
Ces derniers mois, la location moyenne durée (LMD) a pu tirer parti d’un contexte économique qui lui est favorable. « Notre raison d’être, c’est le manque de visibilité des entreprises, comme dans le cadre de recrutement de nouveaux collaborateurs. Et dans cette période d’incertitude économique, le besoin pour nos solutions de location s’est renforcé », estime Jean-Pierre Desgens, fondateur et président du spécialiste de la LMD Kéolease.
Mais plus largement et de façon moins dramatique, la LMD peut aussi servir de solution d’attente pour des véhicules loués en longue durée ou lors d’arbitrages budgétaires qui peuvent varier dans l’année, met...
Ces derniers mois, la location moyenne durée (LMD) a pu tirer parti d’un contexte économique qui lui est favorable. « Notre raison d’être, c’est le manque de visibilité des entreprises, comme dans le cadre de recrutement de nouveaux collaborateurs. Et dans cette période d’incertitude économique, le besoin pour nos solutions de location s’est renforcé », estime Jean-Pierre Desgens, fondateur et président du spécialiste de la LMD Kéolease.
Mais plus largement et de façon moins dramatique, la LMD peut aussi servir de solution d’attente pour des véhicules loués en longue durée ou lors d’arbitrages budgétaires qui peuvent varier dans l’année, met en avant Gérard de Chalonge, directeur commercial d’Athlon. En estimant que de manière générale, la quantité de véhicules loués en LMD correspond à 5 % du parc loué en LLD. Mais cette part pourrait continuer d’augmenter. « Nous atteignons une croissance de 30 % sur le produit LMD actuellement : les clients recherchent de la flexibilité comme avec le travail temporaire. Quand des entreprises ont du mal à se projeter sur le long terme, elles emploient la LMD aussi bien pour des véhicules d’attente d’embauche que pour des véhicules supplétifs lors d’un surcroît d’activité », décrit Gérard de Chalonge.
De la crise sanitaire au WLTP
La reprise hésitante de l’activité après la crise sanitaire n’est pas le seul facteur à inciter les entreprises à se tourner vers la LMD. Depuis le début de l’année, les évolutions liées au WLTP ont ainsi amené de nombreuses entreprises à repousser la révision des car policies. « Toutes les entreprises réfléchissent à une car policy sans surcoût depuis l’entrée en vigueur du WLTP. Et dans l’attente, des véhicules sont loués en LMD pour permettre des restitutions très kilométrées », pointe Gérard de Chalonge. Une tendance qu’observe aussi Hugues de Monteville, directeur de la mobilité et de l’exploitation pour ALD Automotive : « Les clients ont fait appel à nous parce que les car policies étaient suspendues dans l’attente notamment des nouvelles offres constructeurs. Si certains contrats de LLD ont été prolongés pour les véhicules les plus kilométrés ou les plus anciens, il y a eu un basculement vers la LMD. » Une situation qui a entre autres eu pour conséquence d’allonger la durée des contrats : « La durée moyenne de location est désormais de cinq mois et demi contre deux ou trois mois il y a plus de deux ans », indique Hugues de Monteville.
L’entrée en vigueur de la récente loi d’orientation des mobilités (LOM) va aussi dans ce sens : « Quand un collaborateur qui roule en diesel ne pourra plus entrer dans Paris en 2024, l’entreprise pourra trouver une solution avec un véhicule de moyenne durée, argumente Gérard de Chalonge. Car la LMD offre aussi d’accéder aux derniers véhicules des constructeurs, sans attendre un délai de fin de contrat souscrit sur une longue durée : c’est la possibilité de changer régulièrement ses véhicules pour qu’ils soient moins polluants ou plus récents », ajoute ce responsable.
Des flottes à verdir
Un constat que confirme Caroline Roj, responsable comptable et achats de S-Inter. « Nous ne sommes pas concernés par la LOM qui s’applique au-delà de 100 véhicules. Mais rien n’indique que ce plafond ne pourrait pas descendre et avec notre parc en croissance, nous demeurons attentifs à toutes les évolutions légales dans ce sens. Nos véhicules sont loués pour trois ans et 2021 pourrait être charnière en raison de leur renouvellement : nous prolongerons peut-être des contrats ou nous utiliserons la moyenne durée pour cette période de transition », expose cette responsable. À la tête d’une flotte de 43 véhicules, Caroline Roj utilise déjà la LMD lors des périodes d’essai des salariés (voir le témoignage).
Pour devancer ces attentes de leurs clients, le mix énergétique des loueurs évolue. « Alors que nous étions 100 % diesel en 2018, nous sommes dorénavant à environ 20 ou 25 % essence et 70 à 75 % diesel, constate Jean-Pierre Desgens chez Kéolease. Et nous renouvelons notre parc de 800 véhicules de 30 à 40 % en essence et en hybride ». On retrouve donc parmi les véhicules commercialisés par Kéolease des Toyota Yaris, C-HR et Corolla. « Nous les avons fait entrer dans la flotte fin 2019, précise le responsable. Nous avons retenu ces modèles parce que nous avons du recul sur leurs valeurs de revente et que la clientèle leur fait un bon accueil. »
La LMD pour tester
Chez ALD, Hugues de Monteville annonce une proportion de 10 % d’achats en motorisations « alternatives » lors du renouvellement du parc en LMD. Sur 8 000 voitures, ce parc comprend maintenant 800 véhicules électriques et hybrides, un chiffre qui devrait atteindre les 1 500 d’ici la fin d’année. Et pour les véhicules de remplacement des contrats de LMD comme de LLD, le loueur possède aussi un volant de véhicules électriques : « Ils sont proposés pour des périodes courtes de quatre à cinq jours, quand le client peut rouler sans les recharger », complète Hugues de Monteville.
Dans une période de transition, la LMD peut d’ailleurs constituer une opportunité pour les entreprises de s’essayer aux motorisations alternatives. « Les clients peuvent tester les hybrides sans s’engager sur de longues durées », avance Jean-Pierre Desgens pour Kéolease. « La LMD se prête à la transition énergétique parce qu’elle reste un moyen de s’approprier l’électrique ou l’hybride », note de son côté Karen Brunot, directrice marketing et digital d’Arval, aussi responsable de la branche du loueur Arval Moyenne Durée. Et à l’instar de ce qui se pratique dans la LLD, les prestataires développent les conditions nécessaires pour que les entreprises puissent choisir ces motorisations. Ce qui passe par le conseil : « Nous sommes très prescripteurs sur l’hybride. Pour 50 000 km par an par exemple, nous refusons l’hybride », explique Jean-Pierre Desgens. Mais la tâche n’est pas évidente. « Les clients n’ont pas toujours une bonne visibilité sur l’usage de leurs véhicules », relève ce responsable de Kéolease.
Les offres des loueurs
Mais comme pour la LLD, des prestations, comme les offres combinées de véhicules électrique et thermique en moyenne durée, facilitent aussi le recours aux nouvelles motorisations. Chez ALD, la solution s’appelle ALD Switch, e-flex chez Arval. « Le conducteur d’un véhicule électrique bénéficie d’un modèle thermique pour un certain nombre de jours. Avec une location de douze mois, le conducteur peut ainsi rouler 60 jours en véhicule thermique – pour un modèle plus grand, pour un parcours longue distance, etc. Nous avons augmenté la durée de jours en thermique depuis que nous avons lancé ce service », décrit Karen Brunot. Autre dispositif : les solutions de cartes de paiement pour faciliter la recharge : « Nous avons noué des partenariats pour des cartes de recharge attribuées aux véhicules loués en moyenne ou longue durée », poursuit Karen Brunot. À noter que sur ce sujet des motorisations vertes, les loueurs de courte durée ne sont pas en reste, à l’image d’Europcar et de son offre Drive and Charge (voir l’encadré).
Enfin, outre les motorisations alternatives, une autre catégorie de véhicules connaît un indéniable développement en LMD : celle des utilitaires. Avec la crise sanitaire, la demande croissante de livraisons à domicile a joué un rôle en faveur des flottes d’appoint. « Nous développons l’offre d’utilitaires pour des volumes de 6 à 20 m³ de type Kangoo, Berlingo ou Master, souligne Hugues de Monteville pour ALD. La demande est forte et nous avons du mal à fournir. » Ce responsable estime aujourd’hui à un peu moins de 6 % la part de sa flotte en VU.
Les VUL à la manœuvre
Et sur ce segment des VUL, les prestataires de LCD sont aussi bien présents. « La location d’utilitaires est celle qui a le mieux résisté face à la crise. Il y a eu un afflux de demandes pour des VU de 6 à 8 m³ », rappelle François Laurain, directeur commercial et marketing d’Europcar Mobility Group (voir aussi l’encadré). Qui ajoute : « Nous sommes partenaires commerciaux des loueurs longue durée, nous ne voulons pas les affronter commercialement sur l’offre de LMD. »
Pour répondre à cette demande de VU, Europcar Mobility Group a mis au point un service : une prestation de location avec un chauffeur en intérim. « Nous offrons ainsi un renfort aux sociétés de distribution alimentaire pour assurer les livraisons à domicile quand elles n’arrivent pas à répondre aux besoins avec leur propre flotte », justifie François Laurain. À la différence des contrats de moyenne durée, il s’agit de locations mensuelles renouvelables. Les véhicules du loueur sont même parfois déshabillés de leurs logos pour effectuer leurs missions, tandis que les équipes d’Europcar s’organisent pour mener à bien les vérifications régulières de l’état des véhicules pendant la location. Une prestation qui remodèle encore un peu les contours de la location de moyenne ou courte durée.