Chaque année, la clientèle des entreprises représente entre 40 et 60 % de l’activité des loueurs de courte durée. Une clientèle stratégique puisqu’elle permet d’assurer une activité tout au long de la semaine alors que les particuliers ont essentiellement recours à la location courte durée durant les week-ends et les vacances scolaires.
En 2012, le volume réalisé par les particuliers a progressé alors que l’activité liée aux entreprises a reculé de 2 %. « La crise économique a un impact important sur cette activité », explique André Gallin, président de la branche des loueurs au CNPA (Conseil national des professions de l’automobile)...
Chaque année, la clientèle des entreprises représente entre 40 et 60 % de l’activité des loueurs de courte durée. Une clientèle stratégique puisqu’elle permet d’assurer une activité tout au long de la semaine alors que les particuliers ont essentiellement recours à la location courte durée durant les week-ends et les vacances scolaires.
En 2012, le volume réalisé par les particuliers a progressé alors que l’activité liée aux entreprises a reculé de 2 %. « La crise économique a un impact important sur cette activité », explique André Gallin, président de la branche des loueurs au CNPA (Conseil national des professions de l’automobile) et directeur des franchisés et de la communication d’Hertz en France. André Gallin constate également que les entreprises louent des véhicules moins onéreux et sur des périodes plus courtes : la durée moyenne s’établit à moins de 2,5 jours pour les entreprises, contre 4,2 jours pour les particuliers.
Les loueurs dans la bataille des prix et des services
Pour l’ensemble des spécialistes de la mobilité des entreprises, le constat est identique : les sociétés restreignent leurs frais de déplacement pour optimiser leurs coûts de fonctionnement. « Une analyse partagée par les transporteurs aériens », précise André Gallin. De fait, si les collaborateurs continuent à voyager, les entreprises cherchent à alléger leurs budgets. Face à ce constat, les acteurs de la location courte durée se livrent à une véritable guerre des prix. « Cette concurrence exacerbée et les négociations de plus en plus musclées entraînent les tarifs vers le bas », constate André Gallin. L’arrivée de l’américain Enterprise sur le territoire français via le rachat de National Citer au groupe PSA renforce encore cette guerre et entame les marges.
Pour se différencier, les loueurs jouent aussi la carte des services pour aider les collaborateurs des entreprises à gagner du temps, avec par exemple une facturation centralisée. « Les développements tournent autour de la dématérialisation des échanges », confirme André Gallin. Ils mettent aussi des services Jockey à disposition et travaillent sur l’automatisation de la prise en main grâce à des boîtiers RFID sur le modèle de l’auto-partage.
La moyenne durée s’impose auprès des entreprises
Dans ce contexte difficile, la branche des loueurs du CNPA observe pourtant une croissance de la location moyenne durée, sur des périodes allant d’un à onze mois pour les véhicules. Les études indiquent en effet un chiffre d’affaires en hausse de 3 à 4 % pour cette activité. « Lorsqu’une grande entreprise veut mettre en place un contrat de location longue durée, elle doit attendre un certain temps pour obtenir son véhicule, reprend André Gallin. Et si elle anticipe la restitution, elle paie des pénalités. La moyenne durée offre une flexibilité importante et répond à la volonté des entreprises de ne pas immobiliser leur trésorerie. »
Kéolease, un pionnier sur un marché émergent
Ce marché émergent attise les convoitises. Face aux loueurs de courte durée, les spécialistes de la longue durée proposent des contrats sur des durées raccourcies. Et à l’image de Kéolease ou de Louvéo, de nouveaux acteurs se spécialisent sur les durées intermédiaires.
« Kéolease a été le premier à se focaliser sur une offre de location moyenne durée à destination des entreprises », affirme Jean-Pierre Desgens, son président. Les contrats ne comportent aucun engagement dans la durée. Sans pénalités et sans préavis, l’entreprise peut restituer à tout moment son véhicule.
Kéolease a aussi développé des loyers dégressifs, avec une baisse de 15 % au bout d’un an de location. Par exemple, pour une compacte 5 portes et 50 000 km annuels, la formule Kéo’Zen affiche ainsi un loyer en diminution d’un mois sur l’autre : 708,38 euros le premier mois, 672,25 le sixième mois et 600 le douzième.
En fin de contrat, ce spécialiste de la moyenne durée rembourse l’entreprise si le véhicule a parcouru moins de kilomètres que prévu. A contrario, l’entreprise s’acquitte des kilométrages supplémentaires selon une grille annexée au contrat. « Contrairement aux loueurs classiques qui facturent les kilomètres supplémentaires et ne remboursent pas ceux non réalisés, notre formule apporte un maximum de souplesse », argumente Jean-Pierre Desgens.
Selon Kéolease, la location moyenne durée répond à des besoins précis : recrutements, périodes d’essais, missions ponctuelles, attente de véhicules neufs, etc. Parallèlement, la location moyenne durée s’apparente à la longue durée par ses services : entretien, assurance, pneumatiques, assistance ou encore reporting.
Autre spécialiste de la location moyenne durée, Louvéo est une filiale d’Arval, loueur de longue durée, lui-même entité du groupe BNP Paribas. « La location moyenne durée constitue un métier à part entière, plaide Philippe Botton, directeur général de Louvéo. Nous travaillons en direct avec les entreprises ou nous intervenons pour le compte d’Arval sous forme de marque blanche. »
Alors que la durée moyenne d’utilisation d’un véhicule s’établissait à onze mois en 2012, elle se réduit sensiblement et se stabilise à neuf mois aujourd’hui. Louvéo observe une demande plus importante sur les citadines, les berlines compactes et les véhicules fiscaux. Les véhicules en moyenne durée sont attribués principalement à des forces commerciales supplétives et à des intérimaires embauchés pour des chantiers limités dans le temps.
La LMD pour des contrats professionnels ponctuels
Auparavant, les artisans devaient soit faire appel à la location courte durée, plus onéreuse, soit s’engager sur deux à trois ans avec un spécialiste de la location longue durée, avec des risques de pénalités élevées en cas de restitution anticipée. « Il existe un vivier important qui n’a pas été exploité jusqu’en 2009-2010, note Philippe Botton. L’environnement professionnel a changé avec la multiplication des contrats signés pour des durées ponctuelles. »
Contrairement à d’autres acteurs, Louvéo estime que la progression de la moyenne durée n’est pas liée aux difficultés économiques rencontrées par de nombreuses entreprises. Cette formule s’inscrit dans l’évolution des orientations stratégiques des ressources humaines et répond aux besoins pour des contrats à durée déterminée et pour l’intérim. Philippe Botton va même plus loin : « La crise peut nous desservir. Si une entreprise met en place des mesures de restrictions budgétaires, elle ne va pas s’intéresser à la moyenne durée, mais utiliser des véhicules non attribués de sa flotte en longue durée. »
Face à la courte durée, la moyenne durée met en avant la compétitivité de ses tarifs. Pour une citadine et à kilométrage équivalent, Louvéo évalue à 650 euros le loyer en courte durée contre 420 en moyenne durée et 350 en longue durée. « La moyenne durée s’apparente à la courte durée par sa flexibilité et sa proximité, et à la longue durée par les services et le reporting offerts aux entreprises », explique Philippe Botton À noter que les véhicules de Louvéo sont issus des loueurs de courte durée ou des immatriculations réalisées par les constructeurs pour leurs propres usages. Leurs valeurs ont déjà été dépréciées. Ces véhicules ne doivent pas être âgés de plus de deux ans et demi et leurs kilométrages rester en-deçà de 50 à 60 000 km. Ils sont ensuite revendus sur le marché de l’occasion. Moins élevée que pour les loueurs de courte durée, la dépréciation autorise des tarifs plus compétitifs sur 6 à 24 mois.
Depuis deux à trois ans, le Syndicat national des loueurs de voitures en longue durée constate une demande croissante des entreprises pour la moyenne durée.
Des modèles économiques en devenir
« Pour les loueurs, estime le SNLVLD, ce phénomène nécessite une adaptation importante. Il leur faut imaginer de nouveaux modèles économiques. Les loueurs de courte durée, poursuit le SNLVLD, proposent des durées d’un à onze mois quand les loueurs de longue durée établissent des contrats sur six à douze mois. Certains offrent des véhicules neufs, d’autres des véhicules d’occasion spécialement reconditionnés. Certains créent des entités spécialisées quand d’autres incluent la location moyenne durée dans leur catalogue de services. » Mais quel que soit le modèle économique choisi, tous les acteurs ont les yeux braqués sur cette offre émergente. Face à un marché du véhicule d’entreprise qui fait grise mine, ce segment voit ses chiffres progresser d’année en année. Dans ces conditions, pas étonnant que l’ensemble des acteurs cherchent à tirer son épingle du jeu en déployant des offres spécifiques.
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