
Avec 160 000 salariés et 23 000 touristes par jour, faire circuler une navette autonome sur le parvis de La Défense représente un véritable défi pour le constructeur français Navya. Pendant six mois, les passants pourront utiliser gratuitement des navettes Arma sur trois parcours : Grande Arche – Valmy, Grande- Arche Faubourg de l’Arche du lundi au vendredi ; et Grande-Arche – Le Moretti les week-ends.
Accélérer progressivement la vitesse sur les circuits
À bord, pas de volant ni de pédales, seulement 11 places assises et quatre debout. Pour les trois premiers mois d’expérimentation, un opérateur reste présent à bord et peut prendre les commande via une manette de Xbox. Le voyage est très agréable, si ce ne sont les moments où la navette doit piler pour éviter un piéton qui surgit sur son chemin. Le reste du temps, la Navya Arma adapte son allure à celle des éléments qui l’entourent. Elle klaxonne aussi toute seule.
Les navettes circulent pour l’instant à une vitesse de 5 à 6 km/h, soit un peu plus rapidement qu’un piéton. L’objectif est de grimper jusqu’à la limite réglementaire de 10 km/h sur certaines zones du parcours, comme nous l’a expliqué Nicolas de Cremiers, directeur marketing chez Navya. En effet, les navettes deviendront de plus en plus performantes au fil du temps sur les circuits pour lesquelles elles ont été programmées : elles apprendront par l’expérience quelles sont les portions où il est possible d’aller plus vite et celles où une densité de piétons plus élevée impose de rouler au pas.
Améliorer le croisement des données des capteurs
La Navya Arma se géolocalise grâce à une antenne GNSS et un capteur Lidar situés sur son toit. À La Défense, l’un des défis a d’ailleurs été de garantir la géolocalisation même entre de très hautes tours. Deux autres Lidar ainsi qu’une caméra stéréovision permettent à la navette de détecter avec une précision de 2 cm tous les obstacles au-dessus de 30 cm du sol, comme l’impose la législation. Enfin, des odomètres assurent la mesure des déplacements du véhicule dans l’espace.

Les ingénieurs de Navya travaillent actuellement à améliorer la détection des obstacles aberrants, ainsi que la prédiction des trajectoires des piétons et des autres véhicules. En outre, pour augmenter la précision des mesures, la navette s’équipe de plusieurs capteurs qui remontent des données redondantes : il est donc nécessaire de travailler sur la fusion de ces données, pour déterminer par exemple que faire si le lidar détecte un obstacle et pas la caméra.
Des navettes autonomes aux robotaxis
Le service, inauguré le 3 juillet, est piloté et financé par Île-de-France mobilités (le nouveau nom du STIF), pour un coût total de 350 000 euros, en partenariat avec Defacto, Keolis et Navya. Selon Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France, l’objectif est de « voir comment les navettes autonomes s’intègrent dans un environnement dense et de proposer de nouveaux services aux usagers », tout en contribuant à faire de l’Île-de-France « la première smart région d’Europe. »
Pour Île-de-France mobilités, cette expérimentation préfigure l’arrivée sur les routes de flottes de robotaxis partagés, pour développer les transports en commun à la demande. Deux autres tests de navettes autonomes en circuit fermé sont prévus : le premier dans le bois de Vincennes à la rentrée 2017, et le second sur le site de Saclay en partenariat avec Vedecom.