Outils : des prestataires aux petits soins

« Je ne suis pas que gestionnaire de flotte », avertit d’emblée Jean-Marc Coevoet chez Kbane. Les titres s’accumulent en effet sur sa carte de visite : à côté de sa fonction de responsable de parc figure aussi celle de référent technique système pour ce spécialiste de la rénovation énergétique de l’habitat à la tête de 150 véhicules en parc.

Ces responsabilités multiples ne vont pas sans conséquences sur le recours aux outils de gestion par Jean-Marc Coevoet pour suivre ses 86 VUL. Ce responsable reconnaît d’ailleurs qu’il ne tire pas le maximum des deux dispositifs sur lesquels il s’appuie : Interparc Connect Management et WayKonect. « Il faudrait y passer plusieurs heures par semaine mais faute de temps, je sous-exploite les données », se résigne ce responsable.

Le traitement fastidieux des données

Des paroles qui font écho à celles de Philippe Manceau, responsable du parc de 720 véhicules et engins de la métropole européenne de Lille. « Toute l’information que l’on peut engranger avec l’informatique embarquée ne va pas se traiter toute seule, il faudrait un gestionnaire dédié pour obtenir des chiffres parlants qui aident à la décision. Mais mon équipe de gestion est déjà saturée de demandes pour des travaux de saisie, des tâches très chronophages », expose ce responsable (voir aussi le reportage).

Chez Tennant, cet afflux de données et la difficulté d’en dégager des informations pertinentes ont aussi constitué des écueils pour Corinne Le Drogo, chargée des services généraux et responsable du parc, et Sophie De Sousa, DRH – toutes deux en charge de la flotte. Spécialiste de la distribution et de la maintenance d’équipements de nettoyage industriel, Tennant s’appuie sur un parc de 90 véhicules dont 47 VU.

« Avec notre ancien prestataire, nous n’avions pas d’accompagnement sur l’analyse des données collectées et nous en exploitions très peu au final », indique Sophie De Sousa. Masternaut, le nouveau prestataire, contribue à alléger la tâche de ces deux responsables en les accompagnant pour traiter les données issues des boîtiers embarqués, notamment pour les exploiter afin d’améliorer l’éco-conduite (voir aussi le témoignage).

Conscient des difficultés que pouvait générer cet afflux de données, Masternaut a mis en place pour ses clients, il y a trois ans, le service Catalytix spécialisé dans le traitement et l’interprétation de ces données. « Pour un acteur de la télématique, il s’agit d’une équipe atypique composée de chefs de projet, de consultants en stratégie et de data scientists », explique Assem Deif, son responsable.

Des prestataires toujours plus spécialisés

Avec ce service, le télématicien apporte son accompagnement à des entreprises comme Tennant dans l’organisation de challenges d’éco-conduite. Mais la prestation peut aller plus loin. Catalytix est aussi en mesure de fournir à un client des éléments de choix pour construire sa flotte. « À l’international, Masternaut compte plus de 250 000 véhicules connectés, relève Assem Deif. Nous avons donc des remontées d’informations pour bâtir des benchmarks et mener des analyses poussées de données. Nous pouvons ainsi conseiller des modèles pour une zone géographique ou un type d’activité », ajoute ce responsable.

Autre niveau de prestation : Catalytix propose aux entreprises des leviers d’optimisation de leur activité sur la base des remontées d’informations en provenance des flottes. « Nous travaillons de plus en plus avec des interlocuteurs du métier : directeurs des opérations ou d’exploitation. En analysant le nombre et la durée des arrêts par jour, les kilomètres parcourus ou les amplitudes horaires, nous arrivons à traiter des sujets d’optimisation des opérations qui combinent l’analyse des données et l’approche conseil », détaille Assem Deif. Cette double casquette, à la fois fournisseur d’un dispositif et prestataire de conseil, est courante chez d’autres intervenants de la gestion de flotte : les éditeurs de logiciels. Ces derniers cherchent aussi constamment à faire évoluer leurs produits pour faciliter la tâche des utilisateurs.

Faciliter la tâche du gestionnaire

« Aujourd’hui, les sources de données se multiplient, le gestionnaire doit donc traiter des volumes d’informations toujours plus importants », confirme Franck Lallet, responsable commercial d’Informakit, l’éditeur du logiciel Park.

Facturation des loueurs, pétroliers, autoroutes, télématique ou systèmes internes aux clients : les sources d’informations sont de fait nombreuses et le logiciel a pour vocation de les rendre plus lisibles pour les utilisateurs. Parmi les améliorations récentes du logiciel d’Informakit, « les imports de fichiers sont désormais confiés à un nouvel automate qui se déclenche de manière autonome et en horaires décalés, précise Franck Lallet. Il présente ensuite une synthèse des anomalies et des incohérences à traiter. Les analyses de facturation s’améliorent également. »

Chez Pilote Gestion, l’éditeur veille pareillement à apporter des évolutions fonctionnelles à son logiciel pour simplifier la tâche des gestionnaires. « Nous développons l’aspect “plug and play“ de l’outil pour qu’il soit opérationnel tout de suite, intuitivement, aussi facile à installer qu’à désinstaller », décrit Olivier Rigoni, dirigeant de ce prestataire. On retrouve cette démarche chez Chevin qui affiche plusieurs possibilités pour ses clients suivant la nature des flottes : « Pour les parcs homogènes composés d’un minimum d’une centaine de véhicules avec typiquement un à trois loueurs ou un pétrolier, nous commercialisons une solution plug and play en mode SaaS, commente Jean-Charles Martin, directeur commercial de l’éditeur. Et pour les flottes plus importantes avec une plus grande hétérogénéité de véhicules ou de processus de gestion, nous offrons une personnalisation en fonction des besoins, sans développement informatique spécifique afin de ne pas compromettre le système en cas de mise à jour. »

Avant tout, faire simple

Car l’objectif premier d’un gestionnaire de flotte reste avant tout d’aller au plus simple, sans nécessairement multiplier les outils. « J’ai choisi Infoparc pour gérer à la fois nos véhicules et nos engins en prenant en compte les kilométrages et les heures d’utilisation. Cela me permettait de centraliser la gestion dans un seul outil », retrace Patrick Perrault, directeur gestion de l’immobilier et en charge des 210 véhicules de la flotte de Qérys, un spécialiste des produits de l’habitat pour les professionnels et les particuliers. Et cette capacité à gérer plusieurs matériels va prochainement être exploitée plus largement chez Qérys. « Nous allons aussi pouvoir gérer tout ce qui est attribué au personnel : téléphones, ordinateurs, badges, clés, etc. », poursuit ce responsable (voir aussi le témoignage). De nouveaux matériels et de nouvelles alertes qui rendent encore plus incontournable une configuration minutieuse de l’outil.