« Il y a 18 mois, les achats indirects groupe n’avaient qu’une vision peu précise des enjeux automobiles au-delà du périmètre France et de son parc de 1 500 véhicules. Une première cartographie a précisé les contours de la flotte : 10 000 véhicules partout dans le monde dont une bonne moitié en Europe. Et largement plus d’une cinquantaine de millions d’euros de dépenses », détaille Romain Trébuil, manager achats RH.
« À ma prise de poste mi-2014, j’ai réalisé un audit de ce périmètre et des opportunités d’optimisation. Avec le sujet automobile, un travail poussé avait été réalisé en France où le parc est le plus important. Mais je n’avais guère de visibilité au-delà », retrace-t-il. À plus large échelle, la connaissance des enjeux restait perfectible, tant sur le nombre de voitures que sur les montants en jeu.
Une stratégie élaborée avec méthode
D’où le programme d’optimisation engagé à l’échelle européenne dans un premier temps. Son déclenchement a été l’occasion de réunir tous les directeurs achats de la zone afin de leur donner la mesure des enjeux et de les mobiliser dans la démultiplication de la démarche.
La phase-clé du recensement de l’existant et des pratiques de gestion s’est appuyée sur un outil d’évaluation spécifique, développé par les achats. Il demandait à chaque entité de renseigner des données chiffrées et de répondre à des questions qualitatives. Une centaine de points étaient abordés : de l’approfondissement du TCO à la maîtrise des coûts de maintenance ; de l’existence d’un pilotage financier à celle d’un reporting dédié ; des ressources internes ou externes mobilisées au temps consacré à la gestion automobile, etc. L’ensemble donnait lieu à une note de maturité. Ce volet essentiel est sur le point d’être engagé pour l’Asie et l’Amérique du Nord.
« Tout ce matériau a permis d’élaborer une stratégie visant à l’optimisation des dépenses, l’amélioration de la qualité et la réduction de l’empreinte carbone de la flotte. Avec cinq leviers d’action. D’abord mettre en place des catalogues assurant que le bon type de véhicule est proposé au bon profil de collaborateur. Ensuite, mieux négocier en mutualisant les besoins, en consolidant les relations fournisseurs et en systématisant la concurrence entre loueurs. Mais aussi mettre à plat les conditions de gestion dans chaque pays et favoriser l’évolution des comportements côté conducteur, vu l’impact sur la consommation de carburant, la sinistralité ou les primes d’assurance. Le tout dans une perspective internationale favorisant le benchmark, les échanges de bonnes pratiques et, in fine, la montée en maturité », énumère Romain Trébuil.
En parallèle, il s’agissait de concentrer les relations fournisseurs en négociant une série d’accords internationaux assurant de meilleures conditions de prix et de services. Ainsi, alors qu’une quinzaine de marques étaient présentes au sein de la flotte, deux partenaires Platinum ont été retenus, un français et un allemand plus premium, vers lesquels doivent converger 85 % des commandes européennes. Deux accords Gold et Silver ont aussi été montés pour tenir compte d’attentes ou de conditions de marché spécifiques dans certains pays.
« Mais la relation internationale avec un constructeur ne se fonde pas que sur la partie tarifaire », rappelle l’acheteur de L’Oréal. Il faut évidemment évaluer la pertinence de sa gamme, son renouvellement ou son potentiel d’attractivité pour les conducteurs. Au-delà, poursuit Romain Trébuil, c’est aussi le volontarisme international du constructeur qu’il convient de jauger, ou l’accompagnement que sera susceptible de prodiguer son gestionnaire de compte. »
Des relations fournisseurs à consolider
« Sur le volet loueurs, cinq acteurs étaient représentés au sein de la flotte ; nous finalisons des accords avec trois d’entre eux qui devraient couvrir 90 % des besoins en Europe. Au-delà de la consolidation des volumes, nous misons sur leur expertise pour déployer de bonnes pratiques, mener des plans d’optimisation ou des programmes innovants : équipement en véhicules hybrides et électriques ou solutions télématiques. Sans oublier l’accent sur le reporting, entre autres sur le CO2 au vu des objectifs ambitieux de L’Oréal », souligne le responsable.
Enfin, un dernier accord européen est en passe d’être ajouté avec un gestionnaire de flotte externe susceptible d’accompagner les pays en manque de ressources internes, notamment parmi ceux qui étaient en mode mono-loueur », conclut Romain Trébuil. Qui a été distingué comme Vice-Fleet Manager européen 2015 lors des Fleet Europe Awards, L’Oréal arrivant en troisième place pour l’approche environnementale de sa flotte.
La flotte de l’Oréal en chiffres
• 10 000 véhicules dans le monde dont 5 500 en Europe
• La France constitue le premier parc, fort de 1 500 véhicules
• Plus d’une cinquantaine de millions d’euros de dépenses annuelles