
« Les entreprises ont tendance à intégrer toujours plus de services dans les contrats de LLD. L’objectif est de simplifier l’administration et le pilotage de la flotte. Cette tendance s’est renforcée depuis la crise sanitaire », avance Guillaume Maureau, directeur général adjoint du loueur ALD Automotive. Et ce fonctionnement se généraliserait car il fait gagner du temps en centralisant les prestations auprès d’un seul interlocuteur.
Malgré ces avantages, les gestionnaires de flotte n’adhèrent pas systématiquement aux propositions de leurs loueurs dès lors qu’il s’agit de la prise en charge d’autres prestations que le strict financement...
« Les entreprises ont tendance à intégrer toujours plus de services dans les contrats de LLD. L’objectif est de simplifier l’administration et le pilotage de la flotte. Cette tendance s’est renforcée depuis la crise sanitaire », avance Guillaume Maureau, directeur général adjoint du loueur ALD Automotive. Et ce fonctionnement se généraliserait car il fait gagner du temps en centralisant les prestations auprès d’un seul interlocuteur.
Malgré ces avantages, les gestionnaires de flotte n’adhèrent pas systématiquement aux propositions de leurs loueurs dès lors qu’il s’agit de la prise en charge d’autres prestations que le strict financement des véhicules. Le plus souvent, ce choix de ne pas recourir aux loueurs pour ces prestations, des pneus à l’entretien courant en passant par l’assurance, est motivé par la volonté d’optimiser les dépenses.
« Dans un contrat de LLD auprès d’une banque, celle-ci cherche à faire des marges sur les services, analyse Fabien Dieu, dirigeant du fleeteur Ask. Nous considérons qu’il est toujours plus intéressant économiquement de traiter les postes de dépenses de manière indépendante. » Avec une illustration à la clé : « Le service de gestion des amendes est parfois facturé 10 euros par mois pour des clients qui n’ont qu’une amende par an », rappelle Fabien Dieu.
Sur quels postes agir ?
Parmi les prestations courantes attachées aux contrats de location, Fabien Dieu estime que les pneus restent la première prestation à retirer, avec un gain potentiel de l’ordre de 20 % en faisant appel à un prestataire. Et de nombreuses entreprises suivent ce conseil. C’est vrai chez Qérys, spécialiste de la vente de produits de l’habitat pour les professionnels et les particuliers. Patrick Perrault y prévoit de sortir les pneus des contrats de son ou de ses futurs loueurs dès 2022, année de la fin de l’engagement avec son loueur actuel. « Il est possible de réaliser de très beaux gains sur ce poste », estime ce directeur gestion de l’immobilier et en charge des 200 véhicules. Mais pour l’instant, compte tenu des engagements vis-à-vis du loueur, tous les services sont souscrits auprès de ce dernier : loyer financier, entretien, pneus, etc.
Pour l’ADMR d’Ille-et-Vilaine, la situation reste très différente. Ce spécialiste de l’accompagnement aux personnes s’est mis à la LLD en 2019, en intégrant 855 véhicules, en lieu et place d’un fonctionnement avec les indemnités kilométriques. Après avoir sollicité plusieurs constructeurs, cet organisme s’est tourné vers Renault en raison de son meilleur maillage du territoire. « Renault est revenu en indiquant qu’il allait faire une offre en partenariat avec Arval Public LLD, au regard du nombre de voitures en jeu », relate Bruno Chauvel, directeur de la fédération de l’ADMR 35.
Une intégration totale…
La signature du contrat de location par l’ADMR 35 est allée de pair avec la souscription de plusieurs services auprès de ce loueur. « Alors que les salariés ne circulent que dans des communes proches de leur domicile, le kilométrage moyen reste relativement faible : les contrats sont de 20 000 km sur 30 mois. Nous avons souscrit l’option télématique pour maîtriser le suivi de la flotte.
En cas de contrôle de l’Urssaf par exemple, nous pouvons démontrer que les véhicules ne sont utilisés qu’à des fins professionnelles. Nous pouvons aussi suivre le kilométrage et le style de conduite, et lancer des actions de prévention et des formations auprès de certains salariés. Pour l’assurance, notre courtier Plenita nous a proposé le meilleur contrat cotisations/garanties », expose Bruno Chauvel (lire aussi le n°271 du magazine Flottes Automobiles) Plus classique, l’ADMR a souscrit aux services pneumatiques de son loueur, avec deux pneus inclus dans le contrat.
À l’opposé, l’équipementier automobile JTEKT n’a gardé que la maintenance dans les contrats, « même s’il existe des variations selon les sites de l’entreprise, illustre Catherine Dutang. Nous n’avons jamais inclus l’assurance mais auparavant, nous intégrions les pneus », ajoute cette gestionnaire à la tête d’une flotte de 150 véhicules. Les pneus ont été sortis des contrats à l’occasion d’une politique d’optimisation des achats menée par l’entreprise.
« Nous nous sommes alors demandé s’il était judicieux de garder la prestation pneus dans les contrats, poursuit Catherine Dutang. Nous avons consulté sur cette question certains de nos fournisseurs qui avaient choisi de traiter ce poste en direct. » Et JTEKT s’est finalement orienté vers le prestataire WYZ Group. « Nous bénéficions de meilleures négociations, de meilleures remises et d’un service en direct. Et si nous avions déjà la transparence avec le loueur, nous y avons gagné en remises et en coût », conclut cette responsable.
… ou partielle
Chez Akka Technologies, société d’ingénierie et de conseil en technologies, les contrats de LLD incluent loyers, entretien et maintenance, assurance, perte financière et véhicule relais. « Volontairement, je n’y ai toujours pas intégré les pneus, note Isabelle Graffeo. Je passe par un prestataire unique, ce qui génère notamment plus de primes de volumes en fin d’année », expose cette responsable de la flotte d’environ 600 véhicules dont 60 % de voitures de fonction.
Toutefois, reconnaît Isabelle Graffeo, ce choix de gérer ce poste en direct, s’il amène des gains économiques, reste exigeant en temps de traitement. « Il serait plus simple de faire gérer ce poste par les loueurs. En passant par un prestataire, il me revient ainsi de donner les autorisations pour effectuer les permutations de pneus été et hiver selon les régions. Mais je peux choisir la politique d’attribution des pneus en fonction de nos modèles, des couples durée-kilométrage et des marques, en lien avec mon partenaire », détaille Isabelle Graffeo.
Quels bénéfices attendre ?
Quoi qu’il en soit, lors de l’analyse des comptes, la différence demeure toujours en faveur du choix du prestataire pour Isabelle Graffeo, « alors que je pourrais aussi obtenir des loyers financiers un peu plus bas en prenant les pneus chez les loueurs et gagner en gestion. Mais aujourd’hui encore, le choix d’un partenaire unique reste plus favorable. »
En dehors des prestations courantes, Isabelle Graffeo a retenu le véhicule relais chez un de ses loueurs. « Cette prestation est assurée par un seul de mes deux loueurs : il est plus compétitif financièrement mais aussi plus réactif pour fournir un véhicule de la catégorie demandée. Je n’ai par ailleurs pas l’obligation de commande du véhicule définitif chez lui », complète-t-elle. Quant à la carte carburant, elle n’a jamais été prise chez les loueurs en raison du surcoût en passant par cet intermédiaire. « Cela suppose aussi une gestion en interne, mais elle est simple et rapide, et il n’y a aucune nécessité d’inclure cette option chez nos loueurs ».
Au sein du Groupe Deya spécialiste des produits d’aménagement, la prestation pneus a aussi été externalisée. « Nous avons mené une recherche de prestataires nationaux en privilégiant la qualité du service et la proximité par rapport à notre siège social où les véhicules reviennent régulièrement », retrace Philippe Delage, gestionnaire du parc de 80 véhicules. Dans ce cadre, le prestataire retenu se déplace pour venir chercher le véhicule et le ramener pendant les horaires de travail des salariés.
Le juste prix ?
Mais pour le Groupe Deya, le gain lié au travail avec le prestataire tient aussi à une optimisation des stocks de pneus. « Avec les loueurs, nous nous sommes aperçus que nous payions les prestations pneus sans pouvoir en gérer le stock, avec des pneus perdus à la fin des contrats et que nous devions rendre au loueur. Comme maintenant les véhicules en restitution loueur reviennent systématiquement au siège, nous menons une étude “pneus“ pour chacun. Nous remplaçons les pneus avec une usure supérieure à la tolérance du loueur ; nous changeons aussi les pneus pour d’autres plus usés en stock, en restant dans la tolérance du loueur », décrit Philippe Delage.
À l’instar d’Isabelle Graffeo pour Akka Technologies, Philippe Delage estime que faire appel à un prestataire débouche sur des bénéfices pour l’entreprise. « Nous avons recalculé nos dépenses avec les prestataires et comparé avec les tarifs des loueurs. Nous parvenons toujours à une économie, pointe ce responsable. Et si nous ne prenons aucun service auprès du loueur, à l’inverse nous massifions les loyers chez lui qui est seul en charge du parc », note-t-il.
Une stratégie qui reprend à peu près celle de Jean-Charles Houyvet pour le spécialiste du transport adapté MyMobility : « Depuis mon arrivée dans le groupe en 2015, plus aucun service n’est souscrit auprès de la captive qui nous loue les véhicules. Pour les prestations, nous avons des contrats avec des acteurs nationaux dont c’est le métier : ils nous apportent un service de proximité meilleur marché que celui des concessions. » Un fonctionnement qui va aussi de pair avec une solide équipe de gestion du parc, quatre personnes pour près de 4 000 véhicules.
Connaître les coûts en détail
Reste que l’ensemble des arbitrages autour du recours à un prestataire repose sur un pré-requis indispensable : connaître le détail des différents coûts des services facturés par le ou les loueurs. Pour Fabien Dieu du fleeteur Ask, « c’est le seul moyen d’identifier avec le client les économies réalisables sur chacun des postes et de savoir s’il faut maintenir une approche “full service“ ou non. Connaître sa décomposition reste le seul moyen d’optimiser un coût », relève-t-il. Pour cette raison, ce fleeteur demande systématiquement aux loueurs « le prix du véhicule avec son taux de remise, sa valeur résiduelle, combien coûtent les pneus, l’entretien et quelle est la grille de fluidité. » Un préalable indispensable. Mais qui n’est pas toujours une évidence pour les loueurs comme pour certains gestionnaires de flotte.
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