Chez Citroën, le marché du VUL est considéré comme « dynamique » depuis le début 2021, avec des niveaux supérieurs à ceux de 2020 et proches de l’avant-covid. Un constat qui concerne aussi bien les petits parcs (moins de dix véhicules) que les très grosses flottes (grands comptes au-dessus de 1 000 véhicules). Pour Citroën, le marché est de fait tiré par les petites entreprises dont l’artisanat, avec la reprise de l’activité dans plusieurs secteurs comme la restauration et les métiers de bouche, la construction et la logistique pour la livraison à domicile. Le constructeur aux chevrons affiche ainsi une croissance sur les huit premiers mois de 2021, avec au cumul 45 138 véhicules immatriculés à fin août, contre 35 318 l’an passé.
Le rôle des petites flottes
Ford considère pareillement le marché des utilitaires et des voitures de société comme « dynamique en commandes » et entre autres porté par les artisans et les petites flottes. « Mais les immatriculations subissent la pénurie des semi-conducteurs à laquelle est confronté l’ensemble des acteurs du secteur », commente le constructeur à l’ovale. Un constat que valide Jean-Pierre Mesic, directeur des ventes BtoB de Stellantis : « La fin de l’année va dépendre des capacités de production suite à la crise des semi-conducteurs. L’objectif reste de satisfaire une demande qui se traduit par des portefeuilles élevés et des besoins de renouvellement. »
La situation de Kérim Bournonville, directeur de Volkswagen Véhicules Utilitaires France, n’est pas très différente. « À fin juillet 2021, le marché affichait une forte augmentation (+ 24,05 % avec 252 273 unités) par rapport à 2020, une année difficile en raison du contexte sanitaire », relate ce responsable. À cette date, Volkswagen VU avait immatriculé 9 400 véhicules (VP + VU), principalement sur le marché des VU (8 994), soit une hausse de + 7 %. Sur les seuls utilitaires, ce chiffre avait atteint 6,45 %.
« Cette performance inférieure à celle du marché s’explique essentiellement par la pénurie de semi-conducteurs qui handicape tout particulièrement notre marque et génère d’importants retards de livraison, puis par le démarrage progressif du nouveau Caddy dont la gamme n’a été finalisée qu’en avril dernier », justifie Kérim Bournonville. Tout en soulignant que « cette performance moyenne en immatriculations masque un impressionnant portefeuille de commandes clients, équivalent à plusieurs mois de ventes non immatriculées qui ne pourront être livrées qu’en 2022. »
Deux phases en 2021
« 2021 a connu deux phases », précise pour sa part Paul de Saxcé, directeur commercial de Van MAN France. Avec, tout d’abord, un premier quadrimestre durant lequel le marché a été très dynamique en prises de commandes et en livraisons. « Le transport du dernier kilomètre, les artisans et les métiers de la construction ont largement contribué à cette croissance. Mais à partir d’avril, alors que la demande restait très soutenue, tous les constructeurs ont commencé à être touchés par des soucis d’approvisionnement, surtout en semi-conducteurs. Cela a entraîné un recul significatif de la production, poursuit Paul de Saxcé. Par conséquent, les livraisons et immatriculations se sont orientées à la baisse depuis juin, avec peu de visibilité sur un retour à la normale. Et il est fort probable que le retour à des niveaux de production normaux n’intervienne pas avant 2023 », pronostique ce responsable.
Pour Iveco, Amaury Bouchet, directeur business Line Light, se veut plus optimiste : « À fin 2021, notre marché sera probablement supérieur aux chiffres de 2019. Un an après l’épidémie mondiale, nous sommes revenus à un niveau de marché historique. » Fin août dernier, le marché d’Iveco (3,5 t-7,49 t) se situait en effet très légèrement au-dessus de 2019, année de référence pour la marque, en progression de 10 % par rapport à 2020.
De son côté, Jean-Christophe Ajax, directeur Ventes VN Vans de Mercedes-Benz France, note aussi une forte croissance en cumul à fin août sur les trois segments où la marque est présente : + 9,6 % pour le S1 (fourgonnettes), + 30,5 % pour le S2 (fourgons compacts), et + 18,5 % pour le S3 (VU lourds). « Nous pensons que les segments S1 et S2 vont continuer à croître mais ils ne retrouveront sans doute pas encore le niveau de 2019. En revanche, le S3, soutenu par la demande pour la livraison du dernier kilomètre, le dépassera probablement », anticipe ce responsable.
Dépasser 2021 ?
Globalement, 2021 devrait donc constituer un bon millésime malgré la crise des semi-conducteurs qui touche toutes les marques. « Retrouver dès cette année le niveau de marché total des VUL (tous segments) de 2019, cela signifie avoir un an d’avance par rapport aux prévisions économiques de Bercy », poursuit Jean-Christophe Ajax. En soulignant que le dynamisme du marché est notamment dû aux ventes en ligne qui ont accéléré la demande en VUL, spécifiquement de la part des expressistes. « Et l’électrification du marché, palpable depuis le second trimestre 2021, devient une réalité pour l’activité de nos clients (hors mono-possesseurs). Et ce n’est que le début ! », conclut-il.