
Au menu : davantage de points de contrôle et un coût en hausse de 15 à 20 % (voir notre article). Conséquence : l’activité des centres de contrôle a fortement augmenté en avril selon le Conseil national des professions de l’automobile (CNPA). Ce dernier fait état d’un « vent de panique » chez les automobilistes qui a récemment atteint l’Assemblée nationale.
Le député André Chassaigne (Gauche démocrate et républicaine, Puy-de-Dôme) a ainsi interrogé le 15 mai dernier dans le Journal Officiel le ministère de la transition écologique et solidaire sur le sujet. « Lorsqu’un véhicule sera contrôlé avec une défaillance critique, son utilisation se limitera au jour du contrôle. Cette disposition n’est pas raisonnable », a affirmé le député qui s’inquiète des conséquences des nouvelles modalités du contrôle technique sur les foyers les plus modestes.
« Après la réparation et dans l’attente de la nouvelle visite de contrôle, le véhicule satisfaisant désormais aux points de contrôle ne pourra pas emprunter les routes. Aussi, le garagiste n’aura comme autre solution que de transporter, sur plateau ou dépanneuse, le véhicule réparé jusqu’au lieu de contrôle. Cette opération générera inéluctablement un surcoût. » Un surcoût qui pourrait selon lui entraîner une hausse du nombre de véhicules circulant sans contrôle technique.
Le 1er mai 2018, c’était le député Bertrand Pancher (UDI, Agir et Indépendants – Meuse) qui s’alarmait auprès du ministre de l’économie et des finances de la « prise en otage » des automobilistes par des constructeurs « ne maîtrisant pas totalement l’électronique embarquée ». Si bien que les voyants de type airbag ou moteur « peuvent indiquer des anomalies alors même que les véhicules roulent parfaitement bien. »
Nouveau contrôle technique : le vrai et le faux
En conséquence, le CNPA et le ministère des transports ont diffusé une fiche détaillant le vrai et le faux des principales inquiétudes concernant le nouveau contrôle technique.
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La France a décidé seule de modifier la réglementation du contrôle technique
Faux. La nouvelle réglementation est la transposition d’une directive européenne de 2014 et les États-membres disposaient d’un délai de quatre ans pour se mettre en conformité.
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Une nouvelle sanction
Vrai. Outre « favorable » et « défavorable », le nouveau contrôle technique pourra donner lieu à un troisième résultat : « défavorable pour défaillances critiques ». Ce dernier s’appliquera aux véhicules présentant « un danger immédiat pour la sécurité routière ou l’environnement, précise le CNPA, tels des plaquettes de frein absentes ou mal montées, un essieu fêlé ou encore un siège conducteur mal fixé. »
Le CNPA fournit d’autres exemples de défaillances critiques : absence de liquide de frein, disque de frein cassé, volant non fixé, absence de tout ou partie du parebrise, aucun feu stop fonctionnel, formation d’étincelles au niveau du câblage électrique, mauvaise fixation des roues, pénétration de fumées ou de gaz d’échappement dans l’habitacle, absence de plancher, impossibilité d’enclencher une vitesse ou encore ancrage des ceintures de sécurité arraché.
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Un délai de 24 h pour faire réparer son véhicule
Faux. Le véhicule soumis à contre-visite suite à un résultat « défavorable pour défaillances critiques » disposera d’un contrôle technique valide seulement jusqu’à la fin de la journée, mais le conducteur aura toujours deux mois pour justifier des travaux de réparation.
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Toutes les défaillances entraînent une contre-visite
Faux. Les véhicules ne présentant aucun défaut ou des défaillances mineures ne seront pas soumis à l’obligation d’une contre-visite. Le CNPA rappelle en outre que « le taux de prescription de contre-visite pour les véhicules particuliers était de 18,5 % en 2017. » Les défaillances mineures seront toutefois mentionnées sur le procès-verbal.
À noter que « le contenu de la contre-visite faisant suite à un contrôle technique réalisé avant le 20 mai 2018 sera le même que celui d’un contrôle complet ʺnouvelle formuleʺ », avertit le CNPA.
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Le nombre de points contrôlés double
Faux. Le nombre de points de contrôle passe de 123 points répartis en 10 fonctions à 134 points répartis en 9 fonctions (hors véhicules électriques, hybrides et GNV). En parallèle, le nombre de défauts constatables passe de 459 (dont la moitié nécessitant une contre-visite) à 610, du fait de l’apparition d’un nouveau niveau de gravité (défaillance critique).
Le CNPA donne pour exemple le point de contrôle « état d’usure des plaquettes de frein », sur lequel le technicien peut constater trois niveaux de défaut : mineur si l’usure n’atteint pas la marque minimale, majeur si la marque est atteinte ou le voyant du tableau de bord allumé, et critique si la marque n’est plus visible et que le support de la plaquette est proche du disque.
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La durée du contrôle technique va augmenter
Vrai. Comme les techniciens ne se limiteront plus à constater les défaillances mais devront en évaluer la gravité, la durée du contrôle technique devrait s’allonger. Mais le CNPA estime que le ce délai devrait se résorber après quelques mois, passé le temps d’adaptation des centres. Il rappelle également que la durée du contrôle technique, en moyenne 40 minutes actuellement, varie selon les types de véhicules.
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Une augmentation du prix ?
Le CNPA reste flou quant au prix du nouveau contrôle technique. « Les nouvelles modalités de contrôle techniques s’accompagnent d’une augmentation du niveau de formation et de technicité des contrôleurs », note l’organisme. Depuis 2018, les candidats à l’entrée dans la profession doivent justifier d’un niveau bac professionnel en mécanique automobile. De plus, « les prix étant libres, chaque professionnel décide de la structure de ses tarifs », précise le CNPA. Il faudra donc attendre pour connaître l’impact de la nouvelle réglementation sur le coût du contrôle technique.