
Du côté des loueurs, le véhicule électrique se veut indéniablement un marché d’avenir. « La part de l’électrique dans les flottes continue sa progression. C’est une progression douce mais le véhicule électrique s’installe durablement, pointe Guillaume Maureau, directeur général adjoint d’ALD Automotive France. Dans le groupe, le nombre total de véhicules électriques s’élève à 10 000 unités dont 2 000 déjà en LLD. »
Chez le concurrent Arval, l’électrique représente 1 % du parc. « Notre ambition est de dépasser les 10 % de voitures électriques et hybrides d’ici 2020 », indique Jean-François Codina, directeur des nouvelles mobilités chez Arval...
Du côté des loueurs, le véhicule électrique se veut indéniablement un marché d’avenir. « La part de l’électrique dans les flottes continue sa progression. C’est une progression douce mais le véhicule électrique s’installe durablement, pointe Guillaume Maureau, directeur général adjoint d’ALD Automotive France. Dans le groupe, le nombre total de véhicules électriques s’élève à 10 000 unités dont 2 000 déjà en LLD. »
Chez le concurrent Arval, l’électrique représente 1 % du parc. « Notre ambition est de dépasser les 10 % de voitures électriques et hybrides d’ici 2020 », indique Jean-François Codina, directeur des nouvelles mobilités chez Arval France. Cette tendance va dans le sens de la loi qui oblige les loueurs à acquérir, avant 2020, au moins 10 % de véhicules propres lors du renouvellement de leur parc, avec des émissions inférieures à 60 g/km de CO2 (voir l’encadré ci-dessous).
L’électrique porté par la loi
Sur ce segment de l’électrique, les ambitions des loueurs se trouvent confortées par les contraintes imposées à leurs clients. À l’image des entreprises dont les accès à certains centres urbains se réduisent peu à peu. « L’électrique se développe rapidement dans des activités comme la livraison du dernier kilomètre et les déplacements en hyper centre-ville. Les marchés publics vont imposer des modèles propres à leurs prestataires et ces sociétés ne pourront être candidates qu’à condition de réaliser les chantiers avec ce type de véhicules », rappelle Guillaume Maureau pour ALD. Sans oublier que l’électrique reste aussi l’outil idéal pour les déplacements au sein de flottes captives, à l’image des sites industriels ou des parcs de loisirs.
Pour leur part, les collectivités font aussi face à ces obligations légales d’inclure des véhicules propres dans leur flotte. Reste que ces obligations doivent s’accorder avec leurs contraintes économiques.
À Chamonix-Mont-Blanc (74), l’intégration des véhicules propres s’est faite en partenariat avec Alphabet, la captive de BMW. Un partenariat qui a amené à diminuer considérablement la facture. « Nous avons lancé un AMI (appel à manifestation d’intérêt) début 2015 auprès des constructeurs pour renouveler la flotte. L’objectif était de tester la sensibilité du marché à la possibilité d’obtenir des véhicules. Seuls deux constructeurs ont répondu, Renault et Toyota. Nous avons considéré que les conditions n’étaient pas attractives et n’avons pas donné suite », retrace François-Régis Bouquin, directeur de cabinet du maire de la ville. Face au manque de réactivité du marché, la mairie de Chamonix s’est rapprochée de BMW, déjà partenaire de l’office de tourisme, en lui proposant une mise à disposition gratuite de véhicules électriques en échange d’une mise en valeur des modèles de la marque.
Un échange à Chamonix
« Au sens des marchés publics, il s’agit d’un contrat à titre onéreux, qui a une valeur. Il y a une valeur locative et en face une valeur de l’opération de communication, ce qui en fait une opération à coût zéro pour la collectivité. Ce qui est très appréciable compte tenu des économies très significatives impliquées par ce contrat mais aussi pour l’image très positive », précise le responsable des achats de Chamonix, Cédric Blondel.
Le contrat passé entre Chamonix et Alphabet prévoit la location, l’entretien, pneumatiques inclus, et l’assistance pour dix véhicules électriques, des BMW i3, pour un couple de 10 000 km par an sur cinq ans, et pour un véhicule hybride, une BMW 225xe, soit un coût total de 229 255,50 euros HT sur cinq ans. En échange, la commune s’est engagée avec Alphabet pour un partenariat de 250 000 euros HT. À noter que la différence entre les deux sommes sert à financer les éventuels dépassements kilométriques (voir le témoignage).

La police parisienne en électrique
Autre exemple à la Préfecture de police de Paris où l’intégration de l’électrique se fait peu à peu. Pour s’assurer de l’adéquation des véhicules aux besoins des forces de l’ordre et à son budget, la Préfecture « a décidé de procéder à un test dans un premier temps à moyenne échelle », note Thierry Akehurst, chef du pôle des marchés publics et mission achats.
Lancé en 2017 par la Préfecture, un appel d’offres a entre autres porté sur des modèles électriques pour un montant de 100 000 euros et une location sur neuf mois. Il spécifiait que les véhicules, neufs ou d’occasion, devaient appartenir au millésime 2017 et afficher au maximum 20 000 km au compteur. Le forfait kilométrique des véhicules inclus dans la location s’élevait à 2 000 km par mois et les véhicules devaient afficher une autonomie de 250 km. Le contrat de location devait également comprendre l’assurance et l’autorisation d’une utilisation multi-conducteurs.
C’est finalement Volkswagen qui a remporté ce marché. La Préfecture a donc fait entrer dans son parc une vingtaine de véhicules électriques et hybrides, des e-Golf et de Passat GTE. « Au bout du délai de neuf mois, une consultation des conducteurs fournira un retour formalisé pour envisager le déploiement d’une flotte plus large », anticipe Thierry Akehurst.
« Ce test va aider à affiner le besoin, poursuit ce responsable. En complément de l’avis de pré-information que nous avons lancé pour que l’ensemble des acteurs connaissent notre démarche, la Préfecture va bientôt procéder à une consultation sur un plus gros volume de voitures. »
Des VE opérationnels
Ces véhicules devront notamment servir « pour des opérations de police en patrouille, en police secours et pour les services spécialisés comme les BAC (brigades anti-criminalité) et les CSI (compagnies de sécurisation et d’intervention). Ces derniers bénéficieront d’un emport important, d’une puissance motrice permettant des poursuites et d’une autonomie ne nécessitant que des temps courts de recharge », détaille l’avis de pré-information.
Mais des partenariats comme celui de Chamonix avec BMW restent exceptionnels. Et toutes les collectivités et entreprises n’ont pas la possibilité de mener à bien des tests de l’ampleur de ceux de la Préfecture de police de Paris.
Soucieux de la réussite du passage aux véhicules électriques chez leurs clients, les loueurs ont donc étoffé l’accompagnement en amont. Une initiative nécessaire pour éviter l’arrivée dans les flottes de modèles qui ne servent pas par la suite.
Dans certaines entreprises, la volonté d’afficher une image écologiquement responsable a en effet pu prendre le pas sur les impératifs pratiques à respecter pour une utilisation optimisée de l’électrique. Mais cette dérive ne serait plus d’actualité, selon Jean-Loup Savigny, directeur commercial et marketing de LeasePlan : « Quelques clients choisissent l’électrique pour l’image, mais l’aspect économique entre désormais toujours en ligne de compte. Et nos clients ne limitent pas ces véhicules à un coup de communication. »
Les loueurs jouent le soutien
Pour s’en assurer, les loueurs multiplient les conseils afin d’évaluer la pertinence de l’électrique au sein d’une flotte. « Nous réalisons ainsi un audit de mobilité en amont, avance Jean-Loup Savigny, avec une analyse de TCO et d’éligibilité, et nous mettons en avant l’électrique quand l’équation économique est au moins à budget égal avec les modèles thermiques. »
Ces audits incluent aussi l’étude des possibilités de recharge. Sur ce sujet, les collectivités sont avantagées : « Les trajets des agents sont limités et les véhicules reviennent régulièrement au même endroit », souligne Guillaume Maureau pour ALD Automotive. Illustration : à la mairie du Touquet (62), des bornes ont été implantées dans les locaux techniques. « Nous rechargeons les voitures en huit heures. Les véhicules se rechargent la nuit sur des prises de 220 V et 16 A, que nous avons installées nous-mêmes avec un disjoncteur de sécurité », explique Fredo Foiratier, responsable de la flotte qui compte trois Berlingo, deux C-Zéro et deux Nissan Leaf.
Des audits et de la recharge
Pour leurs clients qui ne possèdent pas de telles infrastructures, les loueurs étoffent leurs offres de location avec des propositions pour une meilleure maîtrise, économique et pratique, de la recharge, sur site comme en déplacement. « Chez Arval, depuis le mois de février, nous avons enrichi notre offre qui repose sur plusieurs piliers : le renforcement de l’expertise et du conseil, une gamme de véhicules électriques très compétitive et un partenariat avec NewMotion, une société spécialisée dans l’infrastructure de recharge et l’itinérance », décrit Jean-François Codina.
Démarche semblable chez Peugeot : « Nous accompagnons nos véhicules électriques de l’offre de la box et de la prise Green’up, mais pas de l’installation. Et en partenariat avec “charge my peugeot“, nous y ajoutons la carte de recharge. L’abonnement est offert la première année et la consommation est due en direct », expose Nicolas Challamel, référent véhicules électriques France pour le constructeur.
La batterie de la location à l’achat
Une offre de services qui complète une politique agressive de financement. « Chez Peugeot, nous ne louons pas les batteries, poursuit le responsable. Le véhicule et la batterie sont inclus dans le loyer. Pour les iOn, nous nous situons sur une offre de location à 89 euros TTC par mois pour 36 mois et 20 000 km. Pour les Partner Tepee, l’offre est à 179 euros TTC, pour 36 mois et 30 000 km. Elle s’élève à 109 euros HT pour le Partner VU sur 36 mois et 30 000 km », énumère Nicolas Challamel.
La possibilité donnée par les constructeurs d’acheter les batteries plutôt que de les louer a contribué à renforcer l’attrait économique de la location des véhicules électriques. D’autant que Renault, premier constructeur électrique dans l’Hexagone, s’est mis récemment à vendre les batteries de ses VP puis de ses VU, des batteries qui n’étaient jusqu’ici disponibles qu’en location (voir notre brève).
« Pour la revente en fin de parcours, nous avons une meilleure visibilité avec l’achat de la batterie, reconnaît Jean-François Codina pour Arval. La revente d’un véhicule avec un contrat de location de batterie est administrativement plus compliquée pour les professionnels de l’automobile, qui supportent par ailleurs le coût de la location pendant la durée de revente » (voir aussi notre dossier sur les VO électriques).
Autant d’arguments qui vont contribuer à alimenter le développement de l’électrique dans un contexte législatif favorable. « Avec les plans de mobilité, et pour des questions de responsabilité sociale et environnementale (RSE) mais aussi d’image, les entreprises veulent montrer l’exemple », complète Guillaume Maureau pour ALD Automotive.
Le WLTP porte l’électrique
En outre, à compter du 1er septembre prochain, l’arrivée du cycle WLTP de mesure des émissions polluantes des véhicules, en lieu et place du cycle NEDC, devrait mécaniquement tirer ces émissions vers le haut. Ce qui pourrait contribuer à orienter encore plus les entreprises vers l’électrique. « Nous montrons aux clients que le “mix“ peut changer dans le parc », poursuit Jean-Loup Savigny pour LeasePlan.
Dernier argument qui pourrait contribuer à convaincre entreprises comme collectivités : des loyers qui devraient encore s’alléger. « En Chine, avec la demande qui va exploser et des constructeurs et fabricants de batteries qui veulent s’imposer sur ce marché, on peut imaginer que les prix vont continuer de baisser, notamment pour les batteries », anticipe Jean-François Codina pour Arval. Avec des conséquences jusque dans l’Hexagone.