
Des stages d’éco-conduite pour les conducteurs de véhicules électriques ? Un comble, pourraient estimer ceux qui ne voient dans les « flottes vertes » qu’un simple effet de mode. « Avant la formation, nous étions sur une autonomie de 100 km par recharge, elle est passée à 140 km », répond aux sceptiques Guy Consumi, le chef du service parc automobile du conseil général des Yvelines où sont testées sept Renault Fluence Z.E. dans le cadre du projet Save. Cette formation d’éco-conduite d’un nouveau type démontre en tout cas que les gains d’une flotte verte peuvent toujours être optimisés.
Chez Allianz, la politique d’acquisition de...
Des stages d’éco-conduite pour les conducteurs de véhicules électriques ? Un comble, pourraient estimer ceux qui ne voient dans les « flottes vertes » qu’un simple effet de mode. « Avant la formation, nous étions sur une autonomie de 100 km par recharge, elle est passée à 140 km », répond aux sceptiques Guy Consumi, le chef du service parc automobile du conseil général des Yvelines où sont testées sept Renault Fluence Z.E. dans le cadre du projet Save. Cette formation d’éco-conduite d’un nouveau type démontre en tout cas que les gains d’une flotte verte peuvent toujours être optimisés.
Chez Allianz, la politique d’acquisition de véhicules hybrides est prolongée par des dispositions pour améliorer encore les performances du parc. Pour l’instant, l’entreprise limite les stages à deux projets pilotes qui comprennent trois niveaux de formation : présentiel, e-learning, similateur. « Avec un constructeur, nous avons prévu de l’éco-conduite adaptée à l’hybride pour faire chuter encore plus la consommation », indique-t-on chez l’assureur.
L’éco-conduite, une démarche valable sur la durée
Si peu d’entreprises ou de collectivités ont eu l’occasion de tester l’apport d’une formation de conduite pour des modèles électriques, elles sont déjà nombreuses à l’apprécier sur des véhicules plus classiques. À Bourges, ce sont 142 fonctionnaires qui ont effectué des stages d’éco-conduite. Difficile pour l’instant d’en apprécier les retombées sur les consommations, compte tenu de la nouveauté de cette formation. À la mairie de Levallois-Perret, en région parisienne, Sophie Deschiens, la maire adjoint déléguée à l’environnement, estime en revanche qu’une partie des 20 % d’économies dégagées sur le poste carburant ces deux dernières années est imputable à l’éco-conduite.
Mais pas de formation d’éco-conduite efficace sans « piqûres de rappel ». Chez LNC 360, une entreprise de logistique et de livraison basée en région parisienne, la direction a choisi d’encourager les conducteurs à garder leurs bons réflexes, avec à la clé une prime de 150 euros. Celle-ci est versée tous les six mois si la consommation du conducteur n’augmente pas. « L’éco-conduite fait aussi gagner sur l’entretien du véhicule, le renouvellement des pneus et sur l’assurance », justifie Éric Darras, le directeur de l’entreprise.
Vialis pratique l’éco-conduite sur des véhicules GNV
Basée à Colmar, la société Vialis se positionne d’emblée comme atypique. « Nous sommes un cas très particulier, prévient de fait Philippe Pivard, son directeur général. En temps qu’opérateur de gaz, nous employons le GNV pour nos véhicules depuis plus de quinze ans. » Dans cette entreprise alsacienne, sauf contre-indication technique, la plupart des 80 véhicules de la flotte, de la berline à la fourgonnette, roulent en effet au gaz.
Si cette utilisation constitue déjà un gain en termes de dépenses de carburant et de performances environnementales, elle n’empêche pas Vialis d’aller plus loin. À l’instar du conseil général des Yvelines, une formation d’éco-conduite est dispensée aux salariés roulants. « Depuis l’an passé, nous avons démarré un programme de formation qui va s’étaler sur trois ans », indique Philippe Pivard. Difficile pour l’instant d’en apprécier les retombées sur les comportements de conduite et les niveaux de consommation, admet Philippe Pivard. Mais pour le dirigeant qui a fait réaliser le bilan carbone de son entreprise l’an passé, cette formation se veut aussi un outil de sensibilisation des salariés aux questions d’environnement. Et un argument de communication pour Vialis dont l’activité consiste aussi à vendre des énergies vertes, comme l’alimentation en électricité issue de fermes éoliennes ou de parcs solaires…
Le véhicule vert, vecteur efficace de communication
Vecteur de l’image de marque, les flottes vertes ne laissent pas les entreprises indifférentes. Et c’est notamment cette préoccupation qui a poussé LNC 360 à travailler à l’amélioration des performances environnementales de son parc. Au début des années 90, le spécialiste de la logistique a choisi de promouvoir son image en sponsorisant une Formule Renault. La réaction perplexe de ses clients l’a poussé à changer son fusil d’épaule.
Outre qu’elle a reporté son budget de sponsoring sur un char à voile, la société a renouvelé sa politique d’achat de véhicules pour des modèles « qui consommaient le moins possible à performances égales », note Éric Darras. Une orientation devenue un impératif. « Cela correspond aussi à une demande des clients. Dans un appel d’offres, il y avait huit pages sur l’état de présentation du coursier. Il y a dix ans, c’était l’informatique qui importait et aujourd’hui, les demandes concernent toujours pour partie l’informatique (tracking des colis, remontées d’informations) et pour partie le développement durable », explique-t-il.
Des véhicules choisis en fonction de leur utilisation
LNC 360 dispose désormais d’une cinquantaine de véhicules choisis selon ces critères : une moitié de Renault Trafic et une autre de Kangoo et de Nissan NV200, ainsi que quelques Clio que complètent des deux-roues, des vélos et deux voitures électriques entrées dans le parc l’année dernière. Les modèles thermiques ont été choisis en fonction de leurs émissions de CO2 et en tenant compte de leur utilisation : principalement en zone urbaine. Cette politique a eu des retombées économiques : le responsable de LNC 360 estime qu’elle génère 15 % de gains sur la consommation de carburant par rapport à une flotte classique.
Améliorer son image, dégager des économies de dépenses sur la consommation, c’est aussi la démarche des collectivités. Celles-ci sont en partie guidées dans ces objectifs par les mesures légales : la loi sur l’air qui oblige à l’achat de véhicules propres à hauteur de 20 % du parc renouvelé ou la circulaire de l’ancien premier ministre qui a imposé, à l’État, de passer systématiquement les commandes de véhicules neufs avec des taux d’émissions sous les 120 g depuis 2011. D’autres collectivités sont aussi guidées par l’Agenda 21, avec à la clé une liste d’engagements parmi lesquels l’économie de CO2 figure en bonne place.
Des collectivités très à l’écoute de l’innovation
Pour certaines collectivités, l’orientation vers une flotte plus verte a de fait débuté bien avant les directives du ministère. Il est par exemple courant de trouver des voitures électriques d’ancienne génération dans les flottes municipales. À la mairie de Levallois-Perret, le parc de 2 000 véhicules compte environ 20 % de modèles verts à bi-carburation ou électriques, détaille Sophie Deschiens, la maire adjoint déléguée à l’environnement. Les premières, huit Saxo Citroën électriques, ont été intégrées il y a une dizaine d’années tandis que 25 véhicules au GNV ont été introduits il y a trois ans.
À la mairie de Bourges dans le Cher (18), on retrouve aussi des Saxo. Quatre ont rejoint la flotte dès la fin des années 90. La mairie a complété son effectif de véhicules verts courant 2007 avec des modèles roulant au GNV ; elle en compte maintenant 31 dans son parc. Dans les deux cas, les gains sont évidents sur la consommation de carburant. À Levallois, les véhicules électriques et au GNV – le GNV étant aussi employé pour les bus de transport en commun de la ville –, auraient généré un gain de 30 % sur les dépenses de carburant au cours des dix dernières années.
Autre initiative pour prolonger l’efficacité des flottes vertes, la mise en pool. Un fonctionnement que toutes les entreprises et collectivités n’ont pas la possibilité d’utiliser. Parfois en raison de spécificités techniques. Ainsi, les anciens modèles électriques se prêtaient difficilement au partage. « C’est compliqué en matière de gestion de la charge : plusieurs personnes sont tombées en panne et nous avons donc préféré affecter les véhicules à une seule personne », rappelle la chargée de mission à la direction écologie de la ville de Bourges, Anne Paepegaey.
La mise en pool pour réduire les coûts de la flotte
Parfois, ce sont des contraintes liées à l’activité qui limitent les possibilités de mise en pool : spécialisation des véhicules ou contraintes de disponibilité. « Ce qui fait la taille du parc, ce sont aussi les règles d’astreinte. Un salarié en astreinte et qui dort chez lui doit avoir sous la main un véhicule d’intervention », souligne Philippe Pivard, pour Vialis.
Ces obstacles n’ont toutefois pas empêché Vialis de mutualiser plusieurs véhicules dont les réservations s’effectuent grâce avec un système de badge et de clé gérés par un logiciel largement rentabilisé par les économies réalisées. « Avec les véhicules mis en libre-service depuis une quinzaine d’années, nous avons pu diminuer la flotte de 10 à 15 % », estime Philippe Pivard.
À Bourges, le choix a été fait de mettre en place ce système pour cinq véhicules de la flotte. Si la mise en pool n’a pas conduit à restreindre le nombre de véhicules, « il nous a permis d’éviter l’achat de modèles neufs et de stabiliser la taille du parc », constate Christian Auvens, directeur de l’atelier municipal. Pour verdir sa flotte, une autre piste à suivre reste la géolocalisation. Avec cet outil, il ne s’agit plus de mutualiser les véhicules mais bien leur activité en évitant de mobiliser plusieurs véhicules pour réaliser une tâche qui peut être remplie par un seul. C’est bien entendu dans les entreprises de livraison que cet outil est le plus sollicité. « Quand un client demande un transport, nous pouvons voir immédiatement le véhicule le mieux placé et le mieux adapté », détaille Éric Darras pour LNC 360. Pour cette entreprise de livraison, le dispositif génère une économie de carburant de 10 %, indique le responsable, grâce à une meilleure gestion des déplacements.
Mais dans nombre d’entreprises, la diffusion de la géolocalisation se heurte souvent aux réticences des salariés à voir leurs trajets suivis. Pourtant, d’autres justifications pourraient bientôt ouvrir les portes des entreprises à cet outil. Allianz teste, sur une partie de sa flotte, un « boîtier télématique » qui assure les appels de sécurité : e call pour les appels automatiques en cas d’accidents, b call en cas de panne, ainsi que les alertes vols.
Baisser la facture de carburant avec la géolocalisation
Mais ce boîtier offre aussi d’assurer le suivi de consommation du véhicule. Un recueil de données qui pourrait « démontrer la valeur économique de son utilisation », avance-t-on chez l’assureur… qui réfléchit à inciter ses clients à y recourir. « Nous employons notre flotte comme un laboratoire d’essai et capitalisons sur cette expérience dans le cadre de nos contrats de flottes automobiles », décrit Marie-Cécile Lebard, directrice du développement durable de l’assureur. Une piste à suivre.
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