Dossier Location courte durée : à la recherche des électrons

Location courte durée : à la recherche des électrons
Le CNPA milite pour l’électrification

Location courte durée : à la recherche des électrons

Dans un environnement particulièrement chahuté, les différentes enseignes de la location courte durée continuent à investir. Elles ménagent ainsi une place grandissante aux véhicules hybrides et électriques pour répondre à de nouveaux modes d’utilisation de leur clientèle. Tout en enrichissant leurs prestations et en étendant leurs réseaux malgré la crise.

par Éric Gibory -

3 juin 2022

- Magazine N°278

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Plus que d’autres secteurs, le marché de la location de courte durée (LCD) a souffert de la pandémie. Les confinements et les restrictions des déplacements et des voyages ont pesé sur les résultats des acteurs du secteur. Et la crise des semi-conducteurs n’a pas amélioré la situation. Pour faire face dans cette période délicate, les loueurs de courte durée réduisent la taille de leurs parcs : en janvier et février 2022, les immatriculations réalisées par les différentes enseignes ont reculé de 34,5 % pour les véhicules particuliers et de 27,6 % pour les utilitaires légers.

Stellantis à la manœuvre

Face aux loueurs courte durée...

Stellantis à la manœuvre

Face aux loueurs courte durée indépendants, les constructeurs misent leurs réseaux. C’est le cas de Free2Move. Spécialiste de la mobilité, cette marque du groupe Stellantis a créé la marque Rent en 2019. Aujourd’hui, cette offre couvre 170 pays à travers des franchisés, des concessionnaires et des partenaires. Free2Move Rent donne accès à plus de 400 000 véhicules disponibles à la location à la journée.

Free2Move poursuit aussi sa croissance sur ce marché et vient de se porter acquéreur d’Opel Rent. Grâce ce rachat, Free2Move prend le contrôle de 1 000 agences en Allemagne et en Autriche. Opel Rent s’appuie sur un réseau bien établi en Allemagne où la marque est connue pour sa flotte diversifiée qui inclut notamment de nombreux modèles électriques.

Leasys 100 % électrique en 2027

Toujours dans le groupe Stellantis et dans le cadre d’une co-entreprise avec le Crédit Agricole, Leasys a pris le contrôle d’ER Capital LTD au cours de l’été 2021. L’entreprise opère ainsi sous le nom d’Easirent au Royaume-Uni à travers un réseau de vingt agences. Grâce à ce rachat, Leasys renforce sa présence sur le territoire britannique où elle compte parmi les vingt plus grands fournisseurs de location. Implanté dans douze pays européens dans le secteur de la LLD, ce spécialiste de la mobilité commercialise aussi de la location courte et de la moyenne durée en Italie, en France et en Espagne.

À l’image des professionnels de la location courte durée, Leasys s’est lancé dans une vaste opération d’électrification. La flotte de véhicules en location courte durée de cette filiale de FCA Bank sera électrique à 75 % d’ici 2024 et à 100 % d’ici fin 2027. À cet horizon, le parc en courte, moyenne et longue durée comptera 500 000 véhicules.

Leasys en charge

En parallèle, d’ici trois ans, les 1 000 points de charge rapide existants en Europe seront triplés pour atteindre plus de 3 000 bornes dans les douze pays où Leasys opère : Autriche, Belgique, Danemark, France, Allemagne, Grèce, Italie, Pays-Bas, Pologne, Portugal, Royaume-Uni et Espagne.

Leasys met en avant des solutions de mobilité adaptées aux véhicules électriques et a placé une obligation verte de 500 millions d’euros qui arrivera à échéance en juillet 2024. Cette opération a permis de lever 2,3 milliards d’euros auprès de 129 investisseurs. Les recettes serviront à financer l’expansion de la flotte à faibles émissions et le réseau de bornes de recharge rapide.

Sixt branche sa flotte

L’électrification est également à l’œuvre chez Sixt. Ce loueur mise sur un large éventail de modèles zéro émission et ce, de la petite citadine comme la Fiat 500e au SUV comme le Peugeot e-2008, en passant par le monospace familial tel que le Mercedes EQV, sans oublier les sportives comme la Porsche Taycan. « Avec cet investissement, nous avons pris de l’avance sur les obligations de la loi d’orientation des mobilités (LOM), explique-t-on chez Sixt. Mais surtout, cette stratégie vise à proposer une offre à un nombre croissant de particuliers et d’entreprises qui s’intéressent chaque jour davantage à l’électromobilité bien que des freins à l’usage persistent. » Résultat : chez Sixt, 80 % des catégories de VP peuvent se louer en versions 100 % électriques et 100 % des catégories existent en versions électrifiées hybrides ou électriques.

Une offre de recharge

La démarche de Sixt embrasse l’ensemble de l’écosystème électrique. Le loueur a signé un accord de partenariat avec le service communautaire de localisation de bornes de recharge publique Chargemap pour que ses clients puissent recharger facilement les véhicules de location. Ces clients peuvent ainsi acheter en agence ou en ligne un badge Chargemap au prix préférentiel de 9,90 euros. Ce passe donne accès à plus de 150 000 points de charge à travers l’Europe. En France, Chargemap est compatible avec 70 % des bornes. Et au cours des prochaines années, Sixt va investir plus de 50 millions d’euros dans le déploiement de ses propres solutions de recharge. Dans l’Hexagone et d’ici la fin d’année, plus de la moitié des agences du loueur, soit 85 % de l’activité, s’équiperont de bornes, contre 30 % actuellement.

Des véhicules immobilisés pour Ucar

Selon Ucar, « l’assèchement de l’offre de véhicules s’accompagne d’une flambée des prix. » Ce loueur de courte durée a donc mené une action originale pour lutter contre cette raréfaction de véhicules. L’idée consiste à aller chercher des voitures immobilisées, de les intégrer à la flotte d’Ucar et de les louer dans les mêmes conditions. Avec ce parc agrandi, Ucar répond à la demande croissante lors des périodes de vacances, tout en versant un revenu minimum aux propriétaires de ces voitures. Contrôlés, nettoyés, tous les véhicules sont assurés pendant toute la durée durant laquelle ils sont « mis en pension » chez Ucar. « Il faut passer de l’idée de posséder une voiture à la voiture comme un service, que l’on peut employer uniquement quand on en a besoin », explique Jean-Claude Puerto, P-DG et fondateur d’Ucar.

Lancée dès 2019, cette offre a permis de récupérer 200 à 300 voitures au cours de l’été 2021. « De cette manière, nous refusons de céder à l’inflation des prix et nous garantissons une offre plus importante de véhicules disponibles, continue Jean-Claude Puerto. Demain, nous espérons ne plus avoir à mener ce type de campagne tellement partager sa voiture sera entré dans nos habitudes. »

500 agences pour Rent A Car

Certaines enseignes traversent les crises sans dommage majeur : le covid-19 n’a pas freiné le développement du réseau de Rent A Car. Concentré sur la location de proximité, l’enseigne a profité d’une activité soutenue en matière de VUL et de véhicules de remplacement auprès des compagnies d’assistance et de location moyenne durée.

Le réseau Rent A Car se compose de succursales et de franchisés. Pour ces derniers, la location de courte durée constitue une activité principale ou complémentaire. Ces trois dernières années, 37 agences ont vu le jour dont 19 en franchise.

Désormais, Rent A Car compte 488 agences dont 156 succursales, 167 exploitées par des franchisés et 51 agences franchisées en activité complémentaire. À cela s’ajoutent les 114 agences franchisés Aixam by Rent A Car, réseau de location de véhicules sans permis. En dépit de la crise sanitaire, le chiffre d’affaires des franchisés s’est accru de 24 % entre 2019 et 2021, et de 32 % entre 2020 et 2021. Dans ce contexte, Rent A Car entend renforcer son maillage territorial et franchir le cap des 500 agences d’ici à la fin d’année.

Des VUL en libre-service chez Fraikin

Spécialiste de la LLD des poids lourds et des utilitaires, Fraikin lance un service de location courte durée entièrement numérisé et sécurisé. Baptisée My e-Rent et réservée aux utilitaires, cette offre intègre tout le processus commercial et technique. My e-Rent s’appuie sur une solution technologique développée par TrucksMe, qui permet au client final de suivre un parcours entièrement numérique pour réserver, payer, créer son compte, verser une caution, ouvrir et fermer le véhicule, en réaliser un état des lieux, gérer les dépassements et recevoir la facture. Imaginée en 2019, la solution a demandé deux ans de développement pour aboutir à un premier déploiement sur 450 véhicules et à une offre de service clé en main désormais opérationnelle.

Conçu pour les marchés BtoB et BtoBtoC, cette prestation a été adoptée sous forme de pilote par Kingfisher pour ses réseaux Brico Dépôt et Castorama. Cet exemple s’inscrit dans une tendance lourde du secteur de la location de courte durée où le libre-service tend à devenir un standard pour contrer la poussée de l’autopartage.

Enterprise investit l’autopartage

Autre intervenant sur le marché de la courte durée, Enterprise a pareillement ouvert de nouvelles agences à Bordeaux, Toulouse et dans le sud de Paris. Et en 2022, ce loueur courte durée compte ouvrir une vingtaine d’implantations. Enterprise détient plus de 155 agences en propre en France où il exploite plus de 15 000 véhicules dont plus des trois quarts achetés auprès des constructeurs français.

Après les États-Unis et le Royaume-Uni, Enterprise lance son service d’autopartage Car Share dans l’Hexagone. Destinée aux entreprises, cette solution offre aux professionnels d’accéder automatiquement à une gamme de véhicules à faibles ou zéro émission grâce à un système de réservation en ligne ou une application. L’offre est disponible sur site à tout moment et ce, 24 h/24 et 7 j/7.

Les bénéfices du partage

Avec Car Share, Enterprise met en avant plusieurs bénéfices pour une entreprise cliente : le coût des remboursements au kilomètre recule de 25 %, le périmètre de la flotte peut se réduire et son taux d’utilisation augmenter de 70 %. Les coûts d’entretien, de réparation et de nettoyage partent aussi à la baisse. Enfin, l’automatisation de la réservation et de la facturation limitent les tâches administratives. Pour leur part, les salariés évitent l’usure de leur voiture personnelle. Réservés à l’avance ou à la dernière minute, les véhicules s’empruntent et se restituent sans attente. Enfin, le véhicule obtenu est conforme à celui réservé. Au Royaume-Uni, une étude réalisée par Como UK montre que chaque véhicule partagé via Car Share amènerait à supprimer 18,5 véhicules privés sur les routes et donc à diminuer les embouteillages et à améliorer la qualité de l’air.