
Augmentation des tarifs des carburants, bouleversement de la fiscalité, remise en cause des normes environnementales des véhicules, etc. : plus que jamais, pour éviter les dérives financières liées à l’exploitation des flottes, les entreprises se doivent de surveiller de près et d’optimiser les coûts générés par l’usage quotidien de leurs véhicules.
Pour les y aider, les prestataires sont aujourd’hui nombreux à leur proposer des outils ad hoc : aux côtés des traditionnels logiciels de gestion de flotte, les fournisseurs de télématique embarquée cherchent ainsi à s’imposer. Et leurs ambitions sont grandes.
La télématique veut s’imposer
Le récent...
Augmentation des tarifs des carburants, bouleversement de la fiscalité, remise en cause des normes environnementales des véhicules, etc. : plus que jamais, pour éviter les dérives financières liées à l’exploitation des flottes, les entreprises se doivent de surveiller de près et d’optimiser les coûts générés par l’usage quotidien de leurs véhicules.
Pour les y aider, les prestataires sont aujourd’hui nombreux à leur proposer des outils ad hoc : aux côtés des traditionnels logiciels de gestion de flotte, les fournisseurs de télématique embarquée cherchent ainsi à s’imposer. Et leurs ambitions sont grandes.
La télématique veut s’imposer
Le récent rachat de TomTom Telematics, la branche spécialisée dans la télématique embarquée pour la gestion de flotte de TomTom, par le géant du pneumatique Bridgestone constitue une bonne illustration de la croyance de ces acteurs dans le potentiel de ce marché. Le montant de ce rachat, estimé à 910 millions d’euros, illustre aussi les moyens que ces acteurs sont prêts à y consacrer. Sans parler de la récente reprise de Masternaut par Michelin, pour un montant inconnu. « La force de frappe commerciale et marketing de ces acteurs est plus importante que celle du monde des éditeurs de logiciels », constate Jean-Charles Martin, directeur commercial chez Chevin, l’éditeur du logiciel de gestion de flotte Fleetwave.
Pour promouvoir leurs offres, les prestataires de télématique ne se limitent pas aux bénéfices de la géolocalisation ; ils mettent aussi en avant la contribution de leurs outils à la gestion plus globale de l’entreprise. C’est notamment dans cette finalité qu’une entreprise comme Tennant a retenu Masternaut pour sa flotte de 90 véhicules dont 47 VU. Dans cette filiale d’une société américaine qui assure la distribution et la maintenance d’équipements de nettoyage industriel, l’objectif premier évoqué avec la télématique embarquée est celui de la sécurité routière (voir notre dossier dans le n° 248 de Flottes Automobiles). Mais ce choix de la télématique s’explique aussi par le mode d’organisation de Tennant. De fait, l’entreprise ne compte qu’une entité en France, le siège à Villepinte en région parisienne.
Suivre l’activité des salariés
« Les commerciaux et les techniciens se répartissent selon les régions et départements ; ils sont autonomes dans l’utilisation des voitures dans lesquelles ils passent une grande partie de leur journée », décrit Sophie De Sousa, directrice des ressources humaines de Tennant. Dans ce contexte, les boîtiers embarqués de la télématique concourent à remplir plusieurs objectifs : recueillir des informations sur le kilométrage parcouru mais aussi sur l’activité de ces salariés. « Avec la télématique, nous voulions régler en partie la question des travailleurs isolés, pouvoir analyser leur activité, entre autres sur la base du nombre de kilomètres parcourus », explique Sophie De Sousa (voir aussi le témoignage).

Chez Kbane, spécialiste de la rénovation énergétique de l’habitat, qui installe et entretient des équipements de chauffage, d’isolation ou solaires, le raisonnement ne se veut pas très différent. Dans cette entreprise, les boîtiers avaient d’abord été installés pour suivre les 86 VUL du parc de 150 véhicules. « Dans notre métier, les salariés n’ont pas de pointeuse, rappelle Jean-Marc Coevoet, référent technique système et gestionnaire de flotte de Kbane. Il n’existe aucun autre moyen que les boîtiers embarqués pour déterminer précisément le temps passé sur le chantier. » Mais chez Kbane, le dispositif n’a pas servi qu’à ce contrôle des amplitudes horaires. En 2015, l’entreprise a choisi de faire appel à un nouveau prestataire, Axodel, pour enrichir la remontée d’informations issues de ses véhicules. « Nous avons souhaité un système plus abouti pour bénéficier aussi d’une remontée sur l’éco-conduite et d’alertes voyants moteurs », expose Jean-Marc Coevoet.
La carte de l’éco-conduite
Les informations récoltées via la plate-forme de ce télématicien sont maintenant l’occasion d’un palmarès hebdomadaire du comportement des conducteurs de Kbane. Et le recours à cet outil a des répercussions à la marge sur l’organisation de l’entreprise. « Comme nous ne pouvions pas former tous les conducteurs, nous avons formé au début une dizaine de managers pour qu’ils sensibilisent les salariés aux pratiques d’éco-conduite », indique Jean-Marc Coevoet.
Ces différentes utilisations des données issues des boîtiers ont bien sûr des répercussions directes sur l’optimisation des dépenses liées à l’exploitation du parc. Éco-conduite oblige, ces gains se concrétisent souvent sur le budget carburant. Chez Kbane, l’économie mesurée sur ce poste est de l’ordre de 3 à 10 % selon les sites de l’entreprise. « Avec des lois de roulage de 30 000 km par an, ne serait-ce que 5 % d’économie de carburant grâce à l’éco-conduite va dans le sens de notre engagement environnemental pour la planète. Et cela représente des économies importantes », souligne Jean-Marc Coevoet.
La télématique a aussi des répercussions sur l’optimisation des véhicules : toujours chez Kbane, la remontée d’informations avec les alertes par le biais des voyants moteurs évoqués plus haut a évité des casses moteur. « Le dispositif est pertinent économiquement, bien qu’il coûte plus cher que la simple géolocalisation. Sont dorénavant évitées les casses moteurs qui ont pu se produire auparavant à cause d’alertes au tableau de bord occultées ou d’entretiens qui n’avaient pas été réalisés en temps et en heure, avec à la clé des gains élevés », poursuit Jean-Marc Coevoet.
Une meilleure maîtrise des contrats

En améliorant la remontée des données de kilométrage, la télématique embarquée conduit également à une meilleure gestion des contrats pour les entreprises qui financent les véhicules en LLD. « Le point fort de la télématique, c’est d’avoir pu optimiser les contrats, confirme Corinne Le Drogo, chargée des services généraux et responsable du parc chez Tennant. Nous pouvons suivre les contrats, les ajuster, anticiper. Pour éviter les dérapages kilométriques, les informations de la télématique complètent nos analyses de consommation de carburant. »
Plutôt que la télématique embarquée, d’autres entreprises optent pour des outils de gestion plus « classiques » afin d’assurer le suivi de leur flotte. C’est par exemple le choix qui a été fait par Qérys. Autrefois dénommé Bricodeal, Qérys se compose de huit entreprises et compte 820 salariés. Cette société est spécialisée dans les produits de l’habitat pour les professionnels et les particuliers : quincaillerie, plomberie, sanitaire et jusqu’aux piscines. Sa flotte compte 210 véhicules, tous en location, ainsi qu’une centaine d’engins (voir aussi le témoignage).
Chez Qérys, pas d’interfaçage avec la télématique embarquée : le suivi des kilomètres est assuré grâce aux remontées d’informations issues des cartes carburant ou des loueurs au moment des révisions. « Nous lançons aussi des “campagnes kilométrages“ à partir de notre logiciel, avec des envois d’e-mails pour recueillir les kilométrages », complète Patrick Perrault, directeur gestion de l’immobilier, en charge de la gestion du parc.
Un outil pour raisonner en TCO…
Ce gestionnaire de parc a décidé de faire appel à SIP2. « Auparavant, la flotte était gérée empiriquement par le service des RH avec des fichiers Excel », retrace Patrick Perrault. C’est à la suite d’une visite aux Rencontres Flottes Automobiles que ce responsable a retenu ce prestataire. « Avec SIP2, nous pouvons héberger nos données sur nos serveurs et surtout, nous pouvons gérer à la fois nos véhicules et nos engins », ajoute Patrick Perrault.
À l’instar de ce qui est attendu par les entreprises évoquées précédemment de leurs instruments de télématique embarquée, le logiciel de gestion aide Qérys à optimiser son parc. « Avant d’employer ce logiciel, nous ne raisonnions pas en TCO mais en coût de location », explique Patrick Perrault. Le premier levier d’optimisation que le logiciel permet d’activer est celui d’une meilleure connaissance des coûts. « Nous travaillons désormais en TCO théorique pour élaborer notre car policy, et en TCO réel grâce au traitement des informations sur les dépenses de la flotte », reprend le responsable.
Cette amélioration de la connaissance des coûts des véhicules en parc a eu des répercussions très concrètes sur la gestion de la car policy, et par ricochet sur la politique des RH de Qérys. « Avant, pour un commercial, notre offre se limitait à une Polo avant de passer à une Golf. Aujourd’hui, dès l’entrée du salarié dans l’entreprise, nous lui proposons une Polo, une Seat ou une Skoda avec diverses options ; moins la voiture est chère, plus le nombre d’options est important avec un TCO quasi égal, indique Patrick Perrault. Pareillement, pour la catégorie au-dessus, nous proposions jusqu’ici uniquement des Passat ; maintenant, les salariés peuvent choisir entre des Passat, Tiguan ou T-Roc », énumère-t-il.
… et un outil pour le benchmark
La contribution du logiciel à l’élargissement de la car policy est aussi d’avoir rendu possible la comparaison des différentes offres des loueurs avec lesquels l’entreprise travaille. « Avec le logiciel, je peux benchmarker directement nos trois loueurs. Et je constate parfois des écarts importants. Cela m’incite à renégocier les contrats en cours sans attendre la revue de contrat annuel avec le fournisseur », expose Patrick Perrault.
Un apport d’autant plus important de l’outil qu’un tel comparatif des offres des loueurs était auparavant beaucoup plus chronophage. « Nous n’avions pas le temps d’élaborer de telles démarches : il aurait fallu appeler chaque loueur pour qu’il retienne une série de véhicules, les comparer ensuite, les sélectionner, etc. », détaille Patrick Perrault. Autant de tâches automatisées qui contribuent à simplifier le travail de ce gestionnaire qui estime à 30 % le temps gagné avec cet outil : « Infoparc génère lui-même une proposition d’avenant en cas de sur-roulage ou de sous-roulage d’un véhicule. Si cette proposition est pertinente, je la valide et elle part directement par e-mail chez le loueur », illustre Patrick Perrault. Et le gain se mesure aussi en termes économiques. « À fin décembre 2018, nous avons économisé 8 % sur la flotte, sur tous les postes », estime ce responsable.
Des gains comparables à ceux générés par les outils de télématique ? Une question difficile à trancher tant les postes de gain sont différents : tandis que chez Qérys le gain est évalué au global, les gestionnaires de flotte utilisateurs de boîtiers télématiques l’estiment plutôt sur la consommation de carburant. Reste pour ces dispositifs un coût invariant, celui de la location des boîtiers. Un coût souvent plus élevé que celui d’un logiciel quand il est rapporté au nombre de véhicules de la flotte. Faites votre choix !
Dossier - Outils de gestion : quels services pour les flottes ?
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