
Sur ces 70 000 véhicules, les objectifs sont drastiques. « Nous ciblons 10 000 véhicules en moins d’ici 2013, tant pour les VP que les VU, soit une diminution de notre flotte de l’ordre de 15 % », souligne Jean-Pierre Sivignon, chef de la mission interministérielle en charge du parc automobile de l’État. Avec des impacts pas seulement économiques. « Nous avons prévu d’éliminer les modèles les plus anciens : ceux âgés de sept à neuf ans sont revendus et ceux de plus de neuf ans sont détruits. En conséquence, les véhicules les plus polluants quittent progressivement notre parc », reprend le responsable. Et les remplacements se font sur la base d’un véhicule neuf acheté pour deux anciens éliminés. Tous les nouveaux véhicules sont achetés auprès de l’Ugap, avec une gestion de la flotte externalisée auprès d’ALD Automotive d’ici fin 2011. Autre élément à prendre en compte : la circulaire du Premier Ministre, datée du 2 juillet 2010. Celle-ci joue un rôle déterminant dans le choix des véhicules qui ne doivent pas émettre plus de 120 g/km de CO2. « Pour les VP, nous ne sommes pas loin de ce chiffre. La grande majorité d’entre eux sont de petits modèles, comme des Clio ou des Twingo, et respectent cette limite sans problème. Les utilitaires ne sont pas concernés ».
La flotte de l’État en chiffres
• 70 000 véhicules dont 50 000 VP et 20 000 utilitaires légers
• Un coût annuel de 700 millions d’euros
Des émissions de CO2 particulièrement encadrées
Éventuellement, pour le haut de gamme, les services sont autorisés à déroger à ces 120 g, sans pour autant excéder une proportion de 15 % de leurs achats de l’année en cours, ni dépasser le seuil de 150 g. « À l’heure actuelle, nous nous situons en moyenne à 133 g pour les 14 000 véhicules d’ores et déjà entrés par ALD et 126 g pour les seuls VP. En 2012, les limites applicables resteront celles des seuils du bonus et du malus écologiques. Mais la tolérance vis-à-vis des dérogations ne sera plus que de 10 % », explique Jean-Pierre Sivignon. En parallèle, une évolution importante se déroule à l’échelle locale, avec un impact sur les flottes. Auparavant, chaque département comptait une vingtaine de services rattachés de façon très sectorisée à des ministères. « Nous sommes passés à une logique mutualisatrice, plus proche de l’usager et fondée sur les missions transversales de deux ou trois directions départementales interministérielles, rattachées aux services du Premier Ministre. Les parcs départementaux sont donc réorganisés en pools interministériels. Nous venons d’en achever le recensement avec 8 000 véhicules auxquels nous appliquerons le même objectif de réduction de 15 % ».
Un engagement pour acquérir 5 000 véhicules électriques
Se pose aujourd’hui la question de l’organisation et de la gestion de ces parcs d’une centaine à un millier de véhicules. Autre question prioritaire : comment l’électrique va-t-il s’inscrire dans cette mutualisation ? En effet, l’État s’est engagé à acquérir 5 000 modèles électriques dans les années à venir. Là encore, sera respecté le principe édicté par la circulaire du Premier Ministre, d’achats réalisés prioritairement en faveur de véhicules micro-urbains ou électriques. « Nous réfléchissons à notre stratégie autour de l’électrique, à l’échelle nationale mais aussi départementale ; la gestion de la contrainte, non négligeable, de la recharge ne sera pas oubliée. Et il n’est pas exclu qu’un marché doive être passé pour équiper de bornes les parkings de l’État ». Pour Jean-Pierre Sivignon, la mutualisation des parcs dans les départements offre une opportunité unique d’amorcer la réflexion sur l’électrique et même de reposer la question du rôle et l’usage des véhicules dans l’exercice des missions. « Nous pensons aussi à l’éco-conduite. Celle-ci fait partie d’un ensemble de problématiques annexes avec une réflexion qui s’engage aussi sur l’assurance ou la location courte durée, notamment utilisée pour suppléer aux véhicules roulant peu ou employés ponctuellement », conclut-il.
Des véhicules de fonction moins nombreux et plus petits
En respect de la circulaire du Premier Ministre évoquée ci-dessus, les quelques 2 000 véhicules de fonction employés par les services de l’État voient leurs critères d’attribution désormais plus sévèrement encadrés et font également l’objet d’une descente en gamme. « Ici encore, nous suivons les instructions du Premier ministre qui limitent l’attribution des véhicules du segment H1 aux seuls ministres et préfets, toutes les autres fonctions recourant aux segments inférieurs, M2 voire M1. Un exemple : les recteurs disposaient de 607 ou de C6, ils rouleront maintenant en Laguna. En revanche, pour les Clio, les Twingo, les 207 ou les Kangoo, qui correspondent à des véhicules de service souvent mutualisés, ce principe ne s’applique pas », détaille Jean-Pierre Sivignon.
Une gestion de flottes en pleine évolution
Avec l’externalisation de la gestion de flotte de l’État auprès d’ALD Automotive, l’outil informatique ALDnet a été mis en place. Avec, à la clé, des états périodiques de reporting techniques et financiers qui donnent aux services de nouveaux moyens d’accéder facilement et régulièrement aux informations détaillées sur leurs parcs. « Ces informations sont une véritable aide à la décision pour le gestionnaire de parc local qui dispose dorénavant des moyens d’agir plus efficacement qu’avant. Il peut, par exemple, décider en pleine connaissance de la fréquence du renouvellement de ses véhicules ou choisir de retirer ceux qui roulent peu. Mais cette aide à la décision ne sera pleinement utile et efficace que dans la mesure où nous aurons su faire émerger de nouvelles compétences.Ainsi, pour tirer tout le bénéfice de l’externalisation de la gestion de flotte et pérenniser les actions déployées dans le cadre de la mise en œuvre de la circulaire du Premier ministre, nous avons aussi engagé un travail d’identification de la fonction de gestionnaire de flotte », explique Jean-Pierre Sivignon.
Aujourd’hui, cette fonction n’existe pas encore mais demain, avec la constitution de parcs de plusieurs centaines de véhicules à l’échelle départementale et régionale, elle sera indispensable. « Notre objectif est de la faire officiellement reconnaître en l’inscrivant dans le répertoire interministériel des métiers de l’État (RIME) dès la fin de cette année ».
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