
Si la baisse des ventes de véhicules neufs occupe les esprits depuis plusieurs années, d’autres marchés automobiles résistent à la crise. C’est le cas des ventes aux entreprises, mais aussi du marché de l’occasion. La preuve par les faits, Renault Véhicule Occasion (RVO) a vu ses ventes progresser : de 174 000 unités en 2012, le volume de VO revendus par la marque au Losange est passé à 178 000 en 2013. « Le volume n’est qu’un élément d’appréciation, précise Serge Pietri, directeur de RVO. La hausse des valeurs résiduelles (VR) demeure un autre critère tout aussi important. Or, globalement, les prix de vente ont augmenté entre 2012 et 2013...
Si la baisse des ventes de véhicules neufs occupe les esprits depuis plusieurs années, d’autres marchés automobiles résistent à la crise. C’est le cas des ventes aux entreprises, mais aussi du marché de l’occasion. La preuve par les faits, Renault Véhicule Occasion (RVO) a vu ses ventes progresser : de 174 000 unités en 2012, le volume de VO revendus par la marque au Losange est passé à 178 000 en 2013. « Le volume n’est qu’un élément d’appréciation, précise Serge Pietri, directeur de RVO. La hausse des valeurs résiduelles (VR) demeure un autre critère tout aussi important. Or, globalement, les prix de vente ont augmenté entre 2012 et 2013. »
La crise bénéfique aux véhicules d’occasion
Pour appréhender avec davantage de pertinence les évolutions de ce marché, les professionnels l’ont scindé en segments selon l’âge des véhicules : moins de deux ans, de deux à cinq ans et plus de cinq ans. Sur le premier d’entre eux, Renault s’adjuge les trois premières places du podium. Sur un volume global de 818 685 unités, la Clio III s’est écoulée à 32 300 exemplaires, Scénic III à 31 100 et Mégane III à 29 835 unités. Les prix pratiqués sur ce segment donnent une tendance qui se confirme ensuite tout au long du cycle de vie du véhicule : un VO récent bradé verra sa VR s’éroder au fur et à mesure de ses reventes successives.
Sur ce segment des modèles de moins de deux ans, Renault travaille au maintien de ses performances en évitant de se confronter avec le marché du neuf. La différenciation des nouveautés à travers des motorisations spécifiques, des séries limitées ou des équipements supplémentaires contribue à l’atteinte de cet objectif. « Pour intéresser les acheteurs, explique Serge Pietri, la différence de prix avec le neuf doit atteindre 10 % au minimum. »
Le marché des VO de deux à cinq ans a pesé plus de 1 million d’unités en 2013. Le segment A mobilise 8 % des volumes, le segment B, 34 %, le segment C, 41 % alors que le segment D représente 12 % des ventes et le segment E, 4 %. Pour Renault, ces segments pèsent respectivement 12, 38, 40, 8 et 2 % de ses volumes de VO de deux à cinq ans cédés en 2013.
L’an dernier, RVO a revendu 32 000 véhicules issus de la captive de la marque, soit 3 000 de moins qu’en 2012. « Le parc roulant en LLD reste le même, mais avec des durées de contrat rallongées, les volumes de restitution baissent », reprend Serge Pietri. Le couple durée-kilométrage est passé de 42 mois et 84 000 km en 2012, à 44 mois et 90 000 km en 2013. Plus de 21 000 de ces véhicules ont été revendus par le réseau contre 20 000 en 2012, alors que la part des ventes aux enchères a diminué de 5 000 unités. « Nous avons intérêt à écouler le maximum de véhicules via notre réseau pour optimiser notre marge en supprimant les intermédiaires », fait valoir Serge Pietri.
Pour apprécier ses performances sur les prix, RVO mesure l’évolution de la VR et du chiffre d’affaires. Or, la VR progresse de 1 point et le chiffre d’affaires croît en moyenne de 850 euros par modèle. « Dans un contexte difficile, analyse Serge Pietri, les acheteurs préfèrent se positionner sur le marché du VO. Non seulement, ils échappent au système du bonus-malus, mais la nouvelle génération est plus confiante quant la fiabilité des modèles proposés sur le long terme. »
Par le biais de Serge Pietri, RVO se dit confiant quant au devenir du marché en 2014 : « Alors que le marché toutes marques a accusé une baisse de ses volumes de 5 % sur le segment des véhicules de moins de cinq ans, nous avons affiché des volumes et des valeurs de revente en hausse. Cette tendance devrait se renforcer en 2014 avec l’arrivée sur le marché VO de produits comme la Clio IV ou le Captur. »
Autre acteur pour les VO de 2 à 5 ans, ALD Automotive a revendu 55 000 unités en 2013 contre 46 000 en 2012. Le prix moyen de vente a gagné 2,7 % sur l’année et les véhicules les moins chers ont rencontré plus facilement la demande.
« Les prix se sont améliorés au fil des mois et les volumes se sont écoulés avec plus de régularité qu’en 2012 », observe Thibaut Carpentier, directeur VO et restitutions. Autre élément d’explication de la bonne tenue des valeurs de revente, les tarifs des véhicules neufs ont augmenté et la demande de VO issus de la LLD a ainsi excédé l’offre.
Si l’âge moyen reste stable à 44 mois, le kilométrage moyen a progressé de 1 000 km en 2013 pour atteindre 105 000 km au compteur. Pour ALD, ces données ne donnent qu’une idée imparfaite de l’évolution du couple durée-kilométrage. Alors que les grands comptes continuent de prolonger leurs contrats avec une durée moyenne de 47 mois, les TPE et les PME les raccourcissent sensiblement pour atteindre 37 à 38 mois de détention.« Lors de la crise de 2008, les grands comptes ont réalisé qu’allonger les contrats se justifiait économiquement, souligne Thibaut Carpentier. En face, les TPE et les PME privilégient davantage le plaisir de changer régulièrement de véhicules. »
Comme l’ensemble des acteurs du marché VO, ALD réalise de plus en plus de ventes en ligne. En 2013, ce canal a gagné 17 points avec 61 % des stocks écoulés. « À travers l’e-commerce, nous supprimons les intermédiaires et améliorons notre performance« , résume Thibaut Carpentier.
Parallèlement, internet permet d’intéresser l’ensemble des marchands et ce, quelle que soit leur taille. Les enchères physiques représentent désormais 20 % des ventes. « Cela étant, tempère Thibaut Carpentier, ce deuxième canal a encore sa raison d’être car les particuliers, cible de ce mode de commercialisation, apprécient d’inspecter le véhicule de visu. »
Le solde des stocks de VO d’ALD, soit 19 %, est revendu auprès des utilisateurs ou des particuliers via les réseaux de distribution automobile. La filiale de la Société Générale fait aussi appel à une plate-forme internet et des centres de revente pour proposer des VO aux particuliers.
L’e-commerce rencontre le succès avec les VO
« Ce mode de distribution constitue un point fort car il nous offre une vision globale de l’évolution des prix et des volumes, poursuit Thibaut Carpentier. Les variations enregistrées se confirment quinze jours ou trois semaines plus tard sur le marché b to b. »
Pour ALD, à l’image des deux dernières années, le marché VO restera stable en 2014. « Nous tablons sur des prix de vente légèrement plus élevés, anticipe Thibaut Carpentier, mais nous ne reviendrons pas aux valeurs qui prévalaient avant la crise de 2008. »
De son côté, Arval intervient principalement sur le marché des VO âgés de trois à quatre ans. Selon Agnès Van de Wall, directrice du remarketing, ce segment a enregistré 700 000 ventes en 2013, soit un recul de 6,7 % par rapport à 2012. Une chute encore plus importante pour les utilitaires avec un plongeon de 13 %.
Des restitutions orientées à la baisse
« Le VO d’âge intermédiaire demeure une réponse pour combattre la crise, commente Agnès Van de Wall. La demande est au rendez-vous alors que les volumes de restitution des loueurs ont baissé en 2013. » Plus précisément, de nombreuses entreprises ont prolongé les contrats de location signés en 2009 ; logiquement, le nombre de restitutions a chuté l’an passé.
Conséquence de cette raréfaction de l’offre face à une demande soutenue, les prix ont évolué positivement avec un dynamisme plus prononcé pour les utilitaires et les modèles premium. En revanche, le repli enregistré en 2008 et 2009 n’a toujours pas été rattrapé. La typologie des VO revendus par Arval n’a pas évolué avec un couple durée-kilométrage de 46 mois et 105 000 km. Mais les ventes aux professionnels réalisées par internet occupent une place toujours plus importante. Arval a développé une plate-forme internet baptisée Motor Trade et a élargi l’éventail de l’offre en 2013. Chaque semaine, les marchands ont accès à plus de 500 nouveaux véhicules. Les ventes aux professionnels pèsent aujourd’hui 80 % des volumes réalisés par Arval alors que 5 à 7 % de ses VO sont rachetés par les utilisateurs.
Étudier le comportement d’achat des clients
Le loueur recourt aussi à sa filiale Autovalley pour écouler ses VO auprès des particuliers. Cette structure lui sert de laboratoire pour étudier l’évolution des comportements d’achat des particuliers. « À travers Autovalley, nous sommes confrontés aux mêmes problématiques que les marchands, nos principaux clients, explique Agnès Van de Wall. Grâce à cette expérience, nous pouvons adapter notre offre et nos processus pour renforcer leur satisfaction. »
En 2013, Arval a écoulé 20 % de ses volumes à l’export. Les ventes ont été très dynamiques pour les modèles récents peu kilométrés. Les pays importateurs se situent principalement au centre et à l’est du continent européen. Arval Trading développe un portefeuille de clients de marchands internationaux et étudie les opportunités sur l’ensemble de la planète et ce, notamment en Asie, en Nouvelle-Zélande ou en Afrique.
L’international, débouché pour l’occasion
Arval entrevoit une année 2014 dans la continuité de 2013. « Les prévisions économiques laissent présager une situation comparable à 2013, note Agnès Van de Wall. Et à notre connaissance, les volumes de restitutions seront comparables à ceux de l’an dernier. Enfin, le niveau des stocks ne présente pas de risque particulier. »
Spécialiste de l’information automobile, Autovista développe des outils pour aider les distributeurs automobiles à évaluer précisément les prix de leurs VO et à les écouler le plus vite possible. Selon Autovista, en 2013, le marché VO a connu une baisse de 1 % de ses volumes malgré un mois de décembre très actif. Autovista compare cette performance avec celle du marché VN en repli de 5,7 %. « En 2013, le marché de l’occasion s’est placé sous le signe de la stabilité », synthétise Dominique Allain, directeur général de la filiale française d’Autovista.
L’évolution observée sur l’ensemble du marché VO doit être nuancée selon les segments. Les véhicules de plus de cinq ans réunissent 65 % des volumes. Les transactions se font presque exclusivement entre particuliers. « Leur première préoccupation porte sur le prix et, à 92 %, ils effectuent des recherches sur internet », observe Dominique Allain. Ce segment est le seul à voir vu ses volumes croître avec 30 000 unités supplémentaires en 2013 par rapport à 2012.
Sur le marché VO, l’essence gagne des points
D’après Autovista, le segment des véhicules de moins d’un an a vu ses volumes diminuer de 1,6 %. À quelques exceptions près, les constructeurs n’ont pas dopé leurs résultats par des immatriculations stratégiques et les occasions récentes ont conservé leur attractivité. Après plusieurs années de recul, les VO d’un à deux ans enregistrent à nouveau un repli à – 2,7 %. Quant au segment des deux à quatre ans, ses volumes ont aussi connu un tassement en 2013 avec des contrats de LLD rallongés et des restitutions moins nombreuses. « Depuis plusieurs années, souligne Dominique Allain, ce segment souffre d’une production en baisse. »
Sur l’ensemble de 2013, Autovista constate une stabilité des prix. En tenant compte de l’inflation, ce résultat masque un léger tassement. Cependant, les modèles essence ont connu un regain d’intérêt avec des prix en croisssance de 5 %. Cela étant, le diesel pèse encore 67 % du marché VO.
Pour évaluer l’évolution des prix, les professionnels s’appuient sur le concept de VR exprimée en pourcentage. Un véhicule neuf de 20 000 euros revendu 10 000 euros affichera une VR de 50 %. L’évolution de cette VR dépend du segment observé et du carburant. Sur le segment A, les VR ont perdu 2,5 points. Sur le segment B, les prix des modèles essence progressent alors que les diesels reculent de 1 point. Sur le segment C, le diesel baisse de 1,5 point quand l’essence gagne 1 point. Sur le segment D, les volumes sont plus faibles et les véhicules carburent exclusivement au diesel. Avec une hausse moyenne de 743 euros, les VR de ce segment passent de 50,3 à 50,6 % de 2012 à 2013. Enfin, les monospaces perdent 2 points alors que les SUV constituent le segment le plus dynamique.
Les monospaces reculent au profit des SUV
« En 2014, prévoit Dominique Allain, ces tendances devraient se confirmer. Les segments A et B continueront à avoir le vent en poupe. Les valeurs et les volumes des monospaces se tasseront au profit des SUV. Enfin, les VR des modèles essence de tous les segments vont encore augmenter. En 2014 et dans sa globalité, le marché VO devrait voir ses volumes croître davantage que sur le neuf. »
La stabilité du marché VO observée en 2012 et 2013 devrait donc se confirmer en 2014. Quant aux prix de vente, les professionnels estiment que les années d’euphorie ne reviendront pas. En 2008, les VR ont perdu 8 points et n’en ont depuis regagné que 4 à 6. « Pour que les VR augmentent, la demande doit progresser, résume Dominique Allain. Or, face à la crise, les acheteurs potentiels préfèrent épargner. » Sur le marché VO comme pour l’ensemble des biens de consommation, la crise continue de produire ses effets.
Marché VO : la stabilité sur la durée
- Marché VO : la stabilité sur la durée
- BCAuto Enchères passe totalement en ligne
- Des véhicules propres encore au compte-gouttes