
LA CARTE DES SERVICES
« Les clients intègrent toujours plus de prestations dans les contrats et abandonnent le saucissonnage, une tendance en croissance il y a quelques années, qui les amenaient à conserver en interne certains services ou à les externaliser auprès d’autres prestataires que les loueurs », souligne Cédric Marquant, directeur marketing et business development d’Alphabet.
« Les clients ont testé mais ils souvent déçus. Commander des pneus en ligne et les faire monter dans un garage où l’accueil est souvent froid car les pneus ont été achetés ailleurs, cela n’est pas facile à gérer. Et avec le reporting et la comptabilité, la...
LA CARTE DES SERVICES
« Les clients intègrent toujours plus de prestations dans les contrats et abandonnent le saucissonnage, une tendance en croissance il y a quelques années, qui les amenaient à conserver en interne certains services ou à les externaliser auprès d’autres prestataires que les loueurs », souligne Cédric Marquant, directeur marketing et business development d’Alphabet.
« Les clients ont testé mais ils souvent déçus. Commander des pneus en ligne et les faire monter dans un garage où l’accueil est souvent froid car les pneus ont été achetés ailleurs, cela n’est pas facile à gérer. Et avec le reporting et la comptabilité, la situation devient plutôt compliquée. Je remarque une évolution semblable pour la gestion des sinistres », argumente Gérard de Chalonge, directeur commercial d’Athlon.
« À un moment, séparer les prestations n’a plus de sens car cela retire la facilité de gestion qu’offre la LLD, défend pour sa part Vincent Hauville, directeur général délégué de Diac Location, captive de Renault. De fait, de nombreux clients étaient suspicieux sur le coût réel de nos prestations. Grâce aux efforts de transparence et d’information de la profession, nous leur faisons comprendre l’intérêt de regrouper les services. »
Des offres sur mesure
« Les clients associent en moyenne quatre à cinq prestations. L’entretien et l’assistance rejoignent le package dans 99 % des cas et les pneus dans 75 % », note Guillaume Maureau, directeur général adjoint d’ALD Automotive France. Pour ce dernier, une prestation progresse fortement : la gestion des amendes avec 15 000 contrats qui l’intègrent déjà. Le PV arrive alors directement au domicile du conducteur.
« Cette prestation se double d’un retour au gestionnaire du parc qui reçoit un reporting régulier, avec le nombre d’amendes et leur nature pour chaque conducteur. Avec en moyenne 1,7 PV par collaborateur et par an, cela facilite la vie du gestionnaire. Nos clients ont de moins en moins de responsables dédiés à la flotte en interne et s’aperçoivent donc de l’intérêt d’associer un grand nombre de prestations », explique Guillaume Maureau.
Toujours dans cet esprit, le loueur a développé ALD conciergerie, une prestation premium de prise en charge du véhicule jusqu’à son retour au bureau ou au domicile du conducteur selon ses disponibilités, lors d’un entretien ou d’un changement de pneus.
« La vente de prestations fonctionne bien, confirme Christophe Lepont, chef du département marketing et stratégie fleet chez Volkswagen Group Fleet Solutions. Nous avons notamment lancé une offre d’assurance qui évite au client d’avancer des franchises en cas d’accident et le décharge complètement de la gestion des sinistres. »
L’objectif prioritaire chez Volkswagen : fluidifier la relation avec les clients. « Ainsi, ils ont accès à un réseau spécifique de Fleet Centers qui comprennent mieux leurs attentes et sont ouverts sur des créneaux horaires élargis », poursuit Christophe Lepont.
Simplifier la gestion de flotte
Outre la gestion automatisée des amendes que proposent désormais les grands loueurs et qui trouve rapidement une clientèle, toute une série de petits services sont commercialisés. « Pour nos clients, nous avons géré la commande des vignettes Crit’Air. Au-delà de la location et de la prestation de services, les loueurs prennent en charge des tâches administratives pour leurs clients », avance Christophe Lepont.
Ce dernier y voit une évolution de la place des loueurs : « Nous devenons des fournisseurs de services à valeur ajoutée, des facilitateurs pour des clients en demande de plus de prestations et de plus d’optimisation pour gagner du temps. Réaliser l’entretien et changer les pneus de sa voiture au même endroit, selon le principe du “one stop shopping“, constitue un vrai plus. D’où cette tendance à revenir aux solutions packagées les plus complètes possibles. »
L’ÉLECTRIQUE MAINTIENT LE CAP
« Notre part de marché sur les véhicules électriques en LLD a beaucoup augmenté entre 2015 et 2016. C’est une source de satisfaction car nous misons sur l’accompagnement vers les nouvelles mobilités. L’arrivée des dernières Zoé à l’autonomie accrue devrait encore renforcer cette croissance », anticipe Cédric Marquant pour Alphabet. Depuis 2013, le loueur a développé la prestation AlphaElectric pour aider les entreprises à adopter des véhicules électriques.
De son côté, Diac Location offre une formule équivalente, le Véhicule Liberté, pour un tarif mensuel forfaitaire. Dans la droite ligne de ces pionniers, Athlon, dont 2 % des véhicules en parc sont des hybrides et 1 % des électriques, lance sa solution FlexDrive, et ALD Automotive le service ALD switch.
Et si tous les conducteurs réclament du thermique pendant les congés ou les week-ends ? « Nous faisons appel à notre flotte de LMD surtout utilisée pour des missions ou lors de surcroîts d’activité, c’est-à-dire hors du créneau estival. La seule contrainte consistera à réserver avec environ deux mois d’avance », répond Guillaume Maureau pour ALD.
Électrique, le pari de l’autonomie
« Ce type de formule se veut un argument de plus pour passer à l’électrique alors que l’autonomie de notre dernière Zoé va certainement changer la vision de cette motorisation », espère Vincent Hauville qui note un nombre important de commandes pour ce modèle.
Volkswagen compte aussi sur l’autonomie renforcée de sa dernière e-Golf attendue au printemps. « Cela crée une véritable rupture : nous pouvons dorénavant envisager de toucher une clientèle plus large », souligne Olivier Dupont, responsable des ventes aux entreprises pour Volkswagen France. Mais le constructeur mise surtout sur son concept I.D. attendu à partir de 2020. Ce véhicule devrait afficher jusqu’à 600 km d’autonomie et sera autonome à l’horizon 2025. « Nous avons une mission, celle d’évangéliser des clients pour les attirer vers l’électrique et l’hybride. Et nous avons des arguments avec les restrictions de circulation à Paris et les difficultés de stationnement : celles-ci ne touchent pas l’électrique puisque ces véhicules ont accès gratuitement aux bornes Autolib’ », affirme Guillaume Maureau. Ce dernier signale une progression chez ALD : « En décembre dernier, nous avons mis à la route 37 véhicules électriques et 270 hybrides. Nous mettons en avant la Yaris hybride essence, indiquée pour des transports en zone urbaine, la Zoé et la récente Opel Ampera-e. Je veux que nos commerciaux fassent la promotion de ces véhicules. »
Véhicules verts – 2016 | |||
---|---|---|---|
Immatriculations totales | SNLVLD | Part de marché | |
Électriques | 27 305 | 5 110 | 19 % |
Hybrides | 58 744 | 5 643 | 10 % |
Total | 86 049 | 10 753 | 12,5 % |
Source : BIPE, CCFA, SNLVLD. |
MOTORISATIONS : L’IMPACT DE LA FISCALITÉ
Les hybrides rechargeables ont « le vent en poupe, remarque Cédric Marquant pour Alphabet : la loi de finances pour 2017 a maintenu un bonus de 1 000 euros pour les hybrides essence rechargeables qui ne dépassent pas 60 g de CO2, mais a supprimé cet avantage pour les hybrides essence non rechargeables. Nous avions anticipé ces changements et incité nos commerciaux à promouvoir l’hybride rechargeable. »
Autre évolution : la part de l’essence, certes encore faible par rapport au diesel, s’accroît lentement. « Nous notons une inflexion des ventes sur les petits véhicules bien qu’il ne soit pas encore possible de parler de retournement », pointe Christophe Lepont pour Volks-wagen Group Fleet Solutions (voir aussi notre dossier).
Avis similaire pour le responsable d’Athlon qui note « une hausse de 3 points de l’essence sur les livraisons en 2016. Mais nous restons diesel à 95 % car la LLD s’adresse majoritairement aux gros rouleurs, même si quelques parcs ont ouvert leur flotte à l’essence ou y réfléchissent. En revanche, j’estime que le recours à l’essence va s’amplifier », pronostique Gérard de Chalonge.
« C’est une vraie question mais le juge de paix reste toujours le TCO. Jusqu’à 20 000 km par an, l’essence devient intéressante mais pas au-delà », résume Jean-Loup Savigny, directeur commercial et marketing de LeasePlan France. En soulignant que de façon globale, « les lois de roulage restent stables avec une moyenne de 100 000 km sur 41 mois. Les deux années précédentes, les véhicules avaient tendance à moins rouler mais cela s’est stabilisé. »
LA LLD SURFE SUR LES NOUVELLES MOBILITÉS
Tous les loueurs ou presque ont maintenant leur solution d’autopartage et plusieurs acteurs ont lancé leur service en 2016, comme Diac Location avec Renault Mobility ou LeasePlan France avec SwopCar. Alphabet, qui a lancé ce service dès 2010, a dépassé le chiffre du million de kilomètres parcourus avec cette formule en France.
« Nous proposons aux clients soit une solution technique pour gérer leurs véhicules en autopartage, soit un package complet comprenant les véhicules en LLD et la gestion de l’autopartage », décrit Vincent Hauville pour Diac Location. Ce système est déjà opérationnel à La Défense et au Plessis-Robinson (92). « Une offre adaptée et compatible avec la dernière version de la Zoé », ajoute-t-il.
Autopartage, covoiturage, crédit mobilité
LeasePlan France mise aussi sur la souplesse avec une offre-test d’autopartage en LLD d’un an minimum. « L’outil de réservation facilite la vie du gestionnaire de parc. Les réservations se font en ligne ou sur smartphone », explique Jean-Loup Savigny. ALD mise sur ALD sharing, avec de nouveaux clients comme Bénéteau. Autre option en démarrage : une offre de covoiturage lancée avec WayzUp.
La parole à Guillaume Maureau : « ALD community mettra en relation les salariés d’une entreprise afin de partager un véhicule et les frais kilométriques lors de déplacements. Cette formule peut contribuer à favoriser du lien social et entrer dans le cadre d’un PDE ». PDE qui deviendra obligatoire début 2018 pour tous les sites de plus de 100 salariés, en vertu de la loi sur la transition énergétique.
ALD cherche aussi à promouvoir l’éco-conduite avec son partenaire Beltoise même si le loueur « a du mal à inciter les gestionnaires de flotte à débloquer des budgets de formation. » Mais l’obligation de dénoncer les conducteurs en cas de PV, et donc le risque de perte de points, pourrait inciter les entreprises à se mettre à la prévention avec l’éco-conduite.
Du coté de Volkswagen, un service d’autopartage est à l’étude, parallèlement au lancement prochain de la télématique embarquée : « Nous réfléchissons à une solution robuste techniquement mais facile à gérer et à utiliser », indique Christophe Lepont.
Au-delà de l’électrique, Athlon travaille aux crédits de mobilité pour fin 2017 : « Il s’agira d’un mix pour que les conducteurs choisissent, au lieu d’un véhicule attitré – en le supprimant totalement ou partiellement – des prestations de train, d’avion, une carte Autolib’ ou Vélib’, etc. Cette solution est adaptée aux cadres parisiens qui emploient peu leur véhicule de fonction », selon Gérard Chalonge.
APPLIS ET TABLEAUX DE BORD EN LIGNE
Les applications facilitent la vie des conducteurs mais favorisent aussi le passage à d’autres mobilités. « La digitalisation fait partie d’une bonne relation client et fluidifie les relations avec les conducteurs. Chez VW Group Fleet Solutions, tous ont accès à Myfleetsolutions sur smartphone pour visualiser les prestations incluses au contrat comme l’assistance ou le véhicule de remplacement, géolocaliser le concessionnaire le plus proche, les garages, les parkings, etc., et accéder à toute une série de numéros utiles », énumère ainsi Christophe Lepont.
ALD compte près de 20 000 conducteurs connectés à MyALD dont une nouvelle version a été lancée en 2016 : outre la visualisation des données liées au contrat, le conducteur peut prendre rendez-vous avec le concessionnaire le plus proche via l’appli pour un entretien. Il peut aussi faire une copie d’écran indiquant le kilométrage et la faire parvenir à son gestionnaire de parc. Enfin, petite astuce, si le conducteur a oublié le code lié à la carte carburant, le numéro apparaît pendant quinze secondes sur l’écran avant de disparaître – juste le temps de le mémoriser.
Du côté d’Alphabet, l’appli Alpha Guide permet de déclarer un sinistre, de savoir combien de pneumatiques sont encore dans le contrat, et conseille aussi les collaborateurs sur le meilleur moyen d’aller d’un endroit à un autre : véhicule, train, Vélib’, Uber, etc.
Suivre la flotte en temps réel
Pour sa part, Diac Location poursuit le développement de sa solution Pro+board lancée en 2014. « Couplée à la télématique embarquée, elle offre la possibilité aux gestionnaires de flotte de consulter et d’exploiter une vingtaine de données essentielles : kilométrage en temps réel, consommation, utilisation du moteur, freinages brusques, etc. Le client en choisit une douzaine au maximum, présentées dans le tableau de bord et qu’il peut organiser à sa convenance », détaille Vincent Hauville.
Tous les loueurs peaufinent régulièrement leurs tableaux de bord pour les rendre plus complets, plus intuitifs et faciles d’accès. Pour Athlon, la prochaine étape consistera une harmonisation de ces tableaux de bord à l’échelon européen pour les grands comptes internationaux.
LA TÉLÉMATIQUE EMBARQUÉE POUR TOUS ?
Avec la télématique embarquée, les tableaux de bord se font aussi plus précis et réactifs. Un gain en termes de données pour le loueur et le client. « Les responsables de parc cherchent de plus en plus à externaliser la gestion et notamment celle des collaborateurs. Ce qui nécessite une harmonisation du reporting », constate Jean-Loup Savigny pour LeasePlan.
Pour ce dernier, la tendance est nette chez les grands comptes internationaux : « De ce fait, nous essayons de promouvoir la télématique qui offre de mieux connaître le kilométrage et le comportement des conducteurs. Mais cette solution reste difficile à placer du fait des réticences des organisations syndicales. »
« Avec des activités comme les VTC, c’est un outil quasi indispensable pour les remontées kilométriques en temps réel, reprend Jean-Loup Savigny alors que LeasePlan France a signé un partenariat avec Uber. Mais la plupart des clients attendent que les véhicules soient tous équipés par les constructeurs. Cela sera plus facile à faire passer auprès des organisations syndicales. »
Des véhicules toujours plus équipés
Et comme tout est lié, LeasePlan France n’a pas encore sorti de ses cartons son application pour smartphone, annoncée en 2016 en remplacement de My-LeasePlan, car « l’existence de données et de remontées fiables dépend de la télématique embarquée », conclut Jean-Loup Savigny.
Alphabet a lancé en novembre dernier sa solution de télématique, principalement destinée aux grands comptes, en s’appuyant sur les boîtiers déjà installés en première monte. « La plupart des VN sont désormais équipés, note Cédric Marquant. Nous n’ajoutons donc pas de boîtiers. Nous travaillons actuellement avec Peugeot, Citroën et DS, et dans les semaines à venir avec d’autres constructeurs. Recourir aux boîtiers existants évite l’intervention d’un technicien. Pour le client, le système est simple et rapide. Nous sommes arrivés à un point où les véhicules sont toujours plus “télématique ready“. »
Alphabet a défini deux niveaux de prestations pour sa solution télématique : Access procure des informations sur les véhicules (kilométrage, consommation) et leur « santé » (alertes), mais aussi des données d’éco-conduite (freinages, accélérations, prises de virage, etc.) ; le niveau Expert propose en sus la géolocalisation avec une gestion de la vie privée. Le coût : 15 euros pour Access et 18 euros pour Expert.
« Le gestionnaire de parc peut alors mieux piloter sa flotte, modifier si nécessaire ses contrats de location, mettre sur pied des actions cohérentes pour baisser la consommation, soit 15 % du TCO, en recadrant des collaborateurs au pied un peu lourd, et enfin vérifier le respect des entretiens par les collaborateurs. Certains sont négligents et une casse de moteur en cas d’absence d’entretien peut coûter cher », rappelle Cédric Marquant.
Athlon lancera prochainement une solution européenne de télématique avec TomTom. « Un pilote est en cours de déploiement », indique Gérard de Chalonge qui explique son arrivée tardive sur ce marché par les caractéristiques de son parc composé à 80 % de VP.
« Mais les habitudes évoluent. La télématique n’est plus seulement privilégiée pour les VU. Et cela va changer nos offres de service. Ainsi, d’ici à deux ans, nous allons modifier les outils de reporting en ligne afin de prendre en compte les données obtenues grâce à la télématique », anticipe Gérard de Chalonge.
Faciliter le suivi de la flotte
VW Group Fleet Solutions étudie pour sa part « une solution transverse pour apporter à tous la même valeur ajoutée. Nous fournirons prochainement ce service de télématique pour les véhicules qui seront mis à la route et ceux qui le sont déjà, afin d’harmoniser le suivi des flottes. Il sera complémentaire des boîtiers installés en première monte. Les gestionnaires de parc auront accès à toute une série de données comme le kilométrage, la consommation en temps réel, des alertes sur la maintenance et des informations sur toute une série d’incidents. Les conducteurs bénéficieront de données pour rendre leur conduite plus efficiente », souligne Christophe Lepont.
Pour les flottes, le meilleur reste donc à venir…
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