Mobile World Congress : l’automobile s’invite

L’automobile sort de ses salons pour rejoindre ceux dédiés aux technologies et s’y exposer en tant qu’objet connecté. Au Mobile World Congress de Barcelone cette année, avec une 5G omniprésente, constructeurs et équipementiers exposaient ainsi l’avancée de leurs travaux, tandis que Seat, régional de l’étape, en profitait pour dévoiler un concept.
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Mobile World Congress

5G : c’est le leitmotiv du cru 2019 du Mobile World Congress, le grand rendez-vous mondial de la téléphonie mobile. Cela fait certes des années que l’on parle de l’arrivée de cette cinquième génération de réseaux téléphoniques, environ dix fois plus rapide que la 4G actuelle. Mais cette fois, la date est proche et si la France n’est pas parmi les pays les plus en avance, l’an prochain devrait voir mettre en place les premières zones de tests significatives.

Voilà un préambule important pour situer cette fameuse 5G dans son contexte. Un ingrédient indispensable de la connectivité entre véhicules et avec les infrastructures (appelée C-V2X) grâce à la quasi-absence de latence dans son signal. En clair, la 5G offre une communication instantanée et des débits extrêmement élevés qui donneront la possibilité aux véhicules, aux infrastructures et même aux piétons d’échanger une énorme quantité d’informations en permanence pour se coordonner et circuler en toute sécurité.5G Connected car, Seat

Le véhicule, objet très connecté

Ce qu’a illustré le patron de Seat, Luca de Meo, avec le parallèle suivant : « Dans le futur, les automobiles auront cent fois plus de codes de programmation qu’un avion. » On l’oublie trop souvent, la conduite sur la route est autrement plus complexe que dans les airs…

Seat s’est donc associé avec l’opérateur espagnol Telefonica autour d’une démonstration de réseau 5G avec un véhicule à proximité du salon. Vision d’un film en ultra haute définition 4K sur une tablette, avertissement en temps réel de la présence d’un piéton repéré par une caméra thermique sur le passage clouté, information en amont de la présence d’un véhicule arrêté dans la rue où l’on s’apprête à tourner… Toutes ces informations sont permises par l’instantanéité de la 5G. Le géant américain des puces, Qualcomm, dédiait d’ailleurs une partie de son stand aux possibilités offertes par la C-V2X avec sa plate-forme Snapdragon Automotive.

Un mini véhicule urbain électrique avec deux places et des roues extérieures, comme un hybride entre auto et scooter : le concept du Renault Twizy, vieux de huit ans déjà, est repris à son compte par Seat avec son concept Minimó. Repris et repensé : il s’agit d’un véhicule conçu pour les services d’autopartage, alors que Seat endosse la responsabilité du développement des concepts de mobilité dans le groupe Volkswagen.

D’un gabarit proche de la petite Renault (2,50 x 1,24 m ici), ce Minimó ne s’affranchit donc pas vraiment non plus des bouchons. Là où il se démarque du petit français, c’est entre autres par son habitacle fermé et ses batteries amovibles qui se changent très rapidement plutôt que d’immobiliser le véhicule pour la charge. C’est le principe employé pour les scooters électriques en libre-service. Ici, quatre modules d’une quinzaine de kilos chacun offrent une autonomie totale d’environ 100 km.Seat Minimó

Minimó, le Twizy réinventé par Seat

Le poids du Minimó se monte à 425 kg hors batteries et l’accès à bord se fait au moyen de portes en élytres, celle de droite étant plus longue pour l’accès à la place arrière. L’écran de bord se connecte à Android Auto pour reprendre les informations, la musique et la navigation du conducteur. Et la connexion 5G est bien entendu présente à bord.

À terme, la marque catalane évoque la possibilité d’une conduite autonome de niveau 4 pour cet engin qui pourrait venir tout seul chercher ses passagers. Le Minimó ferait aussi une très bonne base pour un véhicule de livraison, utilisant l’espace arrière pour y placer des colis ou réaménagé avec four et réfrigérateur pour des livraisons de repas de type Deliveroo.

Luca de Meo nous a expliqué qu’il faudrait environ deux ans et demi pour industrialiser ce concept qui pourrait être vendu en marque blanche à différentes marques du groupe ou pour des services d’autopartage indépendants. Dont certains offerts par la marque qui est en plein développement de ses services de mobilité et recrute une centaine d’ingénieurs informatiques pour son centre de développement de logiciels créé à Barcelone.

Au fil des stands des différents halls, on retrouvait régulièrement des voitures entières ou des habitacles exposés pour symboliser l’implication des différents fournisseurs d’équipements 5G. En plus de Seat, quelques constructeurs étaient également de la partie comme BMW qui proposait des démonstrations virtuelles de ses interfaces homme-machine du futur. Ainsi, la détection du regard s’ajoute à celle des gestes avec un affichage en réalité augmentée pour mieux interagir avec son environnement, notamment lors de phases de conduite autonome, le tout sous couvert d’intelligence artificielle, apprenant au fur et à mesure à mieux accompagner l’heureux utilisateur.

Le véhicule en communication directe

Enfin, Ford avait dédié son stand à la seule connectivité, sans véhicules. Nous avons aussi pu rencontrer Don Bulter, directeur exécutif des véhicules connectés de Ford Mobility, qui nous a expliqué qu’aux États-Unis, toutes les Ford s’équiperont d’une capacité de C-V2X 5G à partir de 2022. Le consortium de constructeurs 5GAA dont Ford fait partie, en charge du développement et de la standardisation de la C-V2X, annonce de premières applications de communication directe entre véhicules dès cette année. Nous voilà donc à la porte d’une nouvelle ère, offrant plus de sécurité et surtout, à terme, le développement de la conduite autonome. Rendez-vous au MWC 2020 pour les prochaines étapes.

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