
En matière de carte carburant, l’offre ne cesse de s’étoffer. Du côté des prestataires tout d’abord avec de plus en plus cartes d’enseignes issues de la grande distribution : « La motivation pour commercialiser leurs produits est de répondre à la demande des professionnels amenés à s’arrêter dans leurs magasins ou à proximité », constate Coraline Mourgues, responsable marketing de La Compagnie des Cartes Carburant, en charge de la mise en place opérationnelle de cartes de différentes enseignes comme Intermarché, Auchan et bientôt Carrefour.
« Ces enseignes veulent aussi toucher les bassins d’entreprises dont certaines sont implantées près de...
En matière de carte carburant, l’offre ne cesse de s’étoffer. Du côté des prestataires tout d’abord avec de plus en plus cartes d’enseignes issues de la grande distribution : « La motivation pour commercialiser leurs produits est de répondre à la demande des professionnels amenés à s’arrêter dans leurs magasins ou à proximité », constate Coraline Mourgues, responsable marketing de La Compagnie des Cartes Carburant, en charge de la mise en place opérationnelle de cartes de différentes enseignes comme Intermarché, Auchan et bientôt Carrefour.
« Ces enseignes veulent aussi toucher les bassins d’entreprises dont certaines sont implantées près de leurs magasins », complète Coraline Mourgues. Clientèle visée prioritairement dans ce périmètre : les sociétés de petite taille et les PME. « Ce sont des entreprises dont les salariés rayonnent localement, confirme Coraline Mourgues. Mais il peut aussi s’agir de grands comptes qui arrivent à ces cartes via des appels d’offres. »
Une multiplication des acteurs et des services
Cette multiplication des acteurs va de pair avec l’enrichissement des services commercialisés. « L’axe principal des attentes de nos clients, ce sont les services à valeur ajoutée en plus du carburant : le péage, le lavage, le parking, etc. », résume Jean-Michel Mamann, directeur exécutif de la business unit Payment Solutions chez Galitt. Filiale du groupe Sopra Steria, cette entreprise française élabore des outils pour gérer les cartes carburant et les services afférents. Elle travaille pour des réseaux pétroliers, des prestataires de services ou des enseignes de la grande distribution.
Parmi les nouveaux services apportés aux responsables de parc : les remontées d’informations de la télématique embarquée, avec Total au premier rang. Le pétrolier a en effet récemment racheté 100 % de WayKonect, une start-up lilloise spécialisée dans ce domaine. La solution Way-Konect comporte une clé KeyConnect qui vient se brancher directement sur la prise OBD du véhicule, ainsi qu’une plate-forme et une application mobile. Avec cette acquisition, le pétrolier souhaite fournir à ses clients une solution complète de gestion de flotte.
« Nous allons proposer aux utilisateurs de notre carte carburant des informations remontées de la télématique de WayKonect en complément de celles fournies par notre système de gestion GR Analytics », indique Gilles Langlois, directeur des cartes pétrolières de Total. En sus des informations produites par la carte sur les retraits, les clients bénéficieront donc des données classiques issues de la télématique : kilométrage des véhicules, géolocalisation, comportement de conduite, etc. « Pour les utilisateurs de la carte Total, cette prestation aura un coût supplémentaire, avec une grille commerciale compétitive compte tenu du potentiel de notre parc de clients », argumente Gilles Langlois. Si le pétrolier ne chiffre pas encore le nombre des installations prévues, il espère se positionner par la suite « comme un acteur majeur sur le sujet. »
Une attente pour plus de données
Cette acquisition va en tout cas dans le sens de l’attente des gestionnaires de flotte pour un accès à des données fiables sur les dépenses de leurs conducteurs via les cartes carburant (voir la première partie de ce dossier). « Il existe une demande croissante de nos clients pour exploiter les données liées aux activités des utilisateurs, note pour sa part Jean-Michel Mamann pour Galitt. Ces données sont utiles aux responsables de parc pour connaître le montant des dépenses, établir des prévisions, être alertés des dépassements de seuil, etc. », poursuit-il.
Des prestataires accompagnent ainsi les gestionnaires de flotte dans la prise en main des interfaces de gestion afin d’éviter les dérives dans les dépenses, qui seraient liées à une mauvaise configuration. C’est vrai d’Edenred qui, avec sa carte Ticket Fleet Pro, carte carburant multi-enseignes, duplique le dispositif des sessions organisées pour sa carte de tickets-restaurant. « Nous dispensons des formations présentielles durant les premiers mois avec un accompagnement sur les espaces ou l’envoi de rapports pour le suivi de l’activité », détaille Antonie Tartary, directeur commercial du prestataire.
Car avec de nouveaux prestataires sur le marché, les cartes se multiplient dans le portefeuille des conducteurs. Pour les responsables de parc, ce sont autant de vecteurs de dépenses à encadrer : « Quand un gestionnaire emploie depuis plusieurs années la carte d’un prestataire, des habitudes se sont installées. En outre, les cartes d’un nouvel intervenant ne sont pas toujours bien paramétrées dès le début », rappelle Antonie Tartary. L’accompagnement des nouveaux utilisateurs aide notamment à pointer les usages abusifs. « C’est au fur et à mesure de la pratique que l’on peut fournir des indications sur les restrictions. La ʺvie du contratʺ nous permet d’accompagner, de préconiser et d’adapter notre fonctionnement avec le gestionnaire », reprend le responsable d’Edenred.
Des usages à paramétrer
Pour que les dépenses des conducteurs soient mieux encadrées, les prestataires améliorent également leurs interfaces et facilitent les transferts de données vers les logiciels de gestion de flotte. Pour compléter la communication de données aux responsables de parc, ils développent aussi les interfaces avec les smartphones : « Ces gestionnaires peuvent dorénavant être informées via des graphiques sur leur smartphone, recevoir des SMS d’alerte pour des dépassements, etc. », illustre Jean-Michel Mamann pour Galitt.
Ces applications pour smartphone se font aujourd’hui incontournables, aussi bien pour les responsables de parc que pour les conducteurs. Chez C2A par exemple, une nouvelle application simplifie la saisie des frais professionnels.
Faciliter la vie du conducteur
« Avec l’application MyC2A Inpensa, les salariés retrouvent toutes leurs dépenses. Pour enrichir ces données, ils prennent une photo de leur ticket de caisse et l’ajoutent à la dépense réalisée. Pour catégoriser leur dépenses, ils utilisent tout simplement un menu déroulant sur lequel ils sélectionnent la nature de ces dépenses puis l’enregistrent », décrit Eva Durisova, chargée d’affaires et de communication pour C2A. Ce prestataire commercialise la carte multi-services du même nom. Pour rappel, C2A est émetteur de cartes multi-services Mastercard. Son réseau se constitue essentiellement de stations ʺlow costʺ, soit 1 500 stations partenaires aujourd’hui.
Cette association entre montant et nature de la dépense est aussi réalisée via la carte de paiement : « Nous maîtrisons les données monétiques. Nous pouvons alors faire en sorte que lorsqu’une transaction est faite en station-service pour du carburant, elle soit reconnue et affectée avec le code carburant, le taux de TVA et le taux de TVA déductible », complète Eva Durisova. Toujours via le smartphone, C2A met en avant le service My C2A Check pour consulter en temps réel le solde de la carte carburant des salariés.
Chez Ticket Fleet Pro pareillement, la première version d’une application éponyme est désormais disponible. Elle donne entre autres la localisation de toutes les stations accessibles sur le trajet des utilisateurs. « Les prix de chaque station sont indiqués aux conducteurs dont le téléphone est géolocalisé », souligne Antonie Tartary pour Edenred.
Edenred est présent depuis environ deux ans sur le créneau des cartes carburant et compte bien continuer à étoffer les services sur son application. « Bientôt, un livreur pourra, selon son itinéraire et ses préférences, filtrer les enseignes ou le carburant de son choix et retrouver toutes les informations relatives à sa carte dans l’application », projette Antonie Tartary.
Jouer la carte de la différenciation
Pour un éditeur de cartes comme Edenred, la finalité de telles applications est aussi d’offrir aux utilisateurs un outil qui le différencie de ses concurrents. « Quand un conducteur possède plusieurs cartes dans son portefeuille, et que des enseignes sont déjà présentes depuis de nombreuses années sur le marché, une application innovante peut faire la différence, estime Antonie Tartary. Pour des PME, le gain de quelques centimes au litre peut ne pas être le critère principal si l’application fait gagner du temps et des kilomètres à l’utilisateur. Le vrai sujet reste le ratio proximité/coût au litre. »
Autre service via les smartphones, avec la carte de Total cette fois : une application élaborée en partenariat avec le prestataire OPnGO. Elle permet de réserver des places et de rentrer dans les parkings grâce à la lecture automatique des plaques d’immatriculation. « Pour les clients, l’intérêt est d’accéder en main libre à l’entrée et à la sortie des parkings », avance Gilles Langlois. Pour activer le service, le conducteur entre le numéro de la plaque minéralogique de son véhicule et les passages au parking sont ensuite facturés via sa carte Total. Grâce à un partenariat avec les principaux opérateurs de parking (Indigo, Gecina, Accor Hôtel), l’application OPnGO met en avant un réseau de 200 000 places dans cinq pays.
Le smartphone pour remplacer la carte
D’autres services via le smartphone pourraient aussi être proposés demain aux utilisateurs des cartes carburant. « Des discussions avec des prestataires sont en cours pour autoriser le paiement par téléphone », indique Coraline Mourgues pour la Compagnie des Cartes Carburant. Fort d’une application déjà diffusée qui embarque la carte de ticket-restaurants sur le smartphone, Edenred envisage une possibilité équivalente pour les porteurs de sa carte carburant. « Ce sont des solutions sur lesquelles nous travaillons », commente Antonie Tartary pour Edenred. De telles évolutions font cependant face à l’obstacle de l’interdiction de l’usage du smartphone dans les stations-service. Une interdiction que beaucoup de professionnels interrogés voient disparaître prochainement…
Mais peut-être que demain, le smartphone ne sera plus nécessaire pour régler ses dépenses de carburant. « Nous réfléchissons à des solutions avec lesquelles le conducteur reste dans sa voiture pour débloquer la pompe à distance », expose Jean-Michel Mamann pour Galitt. « On peut imaginer demain que les pompes reconnaissent le véhicule automatiquement avec la lecture de la plaque, et autorisent le bénéficiaire à retirer un certain montant de carburant », anticipe pour sa part Antonie Tartary. Le petit mode des cartes carburant n’a pas fini de bouger…
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