
Après avoir bénéficié d’un phénomène de mode, la mobilité partagée se fait plus discrète mais ne s’en fraie pas moins un chemin. Spécialiste de l’analyse des données sur ce marché, Fluctuo réalise un baromètre trimestriel. Cette étude balaie 22 villes et porte sur les vélos, trottinettes, scooters et voitures partagés. Dans l’ensemble des villes étudiées, plus de 380 000 outils de mobilité sont ainsi partagés. Les trottinettes en représentent 51 %, les vélos attachés, 20 %, les vélos en libre-service, 13 %, les scooters, 8 % et les voitures, 8 %. En matière de mutualisation, la voiture marque un temps de retard.
Le partage à la hausse
...Après avoir bénéficié d’un phénomène de mode, la mobilité partagée se fait plus discrète mais ne s’en fraie pas moins un chemin. Spécialiste de l’analyse des données sur ce marché, Fluctuo réalise un baromètre trimestriel. Cette étude balaie 22 villes et porte sur les vélos, trottinettes, scooters et voitures partagés. Dans l’ensemble des villes étudiées, plus de 380 000 outils de mobilité sont ainsi partagés. Les trottinettes en représentent 51 %, les vélos attachés, 20 %, les vélos en libre-service, 13 %, les scooters, 8 % et les voitures, 8 %. En matière de mutualisation, la voiture marque un temps de retard.
Le partage à la hausse
Selon Fluctuo, depuis mars 2022, le recours à la mobilité partagée a crû de 48 % par rapport au deuxième trimestre de 2021, et le périmètre des flottes a progressé de 15 %. L’utilisation des scooters a augmenté de 57 % quand celle des trottinettes a bondi de 64 %. L’autopartage a gagné 14 %. Berlin compte le plus de véhicules partagés avec plus de 50 000 unités et Paris rassemble désormais plus de 7 000 vélos en libre-service.
Pour sa part, le comparateur d’assurance Confused.com a établi un classement des villes les plus avancées dans l’autopartage. L’étude prend en compte le nombre d’acteurs sur le marché local, le coût horaire, le pourcentage d’habitants adultes possesseurs d’une voiture et la densité de population. Selon Confused.com, Paris s’avère la « meilleure » ville à travers le monde pour l’autopartage. La capitale française abrite six sociétés d’autopartage et affiche la densité de population la plus élevé avec 20 505 personnes au km2. La ville de Londres arrive en deuxième position, suivie de Singapour et Melbourne. Viennent ensuite Madrid, Munich, Amsterdam, Sydney, Milan et Prague. Les études prennent en compte l’autopartage ouvert au grand public et non les services développés par une entreprise pour répondre aux besoins de ses propres salariés. Cela étant, ces salariés font parfois appel à ce type d’offres à titre professionnel. En outre, le degré de maturité de l’autopartage grand public se veut un bon indicateur du degré d’intérêt des entreprises.
Souvent, l’autopartage naît d’une volonté commune à plusieurs entités. Fin 2020, le syndicat mixte des transports de Briey a ainsi lancé le service d’autopartage Pro’Fil avec cinq Zoé électriques réparties dans les communes d’Audun-le-Roman, Piennes, Val de Briey, Jœuf et Jarny en Meurthe-et-Moselle. Pour recharger ces véhicules, cinq bornes ont été installées. Chacune compte deux points de charge, l’un pour l’autopartage, l’autre accessible en libre-service. Pro’Fil a été financé dans sa totalité par l’État dans le cadre du label Territoire à énergie positive pour la croissance verte.
Pro’Fil fonctionne grâce à la solution d’autopartage e-Colibri du prestataire Mobility Tech Green. Ce dernier fournit aussi les plates-formes de réservation sur PC et mobile, et un site de gestion en back-office. Les entreprises, collectivités et associations du bassin de Briey ont accès aux véhicules à travers un abonnement de 15 euros par mois ou de 5 euros de l’heure. Cette offre apparaît comme avantageuse par rapport à la location courte durée pour ces structures qui ont des besoins ponctuels de mobilité et ne disposent pas forcément d’une flotte.
Le Val de Briey en partage
« Pro’Fil constitue une expérimentation assez audacieuse dans un territoire relativement peu dense où la culture de l’autosolisme règne en maître et ce, même chez les employeurs, explique André Corzani, président du syndicat mixte des transports de Briey. Ce service nous permet d’explorer de nouveaux horizons de mobilité avec des coûts maîtrisés. » Aujourd’hui, dix entreprises ont déjà adopté Pro’Fil, soit une cinquantaine de salariés qui ont parcouru 10 000 km depuis octobre 2021. Récemment, la réservation a été ouverte les soirs et week-ends et une réflexion a été engagée pour étendre le service à l’ensemble de la population.
Les flottes installent le partage
Autre client de Mobility Tech Green à avoir misé sur l’autopartage, Podeliha offre 33 véhicules à ses collaborateurs sur ses deux sites d’Angers. Podeliha se présente comme une entreprise sociale pour l’habitat (ESH) et gère plus de 26 000 logements locatifs dans les Pays-de-la-Loire. Le but de l’autopartage : optimiser l’utilisation des véhicules de service et rendre les salariés autonomes. La société d’autoroutes APRR a aussi sauté le pas pour remplacer son logiciel de gestion des réservations devenu obsolète et simplifier l’accès aux véhicules sans passage par les bureaux pour récupérer les clés. Après avoir testé plusieurs solutions, le groupe a choisi Mobility Tech Green. Le déploiement s’est fait au fil de l’eau, site par site, dans les huit directions des réseaux APRR et Area, avant de s’étendre à 58 implantations. Les 130 véhicules sont employés par 1 300 salariés. Autre client de Mobility Tech Green : le conseil départemental de l’Essonne a mis en service 200 véhicules répartis dans 24 sites, après un test avec vingt véhicules. À terme, le département basculera 35 % de ce parc à l’électrique.
Le covoiturage dans l’effervescence
Autre volet de la mobilité partagée, le covoiturage prend son envol à la faveur de l’envolée du prix des carburants. Klaxit, l’un des acteurs historiques sur les trajets domicile-travail, vient de publier les résultats de son premier baromètre du covoiturage quotidien. Tous les mois, cet outil compilera et analysera les données de 22 opérateurs de covoiturage courte distance.
Selon les résultats de la première édition en septembre, plus de 500 000 trajets ont été réalisés par l’ensemble des opérateurs de covoiturage, soit une progression de 100 000 trajets par rapport à juin dernier. Parmi les collectivités, Rouen occupe le haut du classement avec plus de 50 000 covoiturages, quand Angers et Beauvais enregistrent des croissances supérieures à 100 %. La Rochelle entre dans le classement en neuvième position et se positionne devant la métropole de Nice. En septembre, le covoiturage aurait fait économiser aux covoitureurs 1,5 million d’euros, soit l’équivalent de 30 000 billets d’avion Paris-Toulouse en termes de CO2.
Sur le spectre du covoiturage au quotidien, Klaxit réalise un trajet sur deux. L’opérateur a conclu des accords avec 34 collectivités et avec plus de 350 entreprises dont 80 % des groupes du CAC 40, soit 500 000 collaborateurs dans tous les secteurs d’activité. Chaque mois, son application contribue à transporter plus de 200 000 passagers. Les collectivités ayant passé un accord avec Klaxit ont multiplié par trois en moyenne les investissements initialement prévus pour 2022. À noter que dans le cadre de l’objectif gouvernemental de baisser de 10 % les consommations d’énergies, Klaxit a décidé en septembre d’offrir les six premiers mois de trajets à tous les collaborateurs de ses entreprises clientes.

Covoiturer pour économiser l’énergie
« Pour atteindre les 10 % d’économie sur le volet transport, il suffit que 10 % des automobilistes de chaque entreprise laissent leur voiture au garage et partagent leurs trajets avec des collègues ou des salariés d’entreprises à proximité », estime ce prestataire.
Blablacar Daily mise aussi sur le covoiturage « professionnel ». Cette plate-forme de covoiturage domicile-travail a totalisé 2,5 fois plus de trajets en septembre 2022 qu’un an auparavant. En douze mois, 1 million de membres supplémentaires ont rejoint l’application. Actuellement, 3 millions de Français sont inscrits sur Blablacar Daily. En moyenne, 80 % des nouveaux utilisateurs se voient proposer des covoitureurs potentiels dès leur première recherche. Plus de 30 000 points de rencontre sont employés chaque mois, avec une distance moyenne de 35 km par trajet. Dans le secteur public, les initiatives liées au covoiturage fleurissent. Dans l’Ain, la communauté de communes de la Plaine de l’Ain (CCPA), celle des Balcons du Dauphiné, le syndicat mixte du parc industriel de la Plaine de l’Ain (SM PIPA) et la centrale EDF du Bugey se sont ainsi associés pour construire des alternatives à l’usage individuel de la voiture pour les trajets domicile-travail. Buts poursuivis : améliorer l’accès au PIPA et à la centrale EDF pour les salariés, faciliter le recrutement pour les entreprises et limiter l’autosolisme et les émissions de gaz à effet de serre.
Déployées par l’opérateur d’autopartage Ecov en septembre 2020, les lignes de covoiturage Covoit’ici Plaine de l’Ain ont apporté une solution de mobilité alternative à la voiture individuelle. Quatre lignes ont été mises en service pour covoiturer comme on prend le bus, grâce à des arrêts physiques connectés implantés sur la voirie et équipés de panneaux lumineux. Ces panneaux affichent les destinations demandées par les passagers en attente. Le passager peut faire sa demande par application mobile, SMS ou assistance téléphonique. Aussitôt faite, cette demande s’affiche sur le panneau lumineux visible depuis la route par les conducteurs. S’ils sont inscrits sur l’application mobile, ces derniers reçoivent une notification les informant de la présence d’un passager. Les lignes de covoiturage complètent l’offre de mobilité déjà existante avec de l’autopartage, de l’autostop organisé, les transports urbains et le vélo. Certains arrêts de Covoit’ici s’intègrent à des centres de mobilité déployés par l’opérateur PIM Mobility et les usagers peuvent emprunter des vélos en libre-service pour poursuivre leurs trajets.
JCDecaux à la manœuvre
De son côté, JCDecaux, le spécialiste du mobilier urbain et de l’affichage publicitaire, s’est mis au covoiturage en 2018 avec Klaxit. Avec l’objectif d’apporter une offre de services à ses salariés, mais aussi avec une visée écologique. « L’entreprise s’inscrit durablement dans une démarche de réduction de son empreinte carbone. JCDecaux a d’ailleurs reçu l’un des Grands Prix de l’Écomobilité décerné par TGV-Intercités en septembre dernier », expose Esther Anstett, ingénieure environnement, pôle environnement et climat, direction santé, sécurité et environnement France. Cette responsable poursuit : « À titre d’exemple, nos abribus favorisent le recours aux transports en commun et contribuent à limiter les émissions. Nos vélos en libre-service permettent aussi aux habitants des villes et des métropoles de faire appel à une mobilité moins carbonée. En interne, nos actions en faveur d’une mobilité plus durable participent de la même volonté. Autre axe de travail, nous étudions la possibilité de développer l’autopartage », complète Esther Anstett.
Le covoiturage écologique et économique
Mais pour les covoitureurs de JCDecaux, partager un véhicule réduit aussi les coûts. « L’une des motivations est d’ordre économique. Les conducteurs réalisent jusqu’à 120 euros d’économies par mois. Mais si le conducteur rembourse une partie de ses coûts de carburant et d’entretien en employant l’application de Klaxit, il contribue aussi à la transition écologique. Généralement, les covoitureurs manifestent un engagement sur ce sujet. C’est l’autre motivation principale des salariés. Quant aux covoiturés, leur participation aux frais est prise en charge par Île-de-France Mobilités, l’autorité organisatrice des transports de la région. L’aspect financier leur importe, tout comme la préservation de l’environnement », résume Esther Anstett pour JCDecaux. L’objectif est atteint.
Dossier Mobilités partagées : une forte croissance
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