
Après une année 2022 marquée par les délais de livraison et la hausse des prix des véhicules, 2023 s’annonce pareillement mouvementée, notamment pour le secteur de la location longue durée. Ce qui pousse les loueurs longue durée à repenser leurs offres pour coller au plus près aux besoins de leurs clients.
« Nous notons trois tendances. La location longue durée (LLD) continue à se développer au sein des flottes, d’autant plus que le prix des véhicules a augmenté de 30 % en trois ans, ce qui renchérit le coût de l’investissement pour les entreprises en achat. Deuxième tendance, les entreprises cherchent à diminuer le nombre de prestataires...
Après une année 2022 marquée par les délais de livraison et la hausse des prix des véhicules, 2023 s’annonce pareillement mouvementée, notamment pour le secteur de la location longue durée. Ce qui pousse les loueurs longue durée à repenser leurs offres pour coller au plus près aux besoins de leurs clients.
« Nous notons trois tendances. La location longue durée (LLD) continue à se développer au sein des flottes, d’autant plus que le prix des véhicules a augmenté de 30 % en trois ans, ce qui renchérit le coût de l’investissement pour les entreprises en achat. Deuxième tendance, les entreprises cherchent à diminuer le nombre de prestataires et donc de loueurs pour simplifier la gestion. Enfin, toujours dans un souci de simplification, elles intègrent toujours plus de services dans les contrats de LLD », synthétise Guillaume Maureau, directeur général adjoint d’ALD Automotive.
La location longue durée en 2023 : faire face aux délais
« Mais face aux pénuries et aux délais de livraison, il n’y a pas de solutions miracles », reconnaît Franck Llagostera, directeur commercial et marketing d’Athlon France. Nous avons prolongé des contrats et nous avons souvent trouvé des véhicules, comme le montre la croissance de notre parc. » Un parc passé, en un an à fin 2022, de 52 000 à 57 000 véhicules. « Et dans un contexte de hausse des loyers des nouveaux véhicules, des clients ont aussi choisi de prolonger les contrats des véhicules déjà en parc », complète Cyril Châtelet, directeur commercial et marketing de LeasePlan.
Julien Chabbal, directeur des ventes et marketing d’Alphabet, souligne « la volatilité du marché qui nécessite encore plus de conseil, de proximité et de contacts avec les clients. Nous avons prolongé les contrats mais nous restons vigilants : ces prolongations peuvent entraîner des dérives, comme avec les coûts de maintenance, voire des casses moteur. Les solutions : ouvrir les car policies, se montrer opportuniste pour saisir les véhicules disponibles, prendre des décisions rapides et anticiper avant tout », conseille Julien Chabbal.
Marché | Immatriculations* | Part |
Immatriculations LLD | 487 236 | 27,3 % du marché total |
Marché entreprises | 363 266 | 58 % du marché entreprises |
Marché particuliers | 38 711 | 5,4 % du marché particuliers |
Marché | Immatriculations | 2022/2021 |
Particuliers | 714 511 | – 3,9 % |
Entreprises et administrations | 636 628 | – 11,8 % |
Autres : LCD, VD, etc. | 435 960 | – 15,6 % |
Total | 1 787 099 | – 9,9 % |
En 2022 par rapport à 2021, les immatriculations totales se sont repliées de près de 10 %. Le marché des entreprises a pour sa part reculé 11,8 %, et celui de la LLD de 11,4 %. À fin 2022, 1 569 000 véhicules étaient gérés en LLD, soit une hausse de 1,9 % due à la prolongation des durées des contrats de LLD.Source : SesamLLD. * : VP, VUL, VS
En 2023, recourir à la location longue durée de VO…
S’il n’y a pas de solutions miracles, les loueurs ont réfléchi à des plans B, soit des solutions plus flexibles comme la location moyenne durée (LMD) ou la LLD de véhicules d’occasion. La LLD de VO offre de fait une alternative quand les délais de livraison des véhicules neufs flambent, tout comme leurs prix. ALD a lancé cette offre début 2022 et souligne son succès avec plus de 200 véhicules loués par mois. « Mais nous restons contraints par le manque de restitutions et donc de véhicules du fait des contrats prolongés », nuance Guillaume Maureau.
La LMD aide aussi à faire la jointure. « Les clients veulent de la flexibilité pour faire face aux délais de livraison ou parer aux aléas de leur activité : ils ne veulent alors pas s’engager sur plusieurs années et privilégient donc la moyenne durée », ajoute Guillaume Maureau. ALD Flex a ainsi vu son activité croître de 30 % en 2022, avec près de 14 000 véhicules à la route.
« La LLD de VO offre aussi une deuxième vie à des véhicules avant de les remettre en location. Chez Arval Re-Lease, nous vérifions 140 points de contrôle. Cette offre fonctionne sur des durées de 24 ou 36 mois, uniquement avec des modèles au kilométrage limité », indique Barbara Blanc, directrice partenariats, digital et marketing d’Arval France.
… ou à la moyenne durée…
Ce loueur a généralisé cette offre lancée fin 2021 dans tous ses segments d’activité, en sus de la LMD, « très performante et en forte croissance ». « 2023 verra la location longue durée de VO accélérer, alors que les commandes ont déjà été multipliées par cinq en un an. Cela concerne les TPE-PME principalement, mais nous avons ouvert cette offre aux grands comptes afin d’offrir un choix en période de manque de véhicules neufs », reprend Barbara Blanc.
Pour sa part, LeasePlan a lancé au printemps 2022 une prestation de LMD et une offre de LLD de VO en septembre dernier. « Celle-ci a été rodée en 2022 pour un plus large déploiement cette année, note Cyril Châtelet. C’est une vraie réponse au manque de disponibilité et au renchérissement des véhicules. » Pour contourner les difficultés liées aux livraisons, LeasePlan propose aussi à la location un stock de véhicules neufs préconfigurés et empruntables rapidement.
De son côté, Alphabet joue sur les deux tableaux en misant sur des VO récents, d’un an ou moins, loués en LMD. Une solution qui a enregistré « une croissance de 40 % l’an dernier », rappelle Julien Chabbal.
Enfin, Volkswagen Financial Services a prolongé des contrats et a généralisé, en juin dernier, le véhicule d’attente quand les délais sont trop longs. « Dès que le nouveau véhicule est livré, le client bascule et laisse le véhicule d’attente sans frais de restitution », avance François-Xavier Champel, brand manager pour la captive de Volkswagen.
… ou à l’abonnement
Les loueurs rivalisent donc pour apporter toujours plus de flexibilité. À l’image d’Athlon qui vient de lancer une formule d’abonnement. « Le client choisit un véhicule dans notre showroom. Il ne peut donc pas le personnaliser avec des finitions spécifiques, comme en LLD. Mais les prestations restent similaires : entretien, pneus, assistance et assurances, détaille Franck Llagostera. Ensuite, à partir du douzième mois, le client rend le véhicule ou en change. Cela aide à gérer les délais et à répondre à des fluctuations d’activité. Cette offre comprend deux modèles et leur nombre augmentera dans l’année. »
Services compris
Mobilize Financial Services (MFS), qui regroupe les offres de financement du groupe Renault, met en avant ses solutions de courte et moyenne durée, et sa plate-forme bipi – du nom d’une start-up achetée fin 2020. « Avec bipi, on peut prendre un abonnement et bénéficier d’un VO récent sur 3 à 36 mois, avec tous les services compris : assurance, assistance, entretien, pneus, expose Maximilien Lachartre, responsable marketing de Diac location. Dans un contexte de tension sur les véhicules neufs, il y a un intérêt pour ce type de solution qui a de plus l’avantage de la souplesse par rapport à la LLD. En effet, le client peut changer de véhicule », poursuit-il.
Dans le cadre de Mobilize Beyond Automotive, nouvelle marque du groupe Renault, MFS va aussi bientôt lancer ses offres Duo et Bento. « Il s’agit de commercialiser des véhicules mieux adaptés aux usages de chacun », résume Maximilien Lachartre. Duo propose un petit deux places électrique de type Twizy, et Bento un petit VU électrique de près de 1 m3. L’offre est commercialisée avec un système d’abonnement, plus flexible que la LLD. MFS a aussi créé une cellule spécialisée pour répondre aux marchés publics avec des offres spécifiques.
Flexibilité : le mot d’ordre de la location longue durée en 2023
De son côté, Leasys (FCA) commercialise deux offres flexibles, Leasys Miles et Be Free. « Leasys Miles englobe une partie du paiement du loyer sur une base fixe, et une partie en fonction du kilométrage grâce à un boîtier dans le véhicule. Avec Be Free, une solution de LLD sur une durée fixe de 48 mois, le client peut restituer son véhicule sans pénalité au bout de 24 mois. Be Free a du succès et nous envisageons des offres avec des durées plus courtes », prévoit Jean Mathieu Stevens, directeur général de Leasys. Parmi les avantages : on peut tester l’électrique ou le PHEV sur une durée assez courte, avant de basculer sur ces motorisations.
Leasys travaille aussi à un projet de LLD de VO. « Nous voulons avoir une approche qui consiste à suivre le cycle de vie complet du véhicule. Nous pourrions par exemple racheter les véhicules qui reviennent en concessions pour enrichir cette offre. Celle-ci a du sens pour ceux qui veulent faire de l’autopartage, pour des clients en VU qui cherchent des véhicules moins chers, pour de petites PME, etc. », avance Jean Mathieu Stevens. Des idées à creuser.
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