à ce type de véhicules. « Il y a de fait une volonté de notre président de descendre en gamme vers des modèles plus compacts pour nos dirigeants, et ce pour des raisons budgétaires t environnementales. Il nous faudra aussi diminuer le nombre de voitures, mutualiser leur usage, baisser les dépenses de carburant, etc. », explique Guy Consumi. Si ce n’est pas la fin des voitures statutaires dans le secteur public, une évolution est bel et bien en cours.