Orange : sept ans de réflexion télématique

Ces dernières années, la télématique a connu des avancées significatives. Ainsi, en 2012, quand Orange a commencé à s’intéresser au sujet, les boîtiers étaient installés en deuxième monte par Orange Business Services, son département BtoB fusionné depuis avec le prestataire Océan, quand désormais les véhicules sont équipés pour la plupart dès la sortie d’usine.

À l’origine, la télématique assurait les seules remontées kilométriques. Lors de l’installation, il fallait synchroniser le compteur kilométrique du véhicule et celui du boîtier. Les distances parcourues étaient calculées à partir de l’odomètre du GPS. Dans cette configuration, le boîtier mesure le déplacement et en déduit les kilométrages réalisés. Cette technologie s’est révélée peu précise. Sur les routes de montagne aux nombreux lacets, le système comptabilisait moins de kilomètres par rapport à la réalité.

Sécurité et optimisation économique

Autre facteur d’imprécision, les vitesses et les kilométrages calculés par le compteur du véhicule dépendent du diamètre des roues et de la pression des pneus. L’écart entre les valeurs du compteur et celles du système de télématique pouvait atteindre 5 à 7 %. Pour corriger le tir, le gestionnaire de flotte dispose des relevés kilométriques réalisés lors des prises de carburant mais la fiabilité de ces données est aussi sujette à caution. Aujourd’hui, pour obtenir des données précises, Orange remplace progressivement les anciens boîtiers par les équipements des constructeurs installés en première monte. Pour l’opérateur de téléphonie, l’essentiel consiste à obtenir le kilométrage en permanence pour calculer les lois de roulage, anticiper les modifications des contrats de LLD et réaliser les révisions périodiques en temps et en heure. 12 000 véhicules sont déjà équipés en télématique.

D’après Orange, le pilotage de la flotte doit répondre à deux impératifs : s’assurer de la sécurité des véhicules et des collaborateurs, et garantir une bonne gestion. Avec la télématique, Orange est en mesure de vérifier le bon état de fonctionnement des pneus, des éclairages et du système de freinage, et de limiter les risques d’accident. Les responsables de la flotte vérifient par exemple à distance la pression des pneus ou le degré d’usure des plaquettes de frein.

Du côté de la gestion, la télématique permet d’obtenir les kilomètres réellement parcourus et de modifier la loi de roulage en conséquence pour éviter des pénalités et lisser l’augmentation des loyers dans le temps. De plus, lors du renouvellement de contrat, la loi de roulage est déjà connue et cette précision amène à se prémunir des modifications ultérieures.

Autre avantage, la télématique contribue au respect des plans d’entretien des constructeurs avec des révisions réalisées en temps et en heure. Dès lors, la garantie du constructeur joue si un moteur casse alors que celui-ci a été entretenu dans les règles. Et en surveillant le niveau d’huile et des différents fluides, le responsable de la flotte prévient de nombreuses pannes.

Un équipement en première monte

Depuis 2015, les véhicules du Groupe PSA arrivent chez Orange déjà équipés de boîtiers. Et maintenant, c’est aussi le cas pour Renault. « Mais les véhicules de Renault ne transmettent pas tous les mêmes informations, regrette Patrick Martinoli, directeur délégué innovation, projet et expertise automobile pour la flotte d’Orange. Certains boîtiers fonctionnent plus ou moins bien. » La flotte d’Orange se compose à 90 % de véhicules des marques du Groupe PSA et de Renault. Pour les autres constructeurs tels que Ford, Océan, le prestataire de l’opérateur, prend en charge la pose du boîtier.

Orange finance ses véhicules en LLD auprès d’ALD Automotive, Alphabet et Arval. Les responsables de la flotte ont étudié la solution de télématique d’Arval, mais se sont demandé comment la filiale de la BNP Paribas pouvait extraire et exploiter en son nom des données issues de véhicules financés auprès d’autres loueurs.

Selon le mode de fonctionnement actuel, Océan récupère les données, les agrège, les organise et les affiche sur sa propre application accessible en ligne. Dorénavant, Orange souhaite que les données de la télématique s’affichent sur son propre logiciel de gestion de flotte pour ne pas avoir à « jongler » entre différentes applications. « D’ailleurs, Océan réfléchit à déployer son propre logiciel de gestion de flotte », assure Patrick Martinoli. Par l’intégration des données de la télématique à l’outil de gestion de flotte, toute la vie du véhicule est sous contrôle et analysée en fonction de l’utilisation réelle.