
Adopté en juin 2018 par la métropole du Grand Paris, le « pacte pour une logistique métropolitaine » liste douze mesures destinées à optimiser les flux et les livraisons sur le territoire de la métropole, favoriser la transition des flottes vers des véhicules à faibles émissions et silencieux, valoriser l’intégration des fonctions logistiques dans l’urbanisme et sensibiliser les consommateurs. Parmi les 82 signataires, plusieurs acteurs publics et privés ont collaboré à la rédaction de mémos, destinés à accompagner les collectivités de la métropole dans l’encadrement des activités logistiques sur leur territoire.
Harmoniser la réglementation sur le territoire métropolitain
Un premier groupe de travail s’est ainsi intéressé à l’harmonisation des règles municipales sur le transport de marchandises. « La réglementation est très hétérogène d’une collectivité à une autre, mal signalée et peu visible, a pointé Martine Vazquez, chef de projet fret urbain à la métropole du Grand Paris. La situation est donc complexe pour les acteurs privés qui cherchent à organiser et à optimiser les flux. »
Les membres du groupe ont ainsi proposé un cadre réglementaire commun. Le critère discriminant est la longueur des véhicules, avec un palier à 12 m. La plage horaire sélectionnée est celle de la ville de Paris, c’est-à-dire de 7 h à 17 h, avec une possibilité d’extension jusqu’à 20 h. Enfin, la durée de stationnement sur les aires de livraison a été fixée à 30 minutes.
Ce cadre a d’ores et déjà a été utilisé par la ville de Paris lors de la révision de sa réglementation marchandises. Les autres collectivités de la métropole sont invitées à faire de même. « Le mémo indique le type de signalisation à mettre en place et l’arrêté type d’une réglementation marchandises », a précisé Martine Vazquez.
Prévoir des espaces logistiques en ville
En parallèle, un second groupe a travaillé sur l’intégration de la logistique dans les opérations d’aménagement. « La logistique est devenue une fonction urbaine incontournable dans nos villes mais elle est la grande absente dans nos programmations urbaines, a constaté Sonia Samadi, directrice du développement et de l’innovation chez l’aménageur Sogaris. Nous avons du mal accepter que les entrepôts reviennent en ville. Or, si l’on veut décongestionner l’espace public, il faut créer des espaces adaptés qui permettent d’internaliser les nuisances. De plus, l’horizon de la transition énergétique est paradoxalement beaucoup plus proche dans les échéances des collectivités que l’horizon de développement des projets urbains logistiques. »
Pour surmonter ces problèmes, les membres du pacte recommandent de travailler sur l’anticipation et la programmation : quelle est la taille et le type des espaces à développer ? Quel type de quartier peut accueillir quel type d’espace ? Quels seront les usages de demain afin d’assurer la réversibilité des quartiers ? Comment les évaluer et les contrôler ? Autre conseil : intégrer ces espaces à des stratégies économiques, énergétiques ou paysagères. « Par exemple, l’entrepôt urbain de Chapelle International accueille de l’agriculture urbaine sur 6 000 m2 en toiture », a illustré Sonia Samadi.
Un troisième groupe s’est d’ailleurs penché sur les possibilités de mutualisation de l’immobilier pour les pratiques logistiques, avec un partage de l’espace entre plusieurs activités logistiques ou avec d’autres fonctions. Un quatrième groupe a de son côté piloté un challenge sur sept semaines auprès d’habitants volontaires de la métropole, qui devaient relever quatre défis sur les thématiques du zéro déchet et de la modification de leurs pratiques de livraison.
Encourager le recours au fluvial
Autre réalisation du pacte : une étude de faisabilité a été réalisée pour le développement d’un outil numérique comparant transport fluvial et transport routier sur le territoire de la métropole. « Nous souhaitons maintenant engager la phase de développement de cet outil qui prendra la forme d’une plate-forme numérique de simulation, ouverte à tous, avec un comparatif des externalités négatives : bruit, accidentologie, émissions atmosphériques polluantes, temps de transport, voire coûts », a annoncé Antoine Berbain, directeur général d’Haropa-Ports de Paris.
Enfin, un sondage en ligne a été mené fin 2020 auprès de six établissements publics territoriaux (EPT) et trente communes de la métropole. Résultats : 80 % des répondants font état de nuisances générées par la logistique urbaine, en particulier des conflits d’usage liés au stationnement et des difficultés de circulation, ainsi que de la pollution sonore et atmosphérique. Pourtant, seules 35 % des communes ont un service dédié à la logistique urbaine (67 % des EPT) et 29 % disposent d’une réglementation marchandises sur leur territoire (33 % des EPT). Les répondants attendent avant tout un accompagnement de la métropole dans le cadre de la ZFE, ainsi qu’une aide à l’expérimentation de solutions logistique.
Un plan d’actions d’ici juin 2021
Prochaine étape : « Je souhaite désormais que ce pacte qui est théorique et regroupe un ensemble d’orientations puisse se décliner à travers des mesures concrètes dès juin prochain », a déclaré Patrick Ollier, président de la métropole du Grand Paris et maire de Rueil-Malmaison. Les futures expérimentations devrait concerner cinq axes : la transition énergétique des flottes, les pratiques de livraison innovantes, le transport par voie fluviale, l’immobilier logistique en zone dense et les données numériques.