Objectifs 2022 : la transition énergétique en tête
Pour les gestionnaires de flotte des grands groupes, le principal objectif pour 2022 tient dans le verdissement. Un verdissement qui passe par une électrification des véhicules, mais pas seulement. Plus largement, c’est aussi l’organisation du travail qu’il convient de repenser afin de réduire le nombre des déplacements. Et incidemment les coûts.
Parmi les 2 200 véhicules de sa flotte (480 VP et 1 600 VU), le spécialiste de la communication extérieure JCDecaux s’appuie sur 80 véhicules 100 % électriques, 160 hybrides rechargeables et 20 hybrides non rechargeables.
Pour les flottes qui dépassent les 100 véhicules légers, les obligations d’objectifs de renouvellement en véhicules à faibles émissions (VFE, les émissions à l’échappement ne dépassent pas 50 g de CO2/km) sont bien connues : de 10 % au 1er janvier 2022 à 50 % en 2030 (voir le tableau ci-dessous). Et ces quotas, instaurés par la loi d’orientation des mobilités (LOM), sont complétés par la mise en place, dans le cadre de la loi Climat et Résilience, de 45 zones à faibles émissions mobilité (ZFE-m). Avec à la clé la disparition programmée des véhicules diesel puis thermiques dans les centres urbains, une démarche déjà amorcée avec la vignette...
Pour les flottes qui dépassent les 100 véhicules légers, les obligations d’objectifs de renouvellement en véhicules à faibles émissions (VFE, les émissions à l’échappement ne dépassent pas 50 g de CO2/km) sont bien connues : de 10 % au 1er janvier 2022 à 50 % en 2030 (voir le tableau ci-dessous). Et ces quotas, instaurés par la loi d’orientation des mobilités (LOM), sont complétés par la mise en place, dans le cadre de la loi Climat et Résilience, de 45 zones à faibles émissions mobilité (ZFE-m). Avec à la clé la disparition programmée des véhicules diesel puis thermiques dans les centres urbains, une démarche déjà amorcée avec la vignette Crit’Air.
Loi d’orientation des mobilités – Taux minimum de renouvellement en véhicules à faibles émissions pour les flottes privées
À partir du…
Véhicules légers
Véhicules de transport de marchandises*
1er janvier 2022
10 %
0 %
1er janvier 2023
10 %
10 %
1er janvier 2024
20 %
20 %
1er janvier 2027
35 %
35 %
1er janvier 2030
50 %
50 %
* dont le PTAC est supérieur ou égal de 2,6 t Chaque année, les flottes concernées par ces dispositions de la LOM devront rendre public le pourcentage de véhicules à faibles ou très faibles émissions parmi les véhicules renouvelés l’année précédente. Mais le non-respect de ces obligations n’est pas sanctionné.
Bayer et Metro se lancent
Bayer, qui vise entre 15 et 20 % de renouvellements en véhicules propres, est déjà dans les clous. Ce groupe chimique et pharmaceutique a lancé le plan de verdissement de sa flotte en juin dernier. « Notre dernier catalogue, rationalisé avec deux fois moins de modèles, comprend 65 % de véhicules propres. La sélection s’est faite sur un marché où l’offre reste encore limitée et trois constructeurs ont été retenus, Peugeot, BMW et Volkswagen. Nous attendons les véhicules entre mai et juillet et nous avons anticipé les renouvellements en raison des délais de livraison rallongés », expose Laurence Mazard-Picollet, responsable de la flotte, soit 1 000 véhicules dont 93 % de VP.
Le grossiste en produits alimentaires et en équipements Metro suit une démarche semblable en électrifiant largement son catalogue, tout en lançant le crédit-mobilité notamment. Avec en ligne de mire la disparition du diesel parmi les 900 véhicules légers de sa flotte, soit 100 VU et 800 VP. Les véhicules de service des entrepôts seront ainsi électrifiés au premier trimestre 2022. « L’électrique est adapté à nos usages et c’est assez facile d’équiper les entrepôts de bornes », indique Mélaine Pouchain-De Vita, responsable des services aux collaborateurs de Metro.
Le siège de Metro propose une solution d’autopartage avec six véhicules, un chiffre porté à huit fin 2022, soit cinq thermiques, deux hybrides et un électrique. Six trottinettes et trois vélos à assistance électrique (VAE) seront également disponibles.
De son côté, le spécialiste de la communication extérieure JCDecaux fait partie des entreprises qui dépassent largement les quotas fixés par la LOM : 55 % des véhicules dans la car policy sont à faibles émissions. « Nous nous donnons tous les moyens pour atteindre la neutralité carbone », explique Mathieu Charpentier, directeur flotte automobile, transport et sites logistiques.
JCDecaux : objectif neutralité carbone
Sur les 2 200 véhicules de JCDecaux, dont 480 VP, 1 600 VU, auxquels s’ajoutent quelques poids lourds et deux-roues, 80 véhicules sont 100 % électriques, 160 sont des PHEV et 20 des hybrides non rechargeables. « D’ici 2025, il restera une petite centaine de thermiques dans la catégorie VP et moins de la moitié pour les VU », prévoit ce responsable. Plus de 1 200 véhicules seront alors électrifiés.
Cette évolution de la composition de la flotte oblige aussi Mathieu Charpentier à « aller au plus fin », à la fois pour gérer les tournées et attribuer au mieux les véhicules électriques ou hybrides. « De fait, les collaborateurs rentrent chez eux avec les véhicules. Nous utilisons donc les remontées de données via la télématique, qui équipe 80 % de nos véhicules, pour analyser en détail les usages », détaille ce responsable. Avec aussi des conséquences sur les lois de roulage. À titre d’exemple, JCDecaux pratique des contrats sur 60 mois et 150 000 km. Mais privilégie une durée de 36 mois pour l’électrique, « du fait de l’évolution technologique rapide sur ce type de véhicules et d’une meilleure valeur résiduelle sur cette durée », évoque Mathieu Charpentier.
Avec le nouveau mix énergétique, les contrats de LLD sont pareillement modifiés chez Metro. « Nous avons entré un second loueur, ALD, en plus d’Arval, pour bénéficier d’une offre commerciale complémentaire. Selon le type d’énergie, tous les loueurs ne calculent pas des valeurs résiduelles identiques », relate Mélaine Pouchain-De Vita.
Des contrats modifiés
Mélaine Pouchain-De Vita n’a pas revu les kilométrages dans les lois de roulage du fait d’une diminution prévisible des trajets, et compte plutôt jouer sur les durées dans les grilles de fluidité. « Avec l’essence et le PHEV, nous prenons des contrats sur quatre ans. Avec l’électrique, nous choisissons 24 mois car cela passe mieux en termes de valeurs résiduelles. En outre, la technologie et les autonomies évoluent vite. Avec les hybrides non rechargeables, les contrats porteront sur trois ans car ils ne feront pas partie des véhicules propres qui pourront rouler dans les ZFE-m », anticipe cette responsable.
Un point qu’évoque aussi Julien Chabbal, directeur ventes et marketing chez le loueur Alphabet, mais cette fois à propos du diesel : « Pour les gros rouleurs qui sont encore en diesel, il faut aussi réduire les durées des contrats pour éviter d’avoir ce type de véhicules en parc au moment des interdictions du diesel en ville, du moins pour les collaborateurs concernés. »
Dans l’attribution des véhicules selon les kilométrages à parcourir, Mathieu Charpentier pour JCDecaux met pareillement en avant un critère important : « Pour optimiser l’hybride rechargeable, le collaborateur doit rouler moins de 15 000 à 20 000 km par an avec des déplacements à 80 % en zone urbaine. » Tout en soulignant les bonnes performances en TCO des micro-hybrides et celles des hybrides simples en consommation.
Attention au PHEV !
Avec les hybrides rechargeables, les gestionnaires de flotte doivent de fait absolument s’assurer que les collaborateurs rechargent très souvent et suivre de près les consommations de carburant. Au risque de voir sinon ces consommations partir en flèche. Une démarche spécifique est ainsi prévue chez Bayer qui vise un TCO favorable et anticipe donc des formations pour les conducteurs de véhicules hybrides rechargeables. « Des responsables de parc ont même décidé de limiter les remboursements sur les prises de carburant », note Théophane Courau, président du fleeteur Fatec. Un moyen radical d’inciter à recharger !
« L’hybride rechargeable constitue une bonne option pour la transition vers le 100 % électrique », estime Guillaume Maureau, directeur général adjoint d’ALD Automotive. « Mais les aides pour l’hybride rechargeable vont probablement être supprimées en juillet 2022 », complète Julien Chabbal pour Alphabet. En observant une croissance plus rapide des commandes pour l’électrique que pour le PHEV et « cela va continuer », pronostique-t-il. En quelque sorte une inversion de la tendance par rapport à la fin 2020 et le début 2021 qui avaient vu bondir les commandes de PHEV.
Avec l’arrivée de ces véhicules électrifiés en parc se pose aussi la question de la recharge, sur site ou à domicile. Pour l’instant, JCDecaux n’a pas prévu de faire installer des bornes aux domiciles de ses collaborateurs. « Si cela devient nécessaire, nous étudierons cette possibilité. Les voitures de fonction peuvent recharger la journée sur les sites où le nombre de bornes passera d’une centaine à environ 200 d’ici 2023. Pour les véhicules d’exploitation, les conducteurs possèdent des cartes de recharge Total pour ʺbiberonnerʺ la journée sur le réseau public ou la nuit à proximité de leurs domiciles », décrit Mathieu Charpentier.
Recharger à domicile ou sur site ?
JCDecaux mise aussi sur la formation pour tous les conducteurs qui passent à l’électrique et l’ensemble des collaborateurs bénéficient d’une formation à l’éco-conduite et à la sécurité routière.En revanche, le groupe Bayer veut équiper en bornes de recharge les domiciles de ses collaborateurs « pour les accompagner au mieux, justifie Laurence Mazard-Picollet. Les premiers éligibles aux véhicules propres sont donc ceux dont le domicile autorise rapidement cette installation. Dans un second temps, nous verrons comment accompagner ceux qui sont en copropriété. Le processus est un peu plus lent. Nous misons sur l’accompagnement des collaborateurs pour un verdissement pérenne. Nous avons déjà quelques bornes au siège lyonnais et dans nos autres sites administratifs, nous sommes en train de choisir notre prestataire pour les bornes et un plan de développement va être lancé », poursuit cette responsable.
La démarche se veut plus complexe pour Olympus, fabricant de matériel médical, industriel et d’appareils photographiques. Olympus cherche en effet électrifier sa flotte de 160 VP, avec de la recharge à clé. « Nous sommes locataires de notre siège à Rungis (91) et le propriétaire a installé une trentaine de bornes de recharge dans l’immeuble partagé avec d’autres entreprises, dont une dizaine pour nous. Nous allons devoir nous adapter et nous réfléchissons à mettre en place un roulement pour la recharge », avance Arnaud Renard.
Sur ce point, Arnaud Renard souligne également le fait que tous les collaborateurs ne viennent pas simultanément au siège du fait des possibilités de télétravail deux jours par semaine. « J’ai bon espoir de trouver une solution adaptée, reprend ce responsable achats et services généraux. Quant aux collaborateurs en province, ils devront recharger chez eux ou sur le réseau public avec leur carte Total multi-énergies. »
Mobilités alternatives : le décollage
Au-delà des véhicules, le verdissement des trajets des collaborateurs passent aussi par le recours aux nouvelles mobilités. « Des entreprises, mais pas dans tous les métiers, circulent moins avec le télétravail. Cette baisse des kilomètres parcourus devrait renforcer l’électrification mais aussi le développement de mobilités alternatives et du crédit-mobilité. Cette solution suscite de plus en plus d’intérêt et renforce l’attractivité en matière de RH. D’ailleurs, certains collaborateurs ne veulent plus du schéma traditionnel de la voiture de fonction », analyse Guillaume Maureau pour ALD.
« La crise sanitaire accélère le passage aux nouvelles mobilités, valide Matthieu Blaise, senior manager pour le cabinet de conseil Ressource Consulting. Un de nos clients, à la tête d’environ 1 000 véhicules dont 200 VP, propose pour l’ensemble de ces VP, en fonction des usages, soit des crédits-mobilité en échange de l’abandon de la voiture de fonction, soit une solution “switch“ avec un véhicule électrique et un thermique pour les week-ends et les congés. »
Chez JCDecaux, cette solution Switch pourrait éventuellement se coupler avec un crédit-mobilité. « Nous étudions aussi le crédit-mobilité. Notre solution Switch viendrait alors s’y intégrer. Avec le budget alloué, les collaborateurs pourraient ainsi choisir le train, les transports en commun, la location de vélos, etc. mais pas les scooters ou les trottinettes pour des raisons de sécurité », envisage Mathieu Charpentier. En soulignant que le schéma de ce crédit-mobilité n’est pas complètement arrêté « car il reste des points à voir avec l’Urssaf. »
Chez Bayer, une solution similaire va être lancée en s’appuyant sur la location courte durée. Objectif : fournir des modèles thermiques pendant les longs week-ends ou les congés, dans la limite de 60 jours par an. « Nous misons aussi sur la limitation du nombre des trajets professionnels dans le cadre d’une feuille de route carbone qui prévoit de faire reculer de 45 % des émissions de CO2 liées à l’organisation du travail d’ici 2025. Et ce, grâce notamment au déploiement du télétravail et au verdissement du parc par rapport à 2019, avant la crise sanitaire », prévoit Laurence Mazard-Picollet.
Modifier l’organisation du travail
Laurence Mazard-Picollet poursuit : « Avec l’accord de télétravail qui vient d’être signé et l’installation d’outils numériques pour les réunions en visio, nous estimons que les déplacement domicile-travail des télétravailleurs seront réduits de 50 % à l’horizon 2025. Nous avons aussi lancé une solution de covoiturage avec le spécialiste La Roue Verte. Cela contribue à diminuer les émissions. Et pour les trajets professionnels indispensables, il y aura un report de l’avion sur le ferroviaire dès que cela est possible », conclut cette responsable.
Enfin, des entreprises mettent en avant, cette fois pour les collaborateurs qui ne bénéficient pas de voitures de fonction, « le forfait mobilités durables, pour les trajets domicile-travail, lequel peut comprendre des solutions diverses comme le vélo, le covoiturage, la trottinette électrique », énumère Guillaume Maureau pour ALD. Une palette d’outils très large pour verdir au plus vite les flottes.
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