
Changer de mode de financement ? La question se pose pour tous les gestionnaires avec une acuité renouvelée dans une période complexe. Si la répartition des financements des flottes tend à se maintenir selon la taille des entreprises – de l’achat pour les plus petites à la LLD pour les plus importantes –, la conjoncture contribue cependant à faire bouger les lignes.
« De plus en plus d’entreprises, même les petites et moyennes, se tournent vers la LLD », observe Pierre-Mathieu Lanfranchi, directeur de Citroën Financement. Avec des flottes qui comptent jusqu’à 50 véhicules, ces PME et TPE optent désormais plus facilement pour ce mode de...
Changer de mode de financement ? La question se pose pour tous les gestionnaires avec une acuité renouvelée dans une période complexe. Si la répartition des financements des flottes tend à se maintenir selon la taille des entreprises – de l’achat pour les plus petites à la LLD pour les plus importantes –, la conjoncture contribue cependant à faire bouger les lignes.
« De plus en plus d’entreprises, même les petites et moyennes, se tournent vers la LLD », observe Pierre-Mathieu Lanfranchi, directeur de Citroën Financement. Avec des flottes qui comptent jusqu’à 50 véhicules, ces PME et TPE optent désormais plus facilement pour ce mode de financement qui leur apporte une solution aux problèmes du quotidien : depuis des indemnités kilométriques (IK) complexes à gérer jusqu’à la difficulté à trouver des véhicules de remplacement pour les personnels roulants, en cas de pannes ou d’accidents.
Unifier avant tout pour simplifier la gestion interne
« Nous voulions décharger nos directeurs de site de l’aspect opérationnel et stratégique d’un dossier qu’ils ne maîtrisaient pas forcément », confirme Amelia Berger, responsable de la flotte de Culligan, en évoquant le recours à la LLD. Overlease et Alphabet financent ainsi le parc du spécialiste du traitement de l’eau qui panachait jusqu’en 2009 IK, LLD et achat pour ses 500 véhicules répartis sur 38 sites différents, avec autant de gestionnaires.
Se soulager d’une partie de la gestion de la flotte : c’est aussi la raison pour laquelle des collectivités se tournent vers la LLD. « De mai 2009 jusqu’en 2010, nous avons intégré 77 véhicules en LLD », relate Jean-Pierre Schang, chef du service d’exploitation des routes et du matériel au conseil général de la Marne. Le conseil général souhaitait déléguer à un prestataire une partie de sa flotte, alors majoritairement en achat, notamment pour assurer le suivi des voitures basées sur des sites trop éloignés dans le département.
Au-delà de la simplification organisationnelle, entreprises et collectivités recherchent également un allégement des dépenses. Chez Culligan, le gain estimé du passage de l’intégralité de la flotte en LLD s’élève à 12 %. Et Culligan veut aller plus loin dans l’optimisation des coûts. « Nous avons encore quelques axes d’amélioration. Certains postes de dépenses peuvent nous échapper, en particulier la catégorie “autres” qui regroupe des frais d’entretien ou de réparation. Ceux-ci n’entrent pas dans la prestation du loueur ou n’ont pas fait l’objet d’une déclaration de sinistre car le montant est inférieur à la franchise », explique Amelia Berger.
Ces dépenses sont normalement soumises à des grilles de remises sur les pièces détachées dans les protocoles négociés avec les constructeurs, mais ces grilles ne sont pas systématiquement appliquées par le réseau du constructeur. Pour diminuer ces frais, Amelia Berger met en avant un rappel régulierdes procédures aux responsables locaux et surtout un contrôle accru. Plus avant encore, la responsable de Culligan réfléchit à optimiser la facturation de ces frais : « Bien que le contrôle de la facturation soit automatisé pour l’ensemble de nos prestataires, ces factures sortent du cadre standard et sont consommatrices de temps. En mettant en place des accords avec des réseaux de réparateurs pour réaliser ces interventions, nous pourrions centraliser et automatiser le contrôle de la facturation », anticipe Amelia Berger.
Baisser les coûts et multiplier les services
Setelen, spécialiste des réseaux de télécommunication récemment racheté par le groupe Scopelec, a pareillement choisi de migrer depuis 2011 d’une solution de crédit-bail à un financement en LLD auprès de captives de constructeurs : Diac, Credipar et Citroën. Ce changement concerne environ 500 véhicules, essentiellement des utilitaires, à raison d’un renouvellement de 150 unités tous les ans. Pour Serge Bonnier, directeur administratif et financier, l’apport de la LLD est aussi de pouvoir lisser les dépenses de la flotte sur le bilan de l’entreprise, au-delà du seul gain économique. « À utilisation correcte, la charge financière de la flotte est abaissée avec la LLD. Et celle-ci offre des services dont on ne bénéficie pas avec le crédit-bail ou l’achat : mensualiser son carburant, faire gérer son risque assurance par un professionnel », argumente Laurent Corbellini, directeur marketing d’ALD Automotive.
Économie, meilleure répartition des dépenses et gestion allégée : le passage à la LLD est facteur de nombreuses améliorations à condition de bien en maîtriser l’usage. Car les utilisateurs ne sont pas à l’abri des déconvenues. « Sur certains véhicules, le montant des remises en état était important. Pourtant, avec un véhicule en usage urbain, il ne paraît pas illogique que des dégradations mineures apparaissent au bout de trois ans, comme des rayures sur un parechocs », déplore Pierre Schang pour la flotte du conseil général de la Marne.Si Pierre Schang ne compte pas renouveler son expérience de la LLD, il ne ferme pas complètement la porte : « Nous serons peut-être contents d’y revenir : parce que nous aurons réduit la flotte, parce que les transports urbains seront développés et que nous aurons un usage plus rationnel des voitures. Et demain, les conditions auprès des loueurs seront aussi peut-être plus intéressantes. »
Le constat n’est pas unanime autour de la LLD
Selon l’usage des véhicules, les entreprises et les collectivités ne gagnent pas toujours à basculer en LLD. « L’intérêt économique est plutôt de partir sur du crédit-bail ou de l’achat pour un camion benne ou un véhicule avec frigo, qui ont des durées de vie assez longues », illustre Pierre Mathieu Lanfranchi, pour Citroën Financement. « À l’inverse, l’entreprise ou l’artisan qui emploient deux ou trois fourgonnettes de manière classique a tout intérêt à les louer. Ils pourront disposer de nombreux services et n’auront pas de surprises en rendant les véhicules », complète Laurent Corbellini, pour ALD Automotive. Setelen reconnaît aussi des frais avec la LLD, à la restitution ou en raison du sur-roulage des véhicules. Ce qui conduira plutôt l’entreprise à reconsidérer la nature des contrats passés avec les loueurs. Et pour Serge Bonnier, ces coûts supplémentaires pourraient justifier que Setelen se tourne à l’avenir vers un prestataire capable de lui apporter, au-delà d’une solution de financement, un ensemble de services pour faciliter le suivi du parc : sur le kilométrage des véhicules ou les réparations. De fait, des entreprises choisissent également d’aller plus avant dans l’externalisation en faisant appel au fleet management. « Même s’il y a une tendance de plus en plus marquée à l’externalisation des services, il existe une grande distance entre la LLD et un fleet management 100 % externalisé », note Laurent Corbellini, pour ALD Automotive.

Au-delà de la LLD, le fleet management
Ce dernier mode de gestion s’est imposé à l’État qui a étudié dès 2008 la possibilité de diminuer la taille de son parc, alors de 80 000 véhicules, d’en baisser l’âge moyen et de descendre les véhicules en gamme.
Plutôt réservé aux parcs de grande taille, le fleet management ne doit pas pour autant être synonyme de total désengagement dans le suivi de la flotte. « En période de crise, certaines sociétés vont plus loin et externalisent complètement leur gestion, constate Stéphane Crasnier, directeur marketing et commercial d’Alphabet, mais il faut qu’elles restent vigilantes : ce sont elles qui connaissent le mieux leurs collaborateurs et le loueur a besoin de leur savoir-faire et de leurs conseils. »
Pour l’entreprise ou la collectivité, le risque d’un désengagement trop important est avant tout celui de voir les coûts de la flotte augmenter. « Une moindre vigilance peut entraîner des dérives dans la car policy par exemple. Le client et le loueur longue durée doivent donc former une équipe : le loueur a besoin des compétences de son client sur les ressources humaines aussi bien que sur les politiques fiscales », reprend Stéphane Crasnier. Une idée à creuser.
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