
La crise sanitaire a bouleversé les habitudes de déplacement des salariés des entreprises. Cela concerne aussi bien leurs trajets domicile-travail que leurs trajets professionnels. De manière ponctuelle avec des confinements successifs. Mais aussi sur le long terme, en participant à ancrer des habitudes comme le télétravail ou la visioconférence. « Le télétravail se maintient à un niveau élevé en Île-de-France, valide William Rosenfeld, directeur général et fondateur de Zenpark, une application de réservation et de location de parking. Entre janvier et juin 2021, on a constaté au quotidien une moyenne de 50 à 60 % de télétravailleurs, contre...
La crise sanitaire a bouleversé les habitudes de déplacement des salariés des entreprises. Cela concerne aussi bien leurs trajets domicile-travail que leurs trajets professionnels. De manière ponctuelle avec des confinements successifs. Mais aussi sur le long terme, en participant à ancrer des habitudes comme le télétravail ou la visioconférence. « Le télétravail se maintient à un niveau élevé en Île-de-France, valide William Rosenfeld, directeur général et fondateur de Zenpark, une application de réservation et de location de parking. Entre janvier et juin 2021, on a constaté au quotidien une moyenne de 50 à 60 % de télétravailleurs, contre 20 % auparavant. »
Ces nouveaux comportements se répercutent sur la gestion de flotte. Ainsi les responsables de parc revoient les lois de roulage de leurs contrats de location. Et s’interrogent même sur l’utilité de certains véhicules. En outre, poussés par la loi d’orientation des mobilités (LOM) et la mise en place des ZFE-m, ces gestionnaires réévaluent les car policies. Ils optent ainsi pour des modèles plus petits, des motorisations moins puissantes et toujours moins émettrices…
Du télétravail au parking
Mais ces évolutions ne vont pas sans répercussions sur des postes annexes à la flotte, comme les parkings. « Avec des taux d’utilisation des parkings qui ont chuté pendant la crise sanitaire, les entreprises ont étudié la façon dont les places étaient effectivement employées », résume Stéphane Seigneurin, directeur général de Sharvy, ex MyCarSpot, une application destinée à la gestion des espaces en entreprise : bureaux, cantines ou parkings.
En parallèle, le système des badges de parking distribués en fonction du nombre de places et des positions hiérarchiques des salariés tend à disparaître. « Les entreprises ont pu constater que les managers détenteurs d’un parking réservé par acquis social, au même titre que la voiture de fonction, n’étaient pas ceux qui en avaient le plus besoin », reprend Stéphane Seigneurin. Dans la plupart des entreprises en effet, ces salariés peuvent travailler à distance. Ils peuvent donc laisser leur parking à des salariés dont la présence dans les locaux reste indispensable.
Fortes de ce constat, nombre d’entreprises ont fait évoluer leurs modèles de gestion des espaces de stationnement. Plutôt qu’un système d’attribution figé devenu obsolète, elles ouvrent l’accès des places aux salariés les plus susceptibles d’en avoir besoin. Dans ce contexte, certaines se tournent vers des applications spécifiques, comme Sharvy ou Zenpark. Ces applications permettent optimiser ce nouveau mode d’occupation. Elles attribuent des parkings en fonction de critères déterminés en amont.
Des places pour qui ?
Engie à Lyon, a complètement révisé le fonctionnement de l’attribution des parkings. Cela fait suite au regroupement des activités lyonnaises de l’énergéticien sur un seul site. Désormais donc, plus de privilèges d’accès selon le statut ou le service d’appartenance. Mais un parking accessible à tous. « Auparavant, c’était un privilège de bénéficier d’une place. Dorénavant, c’est un droit lié au badge de l’entreprise. Chaque personne qui en possède un et qui vient même très occasionnellement en voiture sur le site peut y accéder », expose Guillaume Normand, responsable projet d’Engie à Lyon.
« Nous voulions faire table rase de tout cela et appliquer un principe de foisonnement », poursuit ce responsable. Et ce principe s’applique à toutes les places, y compris à celles réservées pour les véhicules électriques. « Notre flotte s’électrifie. Nous avons en outre installé quarante bornes de recharge dans le parking du bâtiment. Les conducteurs de ces véhicules ont donc des droits spécifiques. Mais sinon, il n’y a plus de priorité ou de places réservées pour tel ou tel service ou personne », conclut Guillaume Normand.
Des voitures et des bornes
De fait, dans les entreprises, le mode de gestion des parkings doit aussi tenir compte du nombre croissant de véhicules « verts ». Dans le cas des véhicules électriques, le système de réservation doit logiquement faire correspondre les places équipées de bornes de recharge avec les véhicules qui en ont besoin. Mais ce dispositif ne doit pas être figé. « Des entreprises nous expliquent qu’elles ont l’obligation par la LOM de renouveler 10 % de leur parc en véhicules électrifiés. Mais elles ne souhaitent pas pour autant mettre une borne pour chaque véhicule dans les parkings », pointe William Rosenfeld de Zenpark.
Ce déséquilibre entre le nombre de véhicules électriques et le nombre de bornes résulte le plus souvent d’un arbitrage économique. Locataires de leurs bâtiments, les entreprises ne veulent pas nécessairement investir dans un équipement pour lequel elles ne peuvent anticiper un amortissement sur le long terme. Les éditeurs d’applications proposent donc des fonctionnalités. Celles-ci permettent de gérer la pénurie de places équipées de bornes.
« Nous n’avions pas anticipé une demande aussi forte de la part des entreprises pour ce dispositif, relate William Rosenfeld de Zenpark. La borne peut donc se réserver comme une sorte de station-service au sein du parking. » Ces systèmes de partage des places se font d’autant plus incontournables quand il s’agit de places équipées de super chargeurs. « Des clients nous demandent aussi la possibilité de signaler aux conducteurs que leurs véhicules sont chargés. Cela permet de laisser le parking à un autre utilisateur », ajoute Stéphane Seigneurin pour Sharvy.
Pour les éditeurs d’applications de gestion des places de parking, pas question pour autant de se substituer aux opérateurs de bornes. Ces opérateurs commercialisent eux aussi, auprès des usagers, des instruments d’information sur l’état de charge de leurs bornes. « Notre outil ne fait pas doublon avec celui de ces opérateurs, souligne Stéphane Seigneurin. Notre rôle est de fournir des données sur la fréquentation de l’ensemble des bornes du parking. »
Optimiser les places
À l’inverse, les applications peuvent aider à gérer l’occupation d’un nombre trop important de places équipées de bornes. « Dans certaines entreprises, la transition de la flotte n’est pas encore au niveau de l’installation en recharge des parkings, poursuit Stéphane Seigneurin. Nous avons donc défini des fonctionnalités pour que le gestionnaire puisse autoriser l’utilisation en dernière minute de ces places par les véhicules thermiques. »
Autres véhicules à bénéficier souvent de places prioritaires, ceux des covoitureurs. Récemment, Sharvy a développé un partenariat avec Karos, une application spécialisée dans le covoiturage. En interfaçant les deux applications, le but est de réserver la place sur la base d’un covoiturage effectivement réalisé. Il ne s’agit donc plus seulement du déclaratif.
Cette gestion efficiente des parkings se veut d’autant plus incontournable que les contingents de places vont généralement en se réduisant. En effet, les éditeurs d’applications sont souvent sollicités par des entreprises qui regroupent les personnels de différentes entités sur un seul site. Ces entreprises ne disposent plus d’un nombre suffisant de places pour satisfaire la demande. Pour y répondre, les entreprises cherchent à l’extérieur de leurs locaux des places qu’elles louent. Deux situations se présentent alors. Les salariés sont orientés vers des parkings payants à proximité ou vers des places attribuées à d’autres sociétés sur le même site.
La solution du partage
Les éditeurs d’applications commercialisent d’ailleurs des solutions pour gérer la fréquentation de ces parkings déportés. « Pour un client qui avait besoin de 120 places supplémentaires, nous avons trouvé un exploitant proche qui offrait seulement soixante places. Nous en avons optimisé la fréquentation avec notre solution », illustre William Rosenfeld pour Zenpark. Mais quand plusieurs sociétés partagent les parkings d’un site, la gestion se révèle plus complexe. Elle doit en effet prendre en compte les niveaux d’autorisation selon les entreprises concernées. L’une peut avoir des places réservées à des catégories de personnel et pas une autre. Dans ces différents cas de figure, l’efficience des applications va de pair avec une sophistication croissance des outils employés.
Chez Sharvy par exemple : « Notre application peut s’interfacer avec des caméras depuis environ 18 mois. Soit le client ne dispose pas de caméras et nous lui en proposons. Soit il existe déjà un système avec lequel nous nous connectons. La lecture des plaques d’immatriculation transmet alors en temps réel les accès aux voitures autorisées », détaille Stéphane Seigneurin pour Sharvy. Avec cet interfaçage, il est aussi possible de remonter en temps réel les informations sur l’utilisation des places de parking, « pour savoir si les personnes qui les ont réservées les occupent effectivement », reprend Stéphane Seigneurin. Cette remontée d’informations en direct aide aussi à contrôler que des véhicules non autorisés n’occupent pas de places. Elle sert aussi à identifier des espaces restés libres pour les attribuer.
Des coûts à optimiser
Autant d’outils qui contribuent à optimiser les emplacements de parking, mais aussi leur coût. « Le loyer d’une place peut atteindre de 100 à 300 euros par mois. S’ajoute également le coût d’une location des places à l’extérieur chez un opérateur privé », rappelle William Rosenfeld de Zenpark. Cette application s’est d’ailleurs rapprochée d’Indigo pour ouvrir aux entreprises utilisatrices l’accès aux parkings de cet exploitant. Un potentiel dont les salariés pourraient bénéficier lors de leurs trajets. Mais pourquoi pas aussi en appoint sur le site de leur entreprise. « Nous réfléchissons à des offres à des prix dégressifs en fonction des volumes horaires de réservation dans ces parkings pour les entreprises », complète le responsable de Zenpark. Des outils qui pourraient aussi participer à mieux maîtriser ce poste de dépenses. Des dépenses que les gestionnaires avisés incluent dans le TCO de la flotte.
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