Mobilité durable : quels enjeux pour le secteur automobile ?

D’après une enquête publiée par le cabinet d’audit et de conseil Mazars, véhicules électriques, partagés et autonomes iront de pair, alors que la mobilité représente un marché en forte croissance.
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© Mazars

« Pour nous, il y a un triptyque entre les contraintes du VE, celles de la technologie autonome et celles de se garer dans les villes », a en effet déclaré Jérôme de Pastors, associé en charge du secteur automobile France chez Mazars. Le cabinet a publié les résultats d’une enquête réalisée avec l’institut IHS Markit sur les enjeux de la mobilité durable.

Mazars prévoit ainsi que 21 millions de véhicules électriques seront vendus dans le monde en 2030. En parallèle, le cabinet estime que les véhicules totalement autonomes (hors modèle de test) arriveront sur le marché dès 2019 et représenteront plus de 50 000 unités vendues en 2021 ; tandis que les véhicules partiellement autonomes pourraient atteindre 21 millions d’unité en 2035.

En cause, quatre facteurs de rupture : le passage de la voiture avec un chauffeur au volant au véhicule autonome, l’essor de l’économie du partage, les véhicules connectés et la préoccupation grandissante de l’empreinte écologique et des émissions de CO2. Si bien qu’en 2050, « les recettes mondiales découlant des Mobility-as-a-Service (MaaS) devraient approcher les 7 000 milliards de dollars et celles des voitures autonomes les 200 milliards de dollars », anticipe Mazars.

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Un virage industriel à ne pas manquer ?

Selon Mazars, les investissements dans la recherche et le développement et la signature de méga partenariats – tels le rachat d’Opel/Vauxhall par PSA ou l’Alliance entre Renault, Nissan et Mitsubishi – devraient « permettre aux acteurs de l’industrie automobile de négocier le virage de la mobilité durable en toute sécurité ». L’Europe serait la zone la plus innovante dans ce secteur, la France se classant au 4e rang. Valeo investirait ainsi un tiers de ses dépenses R&D dans le véhicule autonome, et Volkswagen 70 % (35 milliards d’euros) dans les solutions technologiques de mobilité.

Le passage du thermique à l’électrique a également de fortes conséquences pour les industriels. « On passe d’environ 30 000 pièces dans un véhicule thermique à entre 10 000 et 12 000 dans un VE, sachant qu’il n’y a plus de fluides ni de câblage, détaille Jérôme de Pastors. Le VE est un Ipad sur roues. » D’où un besoin pour les constructeurs de former et d’attirer de nouvelles compétences qui n’étaient pas dans leur secteur, tels des data scientists.

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Des inégalités géographiques

Reste que tous les pays ne sont pas égaux devant ces évolutions. « 95 % des véhicules électriques sont vendus dans seulement 10 pays : Chine, États-Unis, Japon, Canada, Norvège, Royaume-Uni, France, Allemagne, Pays-Bas et Suède », note l’enquête. L’Hexagone serait toutefois bien positionné dans cette course technologique. La France est en effet le quatrième pays européen en termes de ventes de véhicules électriques avec 36 385 unités mises à la route en 2017, et a inauguré au printemps 2018 l’institut Prairie, un centre d’excellence consacré à l’intelligence artificielle.