L’évaluation du retour sur investissement des outils de télématique varie selon l’usage qu’en font les entreprises. Une société comme Thierry Chefneux Assainissement, spécialiste en assainissement de la région lyonnaise, exploite le dispositif de Verizon, essentiellement dans un but de géolocalisation. Autre bénéfice de l’outil, l’amélioration du comportement routier des conducteurs. L’éco-buzzer, le dispositif sur le tableau de bord du prestataire, signale ainsi aux conducteurs les freinages et virages brusques, ou les accélérations trop fortes. Et cela pour un coût de moins de 20 euros par mois et par voiture, indique Romain Chefneux, responsable qualité-sécurité-environnement.
Un meilleur suivi des conducteurs
Thierry Butlewski vise un objectif semblable avec l’outil Masternaut : « Nous prévoyons de développer le suivi de la conduite des chauffeurs », anticipe ce directeur de Chabé. Pour cette entreprise de transport de luxe de personnes avec chauffeur, le comportement de conduite demeure en effet essentiel au volant des 440 véhicules en parc : pour le confort des personnes transportées, mais aussi pour une question d’assurance (voir également le témoignage).
Au sein du Groupe Sacpa, qui assure le gardiennage d’animaux en fourrière, pension ou refuge, la motivation première de l’intégration de la télématique est aussi la géolocalisation des véhicules dans un but d’organisation. Et c’est aussi son premier niveau de retour sur investissement. « Nos équipes savent où se trouvent les véhicules et gagnent du temps pour envoyer les bons véhicules sur les opérations », avance Cyril Pavageau, le responsable des 120 véhicules du Groupe Sacpa. Le dispositif est aussi exploité pour inciter à l’éco-conduite et réduire le nombre de sinistres. Les données remontées de l’outil installé par Sud Télématique sont également utilisées pour analyser les accidents a posteriori. « Nous pouvons revenir sur les circonstances pour comprendre ce qui a amené aux accidents et partager avec nos agents autour de ces cas », explique Cyril Pavageau (voir aussi le témoignage).
Une sinistralité en repli
À la tête de 500 VL, Charier, une entreprise de travaux publics, a opté pour la solution WeNow destinée à améliorer les comportements de conduite. Avec cet outil, le gain est estimé à une diminution de 50 % de la sinistralité, notamment des sinistres responsables. « Le taux de sinistralité n’était pas très important mais il a quand même reculé », pointe Constant Charier, directeur de projet (voir aussi le témoignage). De la conduite apaisée découlent une moindre sinistralité mais aussi un gain économique sur l’entretien. « Nous remarquons une baisse des consommations de pneus et de plaquettes de frein. L’éco-conduite favorise la conduite au frein moteur, ce qui n’était pas une habitude de nos conducteurs », reprend Constant Charier. Le changement de conduite se répercute pareillement sur la consommation de carburant, selon ce responsable qui évalue à 17 % la réduction des dépenses sur ce poste. « Nous avons remis l’attention des conducteurs sur l’entretien pour les échéances des 20 000 km ou la pression des pneus ; nous envoyons des rappels tous les trois mois via l’application », note Constant Charier.
Des conducteurs motivés
Pour combattre la sinistralité, les entreprises misent aussi sur les challenges. Toujours chez Charier, le challenge d’éco-conduite sera reconduit cette année. « Nous l’avons lancé le 1er juin 2018. Nous démarrons la deuxième saison et il faut entretenir l’intérêt des conducteurs », justifie Constant Charier. Et dans ce cadre, l’application donne aux conducteurs un score de conduite et leur classement, avec des indications pour faire mieux.Cette année, le défi sera de maintenir la position des différentes agences dans le classement, avec de nouveaux items pris en considération pour compter les points. « Nous donnons désormais des points aux salariés qui font le moins de trajets, comme ceux qui privilégient le covoiturage. En outre, nous essayons d’organiser des vidéoconférences, bien que dans les travaux publics la présence sur le terrain soit exigée, détaille Constant Charier. Et pour motiver les conducteurs, nous rappelons que la pratique de l’éco-conduite à titre personnel peut économiser de 300 à 400 euros par an en carburant. »
Moins de PV
Les gains liés à une conduite apaisée à travers le suivi des comportements de conduite se mesurent aussi à un moindre nombre des contraventions. « Avec le passage aux 80 km/h, il y a eu une intensification des effets des radars, rappelle Philippe Rannou pour l’Infrapole SNCF Vendôme qui exploite 125 véhicules. Mais le nombre de contraventions recule. La télématique doit y être pour quelque chose », complète ce directeur d’établissement (voir aussi le reportage).
Les remontées d’informations issues des boîtiers participent aussi à dégager un bénéfice pas toujours attendu : donner un autre éclairage sur la car policy. Les données sur les trajets effectués participent ainsi à la réflexion sur le choix des modèles (voir le témoignage Charier). Chez Thierry Chefneux Assainissement, la télématique permet aussi de mieux suivre les kilométrages. Tandis que les treize poids lourds de la flotte sont financés en achat, les six véhicules légers fonctionnent en location. Le suivi des kilométrages pour le respect des lois de roulage ou des dates d’entretien se veut donc essentiel.
Autre enseignement à tirer des données, la possibilité de restreindre le nombre de véhicules en parc ou de les mettre en autopartage. « Avec l’assurance, le carburant et l’amortissement, nos 125 véhicules pèsent la moitié du budget de l’établissement », poursuit Philippe Rannou pour l’Infrapole Vendôme de la SNCF. Un coût qui incite ce responsable à étudier toutes les pistes de diminution des coûts que peut apporter la télématique.
Une flotte repensée
Philippe Rannou s’est donc fixé l’objectif de supprimer cinq véhicules dans son parc, avec à la clé un retour sur investissement de la télématique. Les données exploitées ont déjà amené à écarter trois véhicules. « Pour les suivants, la difficulté est de coordonner l’outil de géolocalisation avec le système de planification des tournées afin de connaître les véhicules à cibler. Chez nous, les véhicules, employés 24 heures sur 24, ne sont pas toujours rendus aux mêmes endroits, ni à des horaires précis : il est donc difficile de déterminer lesquels sélectionner », souligne Philippe Rannou.
Mais ce suivi a eu un bénéfice inattendu. « Nous avons pu nous poser la question des règles d’utilisation des véhicules de service », complète ce responsable. Par exemple pour les activités de chasse : « Dans le cadre de la régulation du gibier, la SNCF bénéficie d’autorisations de chasse pour les agents sur les enclos qui bordent les voies. Mais dans ce cas, les agents doivent-ils faire appel à leurs véhicules personnels ou bien aux véhicules de service ? », interroge Philippe Rannou. La meilleure définition de l’usage professionnel et personnel du véhicule a déjà eu un premier bénéfice : le nombre de kilomètres parcourus par les véhicules de la flotte a déjà baissé de 2 à 3 %.
Des gains de temps
Enfin, si sa mise en place prend du temps, la télématique en ferait gagner en facilitant la gestion de la flotte. « Aujourd’hui, nous passons le plus de temps sur les véhicules qui ne sont pas équipés en télématique. Le coût du dispositif, de l’ordre de 3 euros par mois et par véhicule, est donc largement amorti », conclut Olivier Loghrieb, responsable des services généraux de Carboat Media, un éditeur spécialiste de l’auto moto et du bateau, qui a équipé ses 82 véhicules en télématique (voir le reportage). CQFD.