
« Ces dernières années, nous en avons appris de plus en plus sur le fonctionnement de notre cerveau. Grâce à ces avancées dans le domaine des neurosciences, nous pouvons donner une nouvelle dimension à l’interaction entre les véhicules et les êtres humains, indique Lucian Gheorghe, chercheur au Nissan Research Center (Japon) en charge du projet B2V.
Dans le cadre du projet Brain-to-Vehicle, le constructeur japonais a conçu des appareils de mesure et des algorithmes spécifiques pour enregistrer et interpréter les ondes cérébrales en temps réel, dans le véhicule.

« Augmenter » le conducteur en anticipant ses mouvements
Le système est notamment capable de décoder l’activité du cortex moteur. L’objectif : prédire les mouvements du conducteur – tourner, freiner, accélérer, etc. –, pour mieux les anticiper en conduite manuelle.

« Par exemple, nos systèmes seront capable de dire à un véhicule autonome que le conducteur va tourner dans les prochaines 300 millisecondes. Nous pouvons ensuite utiliser cette fenêtre temporelle pour améliorer l’exécution du mouvement, en synchronisant les systèmes d’assistance à la conduite avec l’action du conducteur, détaille Lucian Gheorghe. Ainsi, vous aurez toujours la sensation de contrôler parfaitement votre véhicule sur une route sinueuse. »
Selon Nissan, la technologie B2V améliorerait le temps de réaction en conduite manuelle, en agissant 0,2 à 0,5 s plus vite que le conducteur, tout en restant imperceptible.

Détecter l’inconfort et adapter le style de conduite
La technologie B2V sait également détecter et évaluer l’inconfort du conducteur, afin d’ajuster la configuration ou le style de conduite en conséquence ; voire même en adaptant l’environnement intérieur du véhicule. « Par exemple, en utilisant la réalité augmentée pour modifier ce que voit le conducteur et créer un environnement plus relaxant », précise Lucian Gheorghe. Une fonctionnalité particulièrement utile en mode 100 % autonome, où la confiance du conducteur est un enjeu majeur.

Comment cela fonctionne-t-il ? « En observant une certaine zone de notre cerveau, nous pouvons voir ces pics d’activité très particuliers qui se produisent chaque fois que le conducteur est surpris par un événement, explique Lucian Gheorghe. Nous décodons aujourd’hui ces pics en temps réel et intégrons les données dans le système de conduite autonome pour améliorer la manière dont celui-ci réagit. Ainsi, tout écart, même petit, par rapport au comportement que vous attendez du véhicule peut être corrigé, et vous vivrez une expérience de conduite autonome beaucoup plus agréable. »

Le système Brain-to-Vehicle sera présenté sur simulateur de conduite lors du CES 2018 qui se tiendra du 9 au 12 janvier à Las Vegas. Pour l’instant, le conducteur doit être équipé d’un casque bardé de capteurs, dont deux au niveau des oreilles. Mais Nissan imagine déjà une détection des ondes cérébrales à distance, dès l’entrée dans le véhicule.