
« La moyenne durée est en croissance significative », constate Martial Doré, directeur utilitaires et moyenne durée chez le loueur Hertz. Qui annonce 10 000 véhicules sur la route en LMD et une croissance de l’activité de 10 % en 2015, de 12 à 13 % en incluant les utilitaires.
Preuve de cette bonne santé selon le responsable : « Les acteurs de la longue durée s’y lancent à leur tour. » ALD Automotive annonce de son côté 2 000 véhicules loués en moyenne durée début 2016 avec sa filiale spécialisée ALD rent, Alphabet 500, en hausse de 16 % en 2015, etc.
« La porte d’entrée de la LMD, c’est le recrutement », résume Jean-Pierre Desgens, président du loueur spécialisé Kéolease. Au-delà, il s’agit d’entreprises qui font appel à des collaborateurs en CDD ou à des stagiaires, qui doivent faire face à des pics d’activité saisonniers ou à des chantiers temporaires.
La moyenne durée pour des besoins multiples
« Notre clientèle est large », indique Cédric Marquant, directeur marketing et business development chez Alphabet. Un loueur qui compte parmi ses clients des multinationales mais aussi des entreprises à la tête de petites flottes. « Celles-ci ont des besoins pendant la période estivale, par exemple pour un lancement de produit avec des démonstrateurs qui vont se déplacer en voiture pendant deux ou trois mois », avance ce responsable. La LMD se présente aussi comme solution pour répondre à des cas de figure moins courants : « Pour les collaborateurs qui partent à la retraite et dont la date de départ n’a pas été fixée précisément en raison de différents engagements », illustre Jean-Pierre Desgens. « Pour des collaborateurs expatriés qui ont des missions temporaires en France et n’ont pas de voitures de fonction », ajoute Cédric Marquant.
Autre situation plus rare : celle des opérations de motivation à destination des salariés : « Nous avons ainsi fourni des Jaguar à des commerciaux sur une période d’un mois », rapporte Laurent Corbellini, directeur marketing d’ALD, à travers l’offre ALD rent.
Si les raisons du recours à la LMD se font nombreuses, elles partagent le plus souvent un dénominateur commun : l’incertitude économique. « Les sociétés sont frileuses à l’idée de se lancer dans une location de 36 mois », explique Martial Doré chez Hertz. Et cette motivation se vérifie particulièrement lorsqu’il est question des utilitaires.
La LMD valable aussi pour les utilitaires
Sur ce segment de véhicules, la LMD offre une alternative sollicitée par des entreprises en manque de visibilité sur l’avenir : « Un artisan qui acquiert un camion n’est pas certain d’avoir une activité suffisante pour en acheter un second ; il préfère donc louer sur un à douze mois », justifie Guilhem Mazzia, directeur général délégué du loueur Rent A Car pour qui la moitié des véhicules loués sont des utilitaires.
Et pour les petites entreprises comme pour les grands comptes, « l’un des avantages de la LMD avec les utilitaires est de passer les frais liés au matériel en charges et non en investissement dans les bilans », poursuit le responsable de Rent A Car.
Une très large gamme de services
Autre élément commun aux entreprises de toutes tailles qui font appel à cette solution temporaire : elles visent la simplicité d’usage. « Dans nos contrats, tout est inclus : assistance, entretien-réparation, assurance tous conducteurs, pneus ou encore véhicule de remplacement. C’est du clé en main », argumente Laurent Corbellini pour ALD.
Avec la LLD, les gestionnaires de parc étudient toujours plus attentivement les coûts des différentes prestations pour arbitrer sur l’opportunité d’en externaliser certaines. « En revanche, avec la LMD, il n’y a pas d’éclatement des contrats, note Jean-Pierre Desgens. Chez Kéolease, la durée moyenne de location s’élève à six mois et sur cette durée, les clients ne veulent pas se compliquer la tâche. »
Pour répondre à ce besoin de simplicité, les prestataires travaillent à fournir des offres les plus complètes. « Que le client s’engage en longue ou moyenne durée, il a besoin des mêmes services, reprend le responsable de Kéolease : prestations de maintenance, pneus et véhicules de remplacement, assistance dépannage, assurance, etc. »
Et pour rendre ce service encore plus complet, un prestataire comme Hertz propose d’élargir le champ des prestations possibles. « Selon le souhait des conducteurs, nous pouvons également ajouter aux contrats les changements de pneus saisonniers ou bien les changements de véhicules », énumère Martial Doré.
L’offre d’un contrat tout-compris s’accompagne aussi d’une souplesse sur la durée. « Nous commercialisons une offre Flexi-rent, tout compris et sans engagement de durée, souligne Martial Doré, avec un panel de cinq offres de forfaits kilométriques. La facturation est mensuelle, le contrat peut se renouveler tous les mois. »
Les loueurs misent sur la différenciation
Une prestation similaire existe chez Alphabet : « Les possibilités de location s’étendent d’un à douze mois, avec quatre tranches de location : un à trois mois, trois à six, six à neuf et neuf à douze. Dans chaque tranche, sauf la première, les entreprises peuvent choisir un forfait de 2 000 ou 4 000 km par mois. La solution s’adapte aux très gros rouleurs comme à ceux qui ont besoin d’un véhicule de fonction pour une utilisation moins importante », décrit Cédric Marquant.
Fortes du succès qu’elles rencontrent auprès des entreprises, les enseignes de LMD cherchent à se différencier sur les services annexes. Point fort de leur argumentaire, la rapidité de livraison des voitures : les différents acteurs rivalisent sur les délais et les possibilités de remise des véhicules sur le site choisi par le client.
« Nous mettons en avant une livraison et une restitution partout en France sous 48 h », avance Laurent Corbellini pour ALD. Argument identique chez Alphabet : « 60 % de nos locations ont fait l’objet de livraisons sur site. Ce type de services explique en partie notre croissance sur cette offre », estime Cédric Marquant.
Autre élément différenciant pour les loueurs : la possibilité de fournir un véhicule qui corresponde à la car policy de l’entreprise. « Nous commercialisons huit catégories de véhicules particuliers, sept d’utilitaires et véhicules de société », indique Laurent Corbellini pour ALD rent.
Du côté des utilitaires, la souplesse de l’offre se manifeste plutôt dans les capacités des véhicules à s’adapter aux usages qui en seront faits. « Nous pouvons réaliser des équipements à la carte pour les grands comptes. Nous équipons les utilitaires en gyrophares, en bandes lumineuses ou avec des boules d’attelage. Certains clients demandent des équipements plus spécifiques, par exemple pour circuler de l’habitacle à l’intérieur sans sortir », illustre Guilhem Mazzia pour Rent A Car.
Les loueurs de moyenne durée fournissent des services comparables à ceux de la LLD et leurs prestations s’étendent désormais à des outils de gestion, pour mieux intégrer le coût des véhicules en LMD dans le TCO de la flotte.
Améliorer la remontée des informations
« Il y a quelques années, certains postes disparaissaient du radar de la gestion courante. À l’image de la consommation en carburant qui passait en note de frais », rappelle note Jean-Pierre Desgens pour Kéolease. Le loueur a remédié à cette lacune en signant récemment un partenariat avec Total qui permet de fournir aux conducteurs des cartes carburant sur la durée de la location.
« Les clients sont demandeurs de services en LMD », confirme Martial Doré chez Hertz. Qui propose aux entreprises un centre d’appel pour recueillir des informations sur leur flotte en LMD. « Elles peuvent connaître les distances parcourues par les véhicules, le nombre de véhicules à la route ou encore les dates d’échéance des contrats », explique le responsable.
Et ces outils de suivi pourraient s’améliorer dans les prochaines années avec les remontées d’information de la télématique embarquée. Ainsi chez Rent A Car, le suivi des camions se fait jusqu’ici par un contrôle physique régulier : « Afin d’assurer le suivi, nous demandons à voir les camions tous les mois ou bien les clients peuvent aussi passer nous voir », rapporte Guilhem Mazzia. À l’avenir, ce fonctionnement pourrait devenir plus pointu : « Nous réfléchissons à des solutions de remontée des informations des véhicules pour faciliter le travail des gestionnaires, anticipe ce responsable. Pour cela, nous nous appuyons sur des équipements embarqués comme l’outil de télématique et de gestion Pro+board de Renault. »
Ces outils pourraient aussi contribuer à modifier le rôle des véhicules en LMD dans les flottes. C’est en tout cas ce que prédisent certains spécialistes qui les voient déjà succéder aux modèles de pool.
La LMD, alternative à la mise en pool ?
« En pool, les voitures sont souvent des modèles de type Clio, qui ne satisfont pas aux attentes d’un directeur ou bien encore d’un commercial en période d’essai », souligne Cédric Marquant chez Alphabet. « À l’opposé, les voitures en LMD sont des modèles neufs, adaptés aux usages professionnels et qui correspondent aux car policies des entreprises », complète Laurent Corbellini pour ALD rent.
Et si le véhicule proposé par le loueur cadre mieux avec la car policy, il présente aussi l’avantage d’éviter les désagréments liés à la mise en partage au sein des pools. « La LMD évite le passage de véhicules entre collègues avec les dégradations possibles, les contraventions dont on ne retrouve pas le responsable ou les places de parking à bloquer. En outre, les véhicules mis à disposition ne sont pas forcément en état et lavés », énumère Jean-Pierre Desgens.
Enfin, les loueurs mettent également en avant des services pour les véhicules en LMD qui apparentent ces derniers à des modèles de pool. « Nous pouvons associer aux voitures en LMD notre service d’autopartage 24/7 », décrit Martial Doré chez Hertz. Le dispositif comprend un boîtier embarqué pour géolocaliser la voiture. Le conducteur y accède ensuite en tapant un code sur un clavier derrière le pare-brise.
« Dans ce cadre, il n’y a plus besoin d’une personne pour gérer les clés et le planning de disponibilités », argumente le responsable de Hertz. Coût du système : une centaine d’euros supplémentaires au coût de la location pour le boîtier et la gestion de flotte automatisée. Et les clients doivent aussi s’engager sur trois mois de location au minimum. Un service qui deviendra demain une opportunité de développement pour la LMD ?