Location longue durée : des flottes toujours plus vertes

Pour les loueurs comme pour leurs clients, l’électrification a constitué la tendance majeure en 2020 et le sera encore plus cette année. « Pendant la crise sanitaire, les gestionnaires ont beaucoup réfléchi au dimensionnement et au verdissement des flottes », souligne Cyril Châtelet, directeur commercial et marketing de LeasePlan. Un loueur qui a lancé plusieurs campagnes de promotion pour favoriser l’électrification. « La première, en septembre, Green your Fleet, comprenait un montant de 300 euros de carburant électrique gratuit ; la seconde, en cours, inclut l’installation, également gratuite, d’une borne de recharge dans tout contrat de LLD pour des véhicules électriques », détaille Cyril Châtelet.

WLTP et CAFE

« L’entrée en vigueur de zones à faibles émissions mobilité (ZFE-m), dont une vaste zone allant de Paris intramuros à l’A86 en 2024, est fortement incitative, complète Gérard de Chalonge, directeur commercial et marketing d’Athlon. L’impact du WLTP et de la réglementation CAFE, qui limite à 95 g le taux moyen de CO₂ des VP neufs vendus par les constructeurs, nous a aussi aidés à promouvoir l’électrique. De fait, la part de l’essence se restreint en raison de l’impact du WLTP. Et l’hybride rechargeable ne répond pas à tous les usages : pour les gros rouleurs qui parcourent plus de 30 000 km par an, le diesel reste la meilleure solution en TCO », précise Gérard de Chalonge.

« Une bonne part des commandes seront en hybride rechargeable en 2021 », pronostique toutefois Gérard de Chalonge. Chez Athlon, près de 20 % des nouvelles immatriculations l’an passé se sont faites avec des modèles électrifiés (électriques ou hybrides), contre 1,5 % en 2019. « Et la croissance du 100 % électrique sera moindre en raison du frein psychologique lié à l’autonomie et aux difficultés de recharge en dehors des villes, ajoute-t-il. Souvent, le temps d’attente au réseau de bornes, notamment sur l’autoroute, reste trop long. Quand l’infrastructure sera meilleure, les commandes pourront s’envoler. »

Chez ALD Automotive, plus de 17 % des commandes ont concerné des véhicules électrifiés l’an passé. « Et nous avons l’ambition d’atteindre rapidement 25 % entre autres grâce à notre solution Switch », anticipe Guillaume Maureau, directeur général adjoint d’ALD France. Avec cette solution, les conducteurs de véhicules électriques bénéficient ponctuellement d’un véhicule thermique.

L’hybride rechargeable à la manœuvre

Toujours pour ALD, le recul a été marqué l’an dernier pour les véhicules essence (- 26 %) alors que le diesel s’est maintenu. « Les hybrides rechargeables sont favorisés car il s’agit d’une niche fiscale. C’est aussi un premier pas vers l’électrique, commente Guillaume Maureau. Ces véhicules permettent d’éviter les malus, ils bénéficient d’une fiscalité favorable et peuvent se sur-amortir, ce qui limite d’autant le TCO. »

Alphabet note aussi une forte croissance de la demande : chez ce loueur, les modèles électrifiés ont concerné 17 % des renouvellements en 2020 et 21 % début 2021. Arval, de son côté, prévoit en 2025 un portefeuille de 400 000 véhicules en LLD, contre 335 000 actuellement, dont un quart d’électrifiés. Chez Volkswagen Group Fleet Solutions, cet essor se confirme : les véhicules électrifiés ont pesé 20 % des immatriculations en 2020, contre 4 % quatre ans plus tôt, malgré des retards de production pour l’ID.3 et le Tiguan hybride rechargeable.

« Les rattrapages de la production et la trentaine de lancements prévus, essentiellement en hybride rechargeable et en électrique dont celui de l’ID.4, devraient accélérer le mouvement », avance Jean-Marc Prince, directeur de cette captive. En soulignant que « 2022 et l’obligation de 10 % de renouvellements en véhicules propres, cela se prépare dès maintenant. » Selon ce responsable, 25 à 30 % des immatriculations se feront en électrique et en hybride en 2022.

Accompagner les flottes…

Pour accompagner les démarches de verdissement, de nombreux loueurs misent sur le diagnostic de la flotte des clients pour en évaluer le potentiel d’électrification. Alphabet a été l’un des précurseurs : « Notre solution Alpha-Electric comprend une analyse du parc avec un outil GPS et des infrastructures de recharge existantes, la location de véhicules électriques, une carte de recharge et des formations », énumère Julien Chabbal, directeur ventes et marketing.

Le loueur vient aussi de lancer sa solution Car Swap avec deux forfaits : pour remplacer le véhicule électrique utilisé couramment, l’un fait bénéficier de vingt jours de véhicule thermique, l’autre de quarante jours. « Cette offre est plus large que la précédente car elle combine de nombreuses solutions, comme la location d’un petit véhicule thermique et la mise à disposition ponctuelle d’un plus grand. »

Lancée fin 2019 avec l’Automobile Club Prévention, une formation ciblée sur l’éco-conduite aide aussi à lever les freins liés à l’électrique et à faire baisser la consommation des hybrides rechargeables. « Avec les thermiques, la consommation peut ainsi diminuer de 15 %, argumente Julien Chabbal. La demande a été forte l’an dernier, en janvier et février avant le confinement, et cela conforte l’intérêt de cette solution pour réduire la consommation mais également la sinistralité et les émissions de CO₂. »

Par ailleurs, la fiscalité étant largement guidée par les émissions de CO₂, Alphabet a lancé l’an dernier Fiscality Next. « Avec ce service, les entreprises analysent l’impact de la fiscalité sur les véhicules déjà à la route et peuvent faire des simulations de la car policy. Nous entrons toutes les évolutions dans le système, comme celles du bonus-malus prévue par la loi de finances de 2021, intégrée dès décembre dernier », note Julien Chabbal. Dernier projet chez Alphabet : une équipe de conseil d’une vingtaine de personnes qui pourra intervenir sur deux thématiques majeures, le verdissement des flottes et les utilitaires. D’autres thématiques pourraient suivre

… et les conseiller

Évolution similaire chez LeasePlan avec un configurateur de car policy et une mission de conseil pour définir les types de véhicules et de motorisations les plus favorables. « Dans les mois à venir, nous serons aussi en mesure de proposer une offre pour l’installation de bornes de recharge », annonce Cyril Châtelet. Une autre équipe, en cours de formation, donnera des conseils en fiscalité.

Captive du Groupe PSA, Free2Move Lease a récemment développé sa solution e-Mobility Advisor avec des conseillers qui diagnostiquent la flotte du client et le conseillent. « Nous employons les données des boîtiers de télématique sur les usages et les trajets. Actuellement, 85 % des véhicules que nous mettons à la route s’équipent de ces boîtiers que nous activons pendant un mois », explique Christian Séré-Annichini, general manager. Free2Move Lease a enregistré, en 2020, 10 % de ses commandes en électrique et en hybride rechargeable. Et ce loueur mise sur son application Charge My Car pour accéder à un important réseau de bornes publiques, mais aussi, depuis un an, sur son Mobility Pass pour bénéficier d’un véhicule thermique pendant un certain nombre de jours dans l’année.

Chez ALD, une cellule accompagne les clients dans l’électrification. Ce loueur a aussi mis en place, avec son partenaire Charge Point, une offre d’installation de bornes sur le site de l’entreprise et, selon la demande, au domicile du collaborateur. « Charge Point peut différencier l’électricité consommée par le collaborateur pour son véhicule professionnel. L’offre comprend une carte ALD donnant accès à plus de 20 000 points de charge en France et 100 000 en Europe », décrit Guillaume Maureau.

Installer les bornes

Pour sa part, Athlon E-Mobility a retenu NewMotion pour l’installation de bornes, notamment aux domiciles des collaborateurs. « Il faut pouvoir recharger sur le site de l’entreprise mais aussi au domicile pour optimiser la consommation et le TCO », souligne Gérard de Chalonge. Comme ses principaux concurrents, Athlon commercialise sa solution Athlon Flex2use, basée sur un système de crédits, pour permettre aux conducteurs de véhicules électriques de bénéficier d’un modèle thermique pendant des vacances ou des week-ends. « Cela aide à convaincre les cadres qui ont parfois du mal à passer au quotidien d’un SUV à une Zoé », reprend Gérard de Chalonge.

Arval offre déjà depuis deux ans un accompagnement pour l’installation de bornes via ses partenaires Engie-EDF et NewMotion. « Il y a une très forte demande autour de l’écosystème du véhicule électrique. Avec ces partenariats, nous accompagnons les clients de l’expression de leurs besoins jusqu’à la mise en œuvre de dispositifs spécifiques, aussi bien dans l’entreprise qu’aux domiciles des collaborateurs, expose Margy Demazy. En outre, la location moyenne durée, avec son offre de véhicules électriques (VP, VU) pour les clients qui veulent les tester, aide à lever les doutes puis à s’engager à long terme », ajoute la directrice commerciale d’Arval France.

Implanter le véhicule électrique

Volkswagen Group Fleet Solutions collabore avec Zeplug pour l’implantation de bornes. « Il faut analyser les besoins. Si le véhicule rentre tous les soirs, équiper le site suffit. En revanche, pour les autres véhicules, il faut trouver des solutions au domicile, effectuer des demandes auprès des syndics pour les copropriétés. C’est le rôle de notre partenaire », précise Jean-Marc Prince.

Ce loueur propose aussi d’ajouter quelques modèles thermiques dans les flottes électriques pour les trajets plus longs des collaborateurs ou pendant leurs vacances. Ces prêts sont gérés par le client et non par le loueur. « Nous visons le zéro émission en 2050 et faisons déjà bénéficier les clients de notre accord avec EDF pour la fourniture d’électricité propre », complète Jean-Marc Prince.

Enfin, pour le lancement de la Fiat 500 électrique, Leasys France réfléchit à des offres électriques à l’image de Dream Garage. Avec ce produit, les clients accèdent à un garage 100 % numérique comprenant sept modèles thermiques ou hybrides, utilisables pour un total de soixante jours par an.